Ce qui est saisissant, c’est que tant d’êtres humains aient accompli leur existence entièresans avoir jamais réfléchi aux vérités toutes simples dont je suis en train de parler en ce moment,et se soient <strong>la</strong>issé entraîner, emportés dans le torrent de l’action et de <strong>la</strong> réaction, sansjamais s’être arrêtés un moment et avoir pris <strong>la</strong> peine de voir et de réfléchir : « Où ce<strong>la</strong> m’a-tilmené ? Est-ce que vraiment je suis dans <strong>la</strong> paix ? Est-ce que vraiment je suis dans <strong>la</strong> sérénité,dans <strong>la</strong> joie qui demeure ? Non ». Alors vais-je continuer, de <strong>la</strong> même façon, ce qui nem’a pas réussi pendant dix ans, ce qui ne m’a pas réussi pendant vingt ans, ce qui ne m’a pasréussi pendant trente ans, vais-je continuer, agir aveuglément sans savoir pourquoi j’agis,sans savoir quelles seront les conséquences de mes actions, et faire tout le temps de nouvelles« dettes » ? Un retournement complet d’attitude devient possible mais qui est lié à tout lereste <strong>du</strong> chemin. Vous ne pouvez pas changer complètement votre comportement vis-à-visde l’action, si vous ne comprenez pas en même temps comment fonctionne le désir, <strong>la</strong> peur,comment apparaissent les émotions, comment subsiste et même se renforce cette consciencede l’ego, « moi » séparé de tout le reste, menacé par ceci ou protégé par ce<strong>la</strong>. On est toujoursramené à <strong>la</strong> question fondamentale de <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité et de <strong>la</strong> non-<strong>du</strong>alité, et à <strong>la</strong> connaissance desoi, <strong>la</strong> vraie conscience de soi, c’est-à-dire « je suis » par rapport à tout ce qui conditionne,limite, emprisonne ce « je suis ». « Je suis » s’arrête ici et, après, ce<strong>la</strong> n’est plus moi et ce nonmoiqui apparaît, qui se dresse en face de moi, va m’être favorable ou défavorable. C’est surcette base que nous agissons et c’est cette base-là, elle-même, qui peut être changée et transformée.Vous pouvez comprendre que l’action a pour but de vous faire trouver le bonheur ou <strong>la</strong> paix,que l’action telle qu’elle a été menée aujourd’hui ne vous a pas donné le bonheur et que cebonheur, cette plénitude et cette sérénité ne peuvent être trouvés que dans une autre direction.Les actions ordinaires, non conscientes, de celui qui n’a jamais enten<strong>du</strong> parler d’une disciplinespirituelle, ont toujours pour but d’avoir ou d’éviter d’avoir, et uniquement d’avoir oud’éviter d’avoir. Regardez, observez, prenez des exemples courants. Le chemin commence làoù chacun de vous se trouve situé et pas directement à un niveau très élevé. Observez autourde vous, observez en vous. Toutes les actions ordinaires ont pour but d’avoir ou de ne pasavoir quelque chose, mais il y a un autre type d’action que les êtres humains ordinaires n’entreprennentpas. Ce sont les actions qui relèvent non plus de l’avoir mais de l’être, qui vontvous permettre de libérer peu à peu votre être de <strong>la</strong> nécessité d’avoir ou ne pas avoir, d’avoirce que vous aimez et de ne pas avoir ce que vous n’aimez pas. Je dis bien un nouveau typed’actions qui vont permettre peu à peu de libérer votre être de <strong>la</strong> nécessité d’avoir. Je ne dispas d’actions qui vont vous permettre « d’être » parce qu’il pourrait y avoir tout de suite ungrave malenten<strong>du</strong> ; des actions qui vont me permettre d’être plus intelligent, d’être plus instruit,d’être plus harmonieux, d’être plus efficace, ce<strong>la</strong> relève toujours de l’avoir. Ne serait-ceque d’avoir des résultats. Je parle d’actions d’un type très particulier qui, peu à peu, permettrontde libérer <strong>la</strong> conscience d’être de <strong>la</strong> nécessité d’avoir et de <strong>la</strong> peur de ne pas avoir.« Être », au vrai sens, au sens traditionnel <strong>du</strong> mot, c’est être libre d’avoir, libre <strong>du</strong> désird’avoir, de quelque avoir qu’il s’agisse, matériel, mental, émotionnel, intellectuel et mêmespirituel. Mais – c’est <strong>la</strong> règle <strong>du</strong> jeu, c’est ainsi – cette liberté n’est pas donnée immédiatementà l’être humain. Ce qu’on appelle en Inde « sadhana » est un nouveau type d’action,d’action consciente, reposant sur des fondations autres que <strong>la</strong> réaction, <strong>la</strong> crainte, le désir etles émotions. C’est une possibilité de liberté qui s’est transmise de génération en générationmais qui se gagne selon des connaissances bien prouvées, bien confirmées. Il n’y a rien de140
