Il est exact que, quand cette première étape a été accomplie, que nous sommes adhésionet conscience parfaite de ce monde changeant, celui-ci apparaît sous un jour nouveau. Il apparaîtréellement comme l’expression changeante d’une réalité non changeante, comme l’expressionmultiple d’une réalité non multiple. Nous sommes dans <strong>la</strong> situation <strong>du</strong> spectateurd’un film qui, tout en voyant le film, serait en même temps conscient de l’écran immuable etinaffecté, grâce auquel le film prend forme.C’est une question de dép<strong>la</strong>cement de <strong>la</strong> conscience. Parfois, <strong>la</strong> conscience est entièrementdans le film, mais c’est avec <strong>la</strong> certitude inoubliable qu’il s’agit d’un film et que l’écranest là, derrière les images. Ce qui change tout. Il n’y a plus d’émotion possible dans cesconditions. Parfois, un léger dép<strong>la</strong>cement de l’attention fait percevoir le film avec l’écranderrière, et parfois l’écran seulement, c’est-à-dire uniquement l’aspect brahman de <strong>la</strong> réalité,puisqu’il est dit : sarvam kalvidam brahman, « Tout l’univers est brahman ». La consciencepeut aussi voir vraiment, complètement, cet univers multiple, mais à partir d’une expérienceinoubliable, qui ne pourra jamais être mise en question, et qui est toujours prête à se manifesterà volonté ; c’est-à-dire <strong>la</strong> vision de l’écran. La conscience a <strong>la</strong> possibilité d’évoluer librementdans ces p<strong>la</strong>ns. De toute façon, <strong>la</strong> vision <strong>du</strong> monde est changée. Prenez les sages lesplus illustres, ceux dont on vous affirmera avec le plus de certitude qu’ils vivent sur le p<strong>la</strong>n deconscience <strong>du</strong> brahman, de l’atman, qu’ils ont réalisé le <strong>Soi</strong> : d’un certain point de vue, nouspouvons bien être d’accord qu’ils ont aussi accès à ce monde phénoménal, puisqu’ils appellentles gens par leurs noms, ils leur adressent <strong>la</strong> parole : – « Vous avez l’air un peu fatiguéaujourd’hui, est-ce que ça ne va pas ? » absolument comme tout le monde. Quand Shankaradit que lorsque l’on a perçu le brahman, on n’aperçoit plus ce monde qui s’est évanouicomme une illusion, ce<strong>la</strong> signifie qu’on ne peut plus percevoir ce monde comme on le percevaitavant.Le chemin n’est possible que d’instant en instant, ici et maintenant, comme vous l’avezlu partout ; juste ici et juste maintenant. Je ne peux pas avoir d’autres points d’appui. Pourreprendre <strong>la</strong> comparaison <strong>du</strong> voyage en Inde par <strong>la</strong> route, que je prends souvent en connaissancede cause, tout le chemin se fait de cinq centimètres en cinq centimètres, c’est-à-direles cinq centimètres par lesquels le pneu appuie sur <strong>la</strong> route. Par conséquent, si je fais 10 000kilomètres pour aller de Paris à Bénarès, ces 10 000 kilomètres se font de cinq centimètresen cinq centimètres. La même voiture, qui est garée rue Soufflot, à Paris, sera garée au fondde Bénarès, près de l’ashram de Mâ Anandamayi, <strong>la</strong> même voiture qui a parcouru sans autresolution de continuité que le Bosphore les 10 000 kilomètres qui séparent Paris de Bénarès.Les 10 000 kilomètres de routes françaises, suisses, italiennes, yougos<strong>la</strong>ves, bulgares, turques,iraniennes, afghanes, pakistanaises et indiennes. De <strong>la</strong> même façon, le chemin qui vade l’irréel au réel, <strong>du</strong> non-vrai au vrai et de <strong>la</strong> mort à l’immortalité, se fait de cinq centimètresen cinq centimètres, de cinq secondes en cinq secondes, d’une seconde en une seconde,en prenant appui sur l’instant vécu.À partir de maintenant, tout est le chemin, et chaque fois que je décroche de ce qui est,c’est comme si <strong>la</strong> voiture dérapait ou patinait, que les roues n’adhéraient plus à <strong>la</strong> route. Lavoiture ne continue pas à progresser. C’est dans cette adhésion à <strong>la</strong> réalité que je fais le chemincomme <strong>la</strong> voiture adhère à <strong>la</strong> route. Nous voulons des pneus qui adhèrent à <strong>la</strong> routepour pouvoir avancer, et nous, nous devons adhérer à <strong>la</strong> réalité pour pouvoir avancer aussi.Quand nous patinons, nous continuons d’exister, c’est-à-dire que nous nous marions, nousdivorçons, nous allons au restaurant, nous concluons des affaires, mais nous ne progressons100
