émotion qu’il ne cesserait pas de sourire et de se frotter les mains pendant les cinq actesd’une pièce où il est supposé jouer le rôle d’un homme désespéré. On en arrive à l’acteur quidit : « Je ne peux en effet jouer que les rôles d’hommes gais, jamais je ne pourrai jouer le rôled’un homme triste », ou plutôt, ce qui est beaucoup plus fréquent à l’heure actuelle : « Je nepeux jouer que les rôles tristes. »C’est là une grande vérité <strong>du</strong> chemin, une vérité fondamentale. C’est une façon très trèsc<strong>la</strong>ire d’attirer l’attention sur cette prison atroce dont il s’agit de se libérer. Observez-vous,observez les autres, et vous verrez comment certains sont tellement figés. Ils vont voir leursparents : que leurs parents soient fatigués ou reposés, que leurs parents aient reçu le matinune bonne ou une mauvaise nouvelle, qu’ils soient en bonne santé ou ma<strong>la</strong>des, eux sont toujoursles mêmes, figés, sans souplesse, sans disponibilité. Vous pouvez même constatercomment quelqu’un qui a le besoin de parler d’un certain sujet aujourd’hui, s’il va voir sesparents, il leur parlera de ce sujet ; s’il va voir son frère, sa sœur, un ami, à chacun il parlerade ce sujet, et il réussira encore à en parler à ses enfants, si ce sont ses enfants qu’il rencontre.Voyez comment l’ego n’exprime que lui dans l’ignorance et l’inintérêt pour ses partenaires.Quelques intonations imitées : « Bonjour, maman, ça va, maman ? » ou : « Bonjour monpetit, ça va mon petit ? » Sorti de là, un comportement mécanique et superficiel, rien de vrai,rien de profond, et surtout pas cette disponibilité toujours neuve, dans l’instant.Il n’y a plus que répétition. Les jours se succèdent pareils les uns aux autres ; on lestrouve monotones s’il n’y a pas ce que nous appelons des sensations fortes. Alors que danscette fluidité de l’eau, dans cette disponibilité <strong>du</strong> miroir, chaque instant est absolument neufet <strong>la</strong> vie est une fête perpétuelle de nouveauté et de renouvellement. Il y a toujours changementmais, généralement, ce changement n’est pas reconnu comme nouveauté. « On ne sebaigne jamais deux fois dans le même fleuve » disait Héraclite. On ne rencontre jamais deuxfois <strong>la</strong> même personne. De seconde en seconde, celui que j’ai en face de moi est un autre.Par conséquent, c’est toujours nouveau. Si <strong>la</strong> disponibilité est totale, c’est toujours nouveau.Combien d’hommes ont pris 300 multipliés par 10 = 3 000, multipliés par 3 = 9 000, 10000, 15 000, combien d’hommes ont pris 15 000 petits déjeuners avec leur épouse, qui ontété quinze mille fois le même petit déjeuner ? Même si c’est tel jour un petit déjeuner enrigo<strong>la</strong>nt, et le lendemain, un petit déjeuner en se disputant. Alors qu’en fait, quinze millepetits déjeuners avec <strong>la</strong> même épouse, ce sont quinze mille petits déjeuners tous uniques ettous différents, qui me permettent toujours cette même fraîcheur, cette spontanéité, cettedisponibilité, cette vie dans l’instant, toujours neuf. Mais cette prison de l’ego, son incapacitéà être fluide, souple, disponible, fait qu’il y a répétition, non plus nouveauté. Il n’y a pluscette vie d’instant en instant, où chaque instant est si plein, si parfait, que l’éternité y est présente.Pour atteindre cet « éternel présent », dont <strong>la</strong> description fait envie à l’ego, qu’il n’a aucuneraison de refuser, il faut que l’ego lâche complètement son caractère sclérosé, sans souplesse,qu’il cesse d’être crispé, cramponné à certaines émotions, à certaines opinions toujoursen arrière-p<strong>la</strong>n. Certains vivent avec un seul comportement : « Je ne suis pas admiré, ilfaut absolument que je le sois. On me prend pour un minable, je vais leur montrer que cen’est pas vrai. » Et ce comportement est là une fois pour toutes à l’arrière-p<strong>la</strong>n, toujours là,dans toute condition, toute circonstance et en face de n’importe quelle re<strong>la</strong>tion avec <strong>la</strong>quelleon se trouve en présence. On ne s’en rend évidemment pas compte et ceux qui ne sont pas156
