de ce que nous n’aimons pas, se trouve <strong>la</strong> source de toutes les tragédies et de toutes les souffrances.Il existe bien l’Amour véritable. C’est un amour qui ne demande rien. Quand unhomme qui n’est pas mort à lui-même dit qu’il aime, ce<strong>la</strong> veut dire qu’il demande que sonamour soit comblé, depuis « j’aime le choco<strong>la</strong>t » jusqu’à « j’aime cette femme », et Dieu saitsi l’on peut souffrir à cause de ce mot amour. C’est là que le Malin a ses armes les plus efficaceset ses positions les plus solides : dans ce qui nous paraît de grands sentiments d’amour,qui ne sont en fait que des émotions, qui nous dressent les uns contre les autres. La véritéc’est qu’avant un long cheminement, une grande transformation, il n’est pas possible d’aimerau vrai sens <strong>du</strong> mot amour. Cette vérité doit être vue et reconnue, et un homme peut se fixercomme but d’atteindre <strong>la</strong> plénitude de l’état humain, c’est-à-dire <strong>la</strong> réelle capacité à l’amour.L’amour ne demande rien. Est-ce que vous pouvez concevoir un amour qui ne veut rien,n’espère rien, ne demande rien ? Je dis bien « n’espère rien », parce que le texte célèbre desaint Paul dit que l’amour espère tout et qu’il faut bien comprendre à quel point, une foisencore, le piège des mots peut jouer. L’amour espère tout signifie que l’amour nous maintientdans l’espérance absolue, l’espérance qui ne nous quitte jamais, l’espérance de cette totalitéà <strong>la</strong>quelle rien ne manque et rien ne peut être ajouté, que promettent tous les enseignements.Ce<strong>la</strong> ne veut pas dire que, dans le détail re<strong>la</strong>tif, l’amour espère tout, c’est-à-direj’espère que ceci, j’espère que ce<strong>la</strong>, tout ce qui me fait p<strong>la</strong>isir et tout ce dont j’ai envie.Comme il faut être vigi<strong>la</strong>nt, vigi<strong>la</strong>nt dès qu’on utilise un mot. Le véritable amour est un sentimentqui n’a pas de contraire, qui ne peut pas vaciller, quoi qu’il arrive. On a souvent utilisé<strong>la</strong> comparaison de <strong>la</strong> f<strong>la</strong>mme d’une bougie qui vacille tout le temps s’il y a <strong>du</strong> vent et quidevient presque immobile s’il n’y a aucun souffle d’aucune sorte, pour désigner les états mentauxet émotionnels de l’être humain. Ils sont tout le temps remuants comme <strong>la</strong> f<strong>la</strong>mmed’une bougie. Le véritable amour est absolument stable. Vous reconnaissez là tous les enseignementsque vous connaissez déjà. Ce que je dis est tout à fait simple, mais pourquoi est-cetellement méconnu ? Quand il est dit : « Aimez vos ennemis », il n’est pas dit : « Aimez ceuxqui vous aiment. » Quel est l’ego qui peut véritablement aimer de façon stable ses ennemis,c’est-à-dire les hommes <strong>du</strong> camp adverse, les CRS s’il s’agit de gauchistes et les gauchistess’il s’agit de CRS, les Arabes s’il s’agit d’Israéliens et les Israéliens s’il s’agit d’Arabes ? Milleet un détails de <strong>la</strong> vie quotidienne viennent heurter votre ego et vous apparaissent donccomme des ennemis.Tout ce qui va contre les intérêts de l’ego est considéré par l’ego comme son ennemi, depuisl’augmentation d’un droit de douane jusqu’à <strong>la</strong> dévaluation de <strong>la</strong> monnaie, en passantpar le temps qu’il fait, <strong>la</strong> grève <strong>du</strong> courrier ou, au contraire, le nombre de lettres qui sont arrivéesce matin avec le facteur. L’ennemi est tout le temps là. Le commandement « aimezvos ennemis » pourrait tout le temps être mis en pratique mais ne peut jamais l’être par l’ego.Il est impossible à un ego d’aimer ses ennemis. S’il y a amour des ennemis, c’est qu’il n’y aplus d’ego. Tant que cet état-sans-ego n’a pas été accompli, cet amour des ennemis est unleurre et le pire leurre. Le plus grand mensonge est d’utiliser le mot amour et de parlerd’amour quand on n’a pas encore atteint le niveau qui y correspond. Mais comme ce motamour est mis à toutes les sauces, on trouve tout à fait normal de l’utiliser à tort et à travers.Vous devez voir c<strong>la</strong>irement que, pendant longtemps, il n’est possible de connaître quel’amour-émotion, c’est-à-dire le non-amour de ce que je n’aime pas. Il faudra gagner, mériterle droit au plus grand bonheur qu’un être humain puisse connaître, le droit au véritableamour, un amour que plus rien ne peut atteindre, plus rien ne peut diminuer. Un amour ab-178