plus sur le chemin qui va <strong>du</strong> sommeil à l’éveil, de l’ignorance à <strong>la</strong> connaissance, de <strong>la</strong> multiplicitéà l’unité, de l’inquiétude et <strong>du</strong> conflit à <strong>la</strong> paix et à <strong>la</strong> sérénité.De seconde en seconde. La seconde est faite de ce qui est là. Si je décroche, c’est exactementcomme si, en voiture, je dérapais sur <strong>du</strong> verg<strong>la</strong>s. Fini le voyage, je n’adhère plus. Adhérezà <strong>la</strong> réalité <strong>du</strong> monde phénoménal, comme vous voulez que vos voitures adhèrent à <strong>la</strong>route avec de beaux dessins de pneus tout neufs. Et voyez, comment, sans arrêt, vous cessezd’adhérer. Supposez que quelqu’un vous regarde de travers. Vous n’adhérez plus. Pourquoiest-ce qu’il me regarde comme ça ? Un autre vous regarde. Qu’est-ce qu’il a à rire, celui-là ?Et chaque fois, je cesse d’adhérer. J’entre dans <strong>la</strong> chambre. J’ai <strong>la</strong>issé le radiateur allumé,alors que je vou<strong>la</strong>is l’éteindre. Quelle chaleur !... Je n’adhère plus. Ou, au contraire, j’ai oubliéd’allumer le radiateur. Quel froid !... Je n’adhère plus. Le chemin s’arrête. Je cesse deprogresser. Cette comparaison de <strong>la</strong> route est très connue. Mâ Anandamayi parle des « Pèlerinssur le chemin de l’immortalité ». C’est parce que j’ai eu l’occasion de faire tant de voyagesque le symbole <strong>du</strong> chemin a été très éloquent pour moi, et que j’ai appelé certains livresLes Chemins de <strong>la</strong> sagesse. Le mot très concret qui signifie « rue » en Inde, marg, signifiaitdéjà « chemin spirituel », il y a deux mille ans. Au lieu de dire bhakti <strong>yoga</strong>, on dit bhagtimarg, le chemin de <strong>la</strong> bhakti. La voie, c’est bien le même mot aussi, c’est le chemin, et unchemin ne peut se parcourir qu’en y adhérant. Quand il n’y avait pas de voiture et qu’onmarchait à pied, on mettait des clous aux chaussures pour ne pas glisser sur le verg<strong>la</strong>s. C’est<strong>la</strong> même chose. Les pieds adhèrent au sol et poussent le sol en arrière pour propulser le marcheurvers l’avant.Adhérez à ce qui est, au lieu de chercher sans arrêt un état de calme, de sérénité, quivous échappe tout le temps, parce que le courant de <strong>la</strong> vie continue à vous emporter sansarrêt et que vous n’adhérez plus. Chercher <strong>la</strong> paix en soi en restant dans le conflit à l’extérieurde soi, c’est impossible. Il faut une fois pour toutes vivre réconcilié avec ce monde. Ce<strong>la</strong>n’exclut pas l’action. Je rentre dans ma chambre : elle est g<strong>la</strong>cée. Tout de suite, j’adhère. Jesuis absolument d’accord pour qu’elle soit g<strong>la</strong>cée. Comme les pneus adhèrent à <strong>la</strong> route, moij’adhère au fait que <strong>la</strong> chambre soit g<strong>la</strong>cée. Alors, je peux ouvrir le radiateur, mettre unchandail de plus, rajouter une couverture à mon lit ; toutes sortes d’actions me sont possibles.Mais sur <strong>la</strong> base de l’accord et non pas <strong>du</strong> conflit. C’est très simple, ainsi exprimé. Maispourquoi ne le met-on jamais en pratique ?Adhérez même complètement au fait que les autres aient toute <strong>la</strong> journée l’attitudecontraire et critiquent tout. Si vous pensez que les autres ne devraient pas faire le contrairetoute <strong>la</strong> journée, vous retournez dans votre monde, vous n’êtes plus dans le monde, vousn’adhérez plus. L’acceptation des incidents matériels est plus facile que l’acceptation <strong>du</strong>comportement des êtres humains. Je presse l’interrupteur, <strong>la</strong> <strong>la</strong>mpe ne s’allume pas ; est-ce lefusible ? L’ampoule ?... Toujours est-il que je manœuvre l’interrupteur et que <strong>la</strong> lumière nes’allume pas. Au lieu de refuser, j’adhère, je dis oui, <strong>la</strong> lumière ne s’allume pas. D’accord. Etmaintenant, je prends ma <strong>la</strong>mpe de poche, je vais changer le fusible, vérifier l’ampoule. Maisil reste que le plus difficile, c’est d’accepter le comportement des autres.Si vous ne voulez vraiment plus faire comme les autres, acceptez-les tels qu’ils sont.Parce que personne n’accepte personne, sauf quand ce<strong>la</strong> nous convient. Croyez-vous qu’il estfacile pour une femme d’accepter son mari vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pour unmari d’accepter sa femme vingt-quatre heures sur vingt-quatre aussi ? Pour une mère, d’accepterses enfants et pour des collègues de bureau, d’accepter leurs collègues de bureau, leurs101
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