L'évaluation des politiques publiques urbaines. - Centre de ...

TERRITORIALISATION ET EVALUATION
DES POLITIQUES PUBLIQUES
Au début des années 80, cependant, cette démarche ne constituait pas une absolue
nouveauté et n’était pas le simple produit d’une quelconque idéologie managériale. Les Etats-
Unis avaient montré le chemin avec des méthodes expérimentales qui ont été plus ou moins
transposées et adaptées en France. Par ailleurs, la montée en puissance de la Communauté
- puis de l’Union - européenne, la croissance du budget communautaire et le poids croissant
des pays plus ouverts aux traditions anglo-saxonnes se sont traduites par l’accroissement
des financements alloués aux Etats membres et surtout directement aux collectivités
territoriales, avec obligation de mettre en place des dispositifs d’évaluation adéquats.
On constate un développement particulièrement fort de l’évaluation au niveau territorial, tant
sous la pression des Contrats de Plan que des programmes structurels européens.
Eric Monnier (Centre d’études économiques d’entreprises C3E) et Jean-Claude Barbier
(Centre d’études de l’emploi) ont réalisé, pour la Commission européenne, un état des lieux
de l’évaluation des interventions structurelles dans les quinze Etats membres. Ils constatent
que « Dans les pays nordiques, aux Pays-Bas, en Irlande et au Royaume-Uni, les rapports
d’évaluation, souvent rendus publics, sont utilisés dans le cadre de négociations politiques
entre les différents niveaux politiques (législatif, exécutif) et entre les acteurs nationaux et
régionaux ». Ces chercheurs insistent sur la nécessité d’engager des démarches auprès
du public et des corps intermédiaires pour qu’ils s’approprient les travaux réalisés.
Jean-Pierre Nioche (professeur à HEC et auteur en 1983 du premier bilan sur l’évaluation en
France) souligne, pour sa part, que « La France est le pays où les évaluations sont les plus
nombreuses (mais il insiste sur la nécessité de) susciter une demande d’évaluation non plus
seulement institutionnelle, mais sociale. Comme en Suède, au Danemark, au Canada, il faut
développer des relais, de façon à ce que l’évaluation concerne les citoyens ». C’est bien là
une question clé de l’évaluation.
En matière de politiques emploi-formation, par exemple, François Bouyard (DARES,
ministère de l’Emploi et de la solidarité) souligne que l’attention est portée principalement sur
le critère de retour ou d’accès à l’emploi, et qu’ainsi « on fait l’impasse sur d’autres finalités,
notamment les objectifs propres des acteurs. Avoir un emploi proche de sa zone d’habitation,
disposer de davantage de temps libre peut être une motivation des bénéficiaires des
dispositifs. En se centrant sur le retour à l’emploi, on s’interroge également peu sur les
modes de gestion des entreprises ».
Il existe différentes méthodologies d’évaluation, mieux adaptées à tel ou tel secteur
ou domaine de politique publique, mais toutes doivent répondre à la nécessité de
nourrir un processus d’évolution et de décision concertée en produisant trois
retombées concrètes : le diagnostic, l’analyse, les recommandations. Il s’agit toujours
de bien savoir ce que l’on cherche, de se placer dans une attitude de disponibilité permettant
de bien comprendre une situation, d’assimiler les causes d’un problème, de saisir les pistes
porteuses d’une nouvelle décision.
Au terme d’une évaluation :
- ses protagonistes devraient toujours se sentir mieux informés, mieux préparés à des
évolutions, plus conscients des enjeux et des contraintes, mieux préparés aux négociations à
venir,
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