flou, d’arbitraire, ni de subjectif là-dedans. Il s’agit vraiment d’une connaissance, d’unescience, transmise généralement de maître à disciple.Peu à peu, l’action va changer, devenir de moins en moins l’expression de motivationssubjectives, devenir de plus en plus impersonnelle. Et c’est dans cette impersonnalité de l’action– l’action juste – que se trouve notre garantie de bonheur. J’emploie très à dessein cemot « bonheur », qui peut être un bonheur profane, c’est-à-dire un bonheur instable, menacé,jamais satisfaisant, ou qui peut être cet ananda, cette félicité ou cette béatitude, que promettenttous les enseignements spirituels.Avant de chercher à deviner en quoi pourrait consister l’action <strong>du</strong> sage « libéré », il fautd’abord que vous regardiez courageusement en quoi consistent les actions ordinaires et perdiezà cet égard une illusion qui, pour être bien partagée, n’en est pas moins tragique. L’actionordinaire, dont se contente <strong>la</strong> presque totalité des gens, est une action de marionnette.Vous vous attribuez – et vous attribuez aux autres – une liberté qui n’existe pas. Si vous levoyez et le reconnaissez, vous pourrez commencer à comprendre ce que les hindous appellentle dharma, <strong>la</strong> loi universelle, l’ordre juste, cosmique ou humain, auquel les êtres non encore« libérés » ont tout intérêt à soumettre leur comportement. Et vous pourrez peut-êtrecommencer à entrevoir comment il est possible de s’affranchir ensuite <strong>du</strong> dharma et, parl’effacement total de l’ego, devenir à soi-même sa propre loi.Avant d’acquérir des idées justes, il faut d’abord accepter de mettre en question un certainnombre de fausses certitudes. Il faut perdre beaucoup de croyances erronées en ce quiconcerne <strong>la</strong> capacité des hommes à agir librement.Vous serez d’autant mieux en mesure de comprendre le mot « libération » que vous regarderezen face une vérité inadmissible pour l’ego : le déterminisme, l’absence de liberté,l’enchaînement imp<strong>la</strong>cable des causes et des effets. Il pleut aujourd’hui sur l’Auvergne parcequ’il ne pouvait pas ne pas pleuvoir et chacun de vous est ici, ce soir, à m’écouter parce qu’ilne pouvait pas ne pas être là.Quand une vérité est vraiment importante, il faut accepter que vous ne puissiez pas <strong>la</strong>comprendre tout de suite. Nous avons l’habitude, quand nous avons étudié quelque chose,d’être satisfaits si nous avons compris ce qui nous a été dit, compris l’addition, les fractions,ou ax 2 + bx + c, et nous pouvons passer à l’étape suivante. Mais en vérité, quand on abordeun enseignement ésotérique, il faut au contraire admettre que l’on ne comprendra que peu àpeu, à travers les mois et les années. Il faut recevoir certaines vérités et se dire : « Je ne lescomprends pas, je ne peux pas les comprendre aujourd’hui, je les garde en réserve et, à mesureque je vais me transformer intérieurement, je vais les comprendre de mieux en mieux. »L’enseignement traditionnel est très c<strong>la</strong>ir, très net : le but, c’est <strong>la</strong> « libération ». Parconséquent, on n’est pas libre. En tant qu’atman, l’homme est libre et il a donc une possibilitéde se libérer ; hormis cette possibilité de se libérer, de donner un sens à l’existence humaine,de faire de l’homme un être conscient, éveillé, il n’y a pas de liberté. L’homme quin’est pas libéré, n’est pas libre <strong>du</strong> tout. L’enseignement oriental est catégorique : « Ce quidoit arriver arrivera quoi que vous fassiez pour que ce<strong>la</strong> n’arrive pas et ce qui ne doit pas arrivern’arrivera pas, quoi que vous fassiez pour que ce<strong>la</strong> arrive. » Quand le courant de <strong>la</strong> Manifestationet vos désirs coïncident, vous avez l’impression que vous avez librement réussi dansune entreprise ; vous oubliez le nombre d’occasions où vous n’avez pas réussi. Il y a des chaînesde causes et d’effets que rien ne peut briser arbitrairement. Toute cause pro<strong>du</strong>it un effet,toute action soulève une réaction. L’univers forme un « Tout » (cosmos) dans le temps et141
- Page 2 and 3:
ARNAUD DESJARDINSAdhyatma yogaÀ la
- Page 5:
À mon tour j’ai tenté de retran
- Page 8 and 9:
cette relation, la deviner ou la co
- Page 10 and 11:
de la mission du Christ sur terre a
- Page 13 and 14:
Autrefois, le gourou avait pour rô
- Page 15 and 16:
L’éducation, ce n’est pas l’
- Page 17 and 18:
vous trouvez l’égalité d’hume
- Page 19 and 20:
Mais, parce que le plus souvent - e
- Page 21 and 22:
tantra, le fait de dépendre d’un
- Page 23 and 24:
tier..., des responsabilités... Si
- Page 25 and 26:
lui faisait toujours déplacer une
- Page 27 and 28:
tage, mais elle est encore plus dif
- Page 29 and 30:
damayi. Alors, comment est-ce que j
- Page 31 and 32:
DEUXLes revêtements du « Soi »L
- Page 33 and 34:
vêtements. D’un certain point de
- Page 35 and 36:
m’appelle : « Où es-tu ? » et
- Page 37 and 38:
dormir), s’accoupler (ou chercher
- Page 39 and 40:
que d’un physicien américain ath
- Page 41 and 42:
transcend body consciousness, ou to
- Page 43 and 44:
commencer à contrôler la circulat
- Page 45 and 46:
mis ; celui qui, si je puis dire,
- Page 47 and 48:
condition humaine dans l’illimit
- Page 49 and 50:
trace de conscience personnelle dis
- Page 51 and 52:
ien que des maîtres du bouddhisme
- Page 53 and 54:
ticulière : monsieur ou madame Unt
- Page 55 and 56:
Me voilà sous le visage de Christi
- Page 57 and 58:
le pronom masculin, Cela désignera
- Page 59 and 60:
Il existe encore une autre dualité
- Page 61 and 62:
poussent au-dehors. Le voilà sépa
- Page 63 and 64:
que ou de psychologie, la vérité
- Page 65 and 66:
Et ce n’est pas encourageant de v
- Page 67 and 68:
une horreur pareille ! L’homme or
- Page 69 and 70:
Les doctrines traditionnelles affir
- Page 71 and 72:
monde de son espèce. C’est une i
- Page 73 and 74:
n’existe pas pour moi, si je n’
- Page 75 and 76:
Cette réalité échappe au temps,
- Page 77 and 78:
QUATREL’acceptationN’ oubliez p
- Page 79 and 80:
tophone qui tomberait en panne aujo
- Page 81 and 82:
limite dans laquelle accepter et to
- Page 83 and 84:
qui vous coupe de la réalité du m
- Page 85 and 86:
encore jamais faite, sauf à certai
- Page 87 and 88:
L’émotion négative superpose «
- Page 89 and 90: cidé à progresser. C’est toujou
- Page 91 and 92: le mécanisme du disjoncteur : celu
- Page 93 and 94: cient, cela attire mon attention su
- Page 95 and 96: n’y a plus moi avec ma forme part
- Page 97 and 98: je ne vais pas faire cet effort afi
- Page 99 and 100: dualité, je lui donne le droit à
- Page 101 and 102: plus sur le chemin qui va du sommei
- Page 103 and 104: là ne veut pas dire donner un coup
- Page 105 and 106: elâchement, cette détente ne peuv
- Page 107 and 108: désirs que nous allons trouver la
- Page 109 and 110: vous qui connaissez bien Les Chemin
- Page 111 and 112: dans les anciens textes : « Devien
- Page 113 and 114: m’attends à ce qu’une personne
- Page 115 and 116: la fermeture des portes ; il faut p
- Page 117 and 118: est-ce que ce désir peut être ré
- Page 119 and 120: tait non plus dans la honte, mais d
- Page 121 and 122: Mais il n’y a jamais d’injustic
- Page 123 and 124: correspond, dans une autre terminol
- Page 125 and 126: fait partie, traduisent par surimpo
- Page 127 and 128: voyais même pas l’araignée au p
- Page 129 and 130: sans un second. Le serpent n’est
- Page 131 and 132: la corde. Il n’y a pas de serpent
- Page 133 and 134: SIXKarma et dharmaC haque fois que
- Page 135 and 136: Rendez-vous compte : « J’agis to
- Page 137 and 138: tent l’opposition et vous ne fere
- Page 139: en particulier. Examinez votre prop
- Page 143 and 144: comme l’écran du cinéma est lib
- Page 145 and 146: etc. Vous finirez par trouver un ce
- Page 147 and 148: Cette absence de liberté permet la
- Page 149 and 150: comprendre les différents aspects
- Page 151 and 152: trouve. Dans les Fragments d’un e
- Page 153 and 154: le nombre des comédiens augmente p
- Page 155 and 156: À cet égard, dans la société ac
- Page 157 and 158: engagés sur le chemin de l’honn
- Page 159 and 160: SEPTMahakarta, MahabhoktaL e chemin
- Page 161 and 162: Le seul critère de l’action, tan
- Page 163 and 164: Peu à peu, cette demande de la sit
- Page 165 and 166: qui demeurent ? Ce sont le mental e
- Page 167 and 168: L’enseignement du vedanta met en
- Page 169 and 170: esprit n’est jamais perturbé, qu
- Page 171 and 172: Je continue la description du « Gr
- Page 173 and 174: et mystique, qu’il s’agisse du
- Page 175 and 176: l’aient dit et proclamé. Mais, q
- Page 177 and 178: est soumis à l’alternance de l
- Page 179 and 180: solu et non plus relatif. Et seul l
- Page 181 and 182: un mensonge, tous les enseignements
- Page 183 and 184: Dieu et qui vieillissent amers et d
- Page 185 and 186: son niveau d’expérience actuelle
- Page 187 and 188: tenant, au contraire. Un jour, le B
- Page 189 and 190: S’il y a un mot qui ne doit pas
- Page 191 and 192:
ne veut pas dire pour autant que vo
- Page 193 and 194:
être pur, conscience pure, béatit