engagés sur le chemin de l’honnêteté et de <strong>la</strong> vérité n’accepteront jamais ce que je dis là etprouveront que ce<strong>la</strong> n’est pas vrai.Je parle à ceux qui cherchent vraiment <strong>la</strong> vérité, et surtout veulent échapper à l’étouffementde l’ego ; qui veulent découvrir cette merveilleuse Réalité que tous les enseignementsnous promettent, ici et maintenant, here and now. « Le nirvana c’est le samsara, le samsarac’est le nirvana », le re<strong>la</strong>tif c’est l’absolu, l’absolu c’est le re<strong>la</strong>tif. C’est là l’extrême aboutissementde cette fluidité et de cette disponibilité dont je parle. Ce<strong>la</strong> commence avec <strong>la</strong> fermedécision de bien vivre l’instant, et de bien jouer d’instant en instant le rôle dans lequel leDestin nous distribue – considérons-le comme l’auteur de <strong>la</strong> pièce et le metteur en scène –,ce qui implique une prise en considération de plus en plus parfaite de l’autre. Suis-je en facede mes parents ? Je suis donc un fils, je dois bien jouer le rôle de fils. Suis-je en face de mesenfants ? Je suis donc un père et je dois bien jouer le rôle <strong>du</strong> père. Voyez ce que ce<strong>la</strong> implique: un indivi<strong>du</strong> peut être triste, un père ne l’est jamais. Ce que Swâmiji appe<strong>la</strong>it un indivi<strong>du</strong>,c’est quelqu’un qui refuse de jouer ces rôles. « Je ne joue qu’un seul rôle, c’est moi. Toujourset partout. » Un indivi<strong>du</strong> peut être triste. Un père n’est jamais triste, triste devant sesenfants. Ou alors, il n’est plus un père. C’est aussi aberrant qu’un acteur qui arrive triste enscène pour jouer un rôle gai. Un époux peut être triste, parce qu’une épouse peut comprendreet partager <strong>la</strong> tristesse de son époux (je parle, bien enten<strong>du</strong>, d’êtres qui sont encore dansles émotions), pas un père. Or, aujourd’hui, un père se croit père, alors qu’il est triste etmontre un visage triste à ses enfants, en leur faisant par là <strong>du</strong> mal. Une mère n’est jamaistriste. Une épouse peut être triste ; une mère en tant que mère : jamais ! Être un père neconsiste pas seulement à dire : « J’ai des enfants. J’entends qu’ils soient bons élèves en c<strong>la</strong>sseet qu’ils ne m’énervent pas quand je rentre fatigué <strong>du</strong> travail. » Voilà des vérités qui n’ont faitaucun doute pour l’humanité pendant des milliers d’années, et qui paraissent aujourd’huiincongrues, aberrantes, ineptes. L’ego se révolte : « Vous n’allez pas m’empêcher d’être tristedevant mes enfants si j’ai envie d’être triste ! » Bien. Vous n’êtes plus un père, vous n’êtesplus une mère. L’égoïsme est devenu tel que le dharma est sans arrêt trahi. J’ai connu un casde médecin psychiatre qui prenait ses propres ma<strong>la</strong>des, perturbés s’il en est, comme confidentsde ses déboires avec <strong>la</strong> direction de <strong>la</strong> clinique ou avec ses confrères. Peut-on direqu’un tel médecin est un médecin, qu’il joue son rôle de médecin ? Vous voyez jusqu’où peutaller <strong>la</strong> trahison <strong>du</strong> dharma !Qu’est-ce donc que l’état-sans-ego ? Si l’ego accepte à chaque instant de jouer le rôle quilui est demandé, il disparaît. Je ne peux jamais être moi-dans-mon-ego, si je suis à chaqueinstant ce qu’il m’est demandé d’être. Si je suis en train de jouer parfaitement le rôle <strong>du</strong> pèreavec mes enfants, je ne joue pas mon rôle, le rôle de mon ego. Si je joue parfaitement le rôle<strong>du</strong> fils avec mes parents, je ne joue pas mon rôle, le rôle de mon ego. Ensuite, si je joue parfaitementle rôle <strong>du</strong> mari avec mon épouse, je ne peux toujours pas jouer le rôle de mon ego,et, si je joue parfaitement le rôle <strong>du</strong> supérieur avec mes inférieurs hiérarchiques, je ne peuxtoujours pas jouer le rôle de mon ego, et si je joue parfaitement le rôle de l’inférieur vis-à-visde mes supérieurs, je ne peux toujours pas jouer le rôle de mon ego. Et ainsi de suite. L’é<strong>du</strong>cationjuste amenait les êtres humains à trouver ce que je dis là juste et normal, donc àn’avoir que peu d’ego, sauf à certains moments, comme dans le cas de l’acteur qui a un troude mémoire en scène. Son honneur de comédien n’est pas brisé pour si peu, ni sa carrière.Un homme qui n’est pas un sage peut une fois f<strong>la</strong>ncher. Un jour où c’est trop cruel, il a exceptionnellementun visage triste devant ses enfants. Cette fois-là, il n’aura pas été un père157
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