solu et non plus re<strong>la</strong>tif. Et seul l’amour absolu mérite le nom d’amour. Le reste, c’est cequ’en ang<strong>la</strong>is on appelle les likes and dislikes, les sympathies, les antipathies, les préférences,les répulsions, tout ce qui caractérise <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de l’ego dans <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité. Tous les enseignementsappellent à l’état qui réconcilie les contraires ou qui fait coïncider les opposés, coincicidentiaoppositorum.Tant que cette réconciliation des contraires n’a pas été accomplie, l’homme n’a accès qu’àl’amour dans <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité, l’amour qui espère, mais pas au sens de saint Paul, qui espère êtrepayé de retour. Il n’y a plus d’amour. Il y a un désir et une demande. Il n’y a pas l’amoursentimentmais l’amour-émotion. Ayez le courage de regarder en face que l’ego est partout,donc l’égoïsme est partout, donc le véritable amour n’est jamais là et les é<strong>la</strong>ns d’amour quivous paraissent les plus généreux et les plus désintéressés peuvent retomber brusquementparce que celui ou celle que vous avez « aimé » vous déçoit. À commencer par vos parents,vos conjoints, vos enfants, les groupes ou les associations que vous avez aimés, c’est-à-direpar lesquels vous avez eu besoin d’être aimé, et, <strong>la</strong>st but not least, pour ceux qui s’intéressent àce qu’on appelle <strong>la</strong> vie spirituelle, le gourou. Personne encore sur le chemin ne peut avoir unvéritable amour pour qui que ce soit, pas plus pour son gourou que pour qui que ce soitd’autre. Le chemin consiste justement en <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ire vision de cette vérité jusqu’à ce qu’elle soitdépassée.Parce que l’amour que j’avais pour Swâmiji était un amour égoïste, un amour qui attendait,qui demandait, qui espérait, c’est un amour qui a été bousculé, mis en cause et s’est biensouvent changé en déception et en rancune plus ou moins réprimée. Je vous assure que MâAnandamayi a soulevé des révoltes et des haines, même dans son entourage. Elle disait récemment: « Il y a maintenant trop de gens qui souhaitent <strong>la</strong> mort de “ce corps” » (c’est ainsiqu’elle parle d’elle). Pouvoir enfin n’en faire qu’à leur tête, faire leurs trente-six mille volontés,au lieu de se sentir plus ou moins contrôlés par Mâ Anandamayi !J’ai longtemps voulu réussir à aimer Swâmiji. Par moments je pensais que j’al<strong>la</strong>is enfinréussir à aimer parfaitement quelqu’un. Et, au moment où j’al<strong>la</strong>is enfin être capable d’aimer,Swâmiji faisait quelque chose que je ressentais comme hostile à mon ego et j’avais pour luil’émotion <strong>la</strong> plus cruelle qu’on puisse avoir : « Il m’a frustré de <strong>la</strong> possibilité que je sentais àportée de main d’aimer vraiment. Il m’a même volé ça. » Vous devinez quelle amertume ce<strong>la</strong>peut faire naître. « Il a osé me dire ça, si <strong>du</strong>rement, il a osé me faire ça. » Au dernier entretienque j’ai eu avec lui, un mois avant sa mort, j’ai pu me dire : « Maintenant je sais quemon amour pour lui est parfait, nous ne sommes plus deux, mais un. » Parce que, <strong>la</strong> veilleencore, dans l’avant-dernier entretien, il m’avait « tiré dessus à boulets rouges » et monamour pour lui n’avait pas vacillé.En 1967, Swâmiji a été ma<strong>la</strong>de et nous attendions des nouvelles de Delhi. Nous étions àParis, inquiets, d’autant plus que les nouvelles étaient très contradictoires. Et un jour le facteura sonné ; il apportait un type de télégramme que je connaissais bien, puisque j’étais souventen rapport avec l’étranger, qui n’est pas le télégramme verdâtre des postes françaisesmais un télégramme b<strong>la</strong>nc avec des caractères d’imprimerie bleus, le télégramme international.Et j’ai tout de suite compris que ce télégramme venait de l’Inde. J’ai appelé mon épouse,j’ai ouvert ce télégramme. Il disait : « Swâmiji much better, no room for anxiety », « Swâmijibeaucoup mieux, il n’y a pas de souci à se faire. » Et tout d’un coup, j’ai constaté, je me suisvu, je me suis ren<strong>du</strong> compte que ce télégramme, dès que je l’avais saisi de <strong>la</strong> main <strong>du</strong> télégraphiste,m’avait plongé dans une grande joie, alors qu’en fait je ne savais pas quel en était le179
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