voir plus loin, est-ce qu’il y a plus à comprendre ? Oui et c’est même très simple. L’amour<strong>du</strong>aliste émotionnel peut très bien se muer en amour de Dieu, un amour qui est fondé luiaussi sur le désir, sur <strong>la</strong> peur et sur <strong>la</strong> faiblesse de l’ego. Tant qu’il y a perception de <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité,moi et non-moi, tant qu’il y a deux, il y a peur. La <strong>du</strong>alité apparaît avec <strong>la</strong> naissance.Cette <strong>du</strong>alité se renforce à travers les années de <strong>la</strong> vie. Elle diminue quand <strong>la</strong> mère prend lebébé dans les bras, le caresse, lui donne le sein. L’enfant est tout le temps ramené à <strong>la</strong> séparation,à <strong>la</strong> peur, à cette distinction enracinée en lui dans les vasanas et les samskaras, peutêtremême enracinée depuis bien avant cette naissance-là, entre ce qu’il trouve bon et ce qu’iltrouve mauvais. Il a le besoin d’être aimé et rassuré et ce besoin infantile subsiste chezl’a<strong>du</strong>lte. Il peut parfaitement se faire que l’aspiration spirituelle réelle, profonde, qui existe enchaque être humain, prenne <strong>la</strong> forme d’un amour de Dieu extrêmement mêlé d’impuretés.L’aspiration spirituelle existe en tout être humain, parce que l’Esprit, le <strong>Soi</strong>, l’atman, est<strong>la</strong> réalité essentielle de tout être humain. Tout être humain, quelque part en lui, le sait ettout être humain mesure toutes les expériences qu’il fait avec le critère de l’absolu. Toutesnos expériences sont toujours insatisfaisantes parce que nous portons en nous le critère del’absolu et de l’illimité. Ce n’est jamais assez beau, jamais suffisant, et il faut toujours autrechose parce que nous n’avons jamais été comblé. Cette aspiration à l’infini, à l’illimité, à l’absolu,elle existe en tout être humain. Le plus souvent elle est déviée parce que cet absolu estcherché dans l’avoir – avec des expériences toujours décevantes – et non pas dans l’être.Donc il est compréhensible que ce désir d’absolu devienne plus conscient chez certains, cequi est <strong>la</strong> source de <strong>la</strong> vocation spirituelle, contemp<strong>la</strong>tive, yogique, ascétique. Mais cette vocationn’efface pas immédiatement <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité tragique de ce que nous aimons et de ce quenous n’aimons pas ni ce besoin d’être aimé dans lequel « je t’aime » signifie « aime-moi »,avec tout ce que nous mettons dans ce mot aime-moi : comprends-moi, protège-moi,console-moi, prends sur toi mes fardeaux, résous mes difficultés, permets-moi de redevenircomme un petit enfant qui se repose entièrement sur ses parents. Un petit enfant pour quitout est possible, tout est permis, tout est facile. Je t’aime signifie aime-moi, et bien desgens, bien des hommes, bien des femmes qui « aiment Dieu » ont simplement besoin de sesentir aimés. Aimés par Dieu. Ou par le Christ, ou par un saint patron, ou par Marie, ou parKrishna. Le christianisme est plus sujet à cette faille que les autres religions. Dans les autresreligions on ne répète pas toute <strong>la</strong> journée : Dieu vous aime, Jésus vous aime. On répète :aimez Dieu. L’insistance est mise sur le fait que nous, nous aimons Dieu et pas tout le tempssur le fait que Dieu nous aime. En étant imprégné de cette idée « Dieu m’aime », il y a undanger pour <strong>la</strong> mentalité <strong>du</strong>aliste qui a besoin d’être aimée, qui aime être aimée. Je peux trèsbien aimer Dieu ou qui représente Dieu, c’est-à-dire une Divinité des religions dites polythéistesou bien Marie ou le Christ dans le christianisme, d’une façon infantile qui justifie <strong>la</strong>critique que Sigmund Freud a faite aux religions monothéistes : <strong>la</strong> projection dans l’absolude <strong>la</strong> nostalgie d’un père parfait et d’une mère parfaite. Ce n’est plus Dieu qui a créél’homme à Son image, mais l’homme qui a créé Dieu à son image.Il faut être aussi c<strong>la</strong>ir à cet égard qu’il faut l’être à l’égard de notre amour ou préten<strong>du</strong>amour pour les autres qui n’est que le besoin d’être aimé par les autres. Il faut avoir le couragede voir que cette utilisation <strong>du</strong> mot amour qui signifie j’aime égoïstement, peut parfaitementbien imprégner l’amour de Dieu. Il ne faut pas s’étonner qu’au nom de l’amour deDieu, il y ait eu de tels conflits, de telles incompréhensions, et tant de déceptions, de frustrations,de regrets. S’il vous a été donné de connaître des êtres qui ont consacré leurs vies à182
Dieu et qui vieillissent amers et désabusés, c’est tragique. Parce que cet amour de Dieu étaitun amour qui demandait, qui attendait, au niveau de l’ego. Le vrai amour de Dieu n’est pascette re<strong>la</strong>tion infantile. C’est difficile à comprendre pour les chrétiens <strong>du</strong> fait que le Christ aemployé l’expression Père pour désigner Dieu. Cette expression a un très grand sens, un trèsgrand contenu. Mais en même temps, elle représente un piège.Les mystiques, dans un <strong>la</strong>ngage <strong>du</strong>aliste ou plus encore non-<strong>du</strong>aliste, ont toujours dépasséce niveau. Mais beaucoup d’êtres religieux ne comprennent pas que ce p<strong>la</strong>n doit êtredépassé et qu’il peut être dépassé. Les mystiques ont affirmé que Dieu est amour, et nouspouvons vivre aussi au niveau d’être et de réalité qui est l’Amour. Le véritable amour pourDieu se situe au-delà de <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité, au-delà de <strong>la</strong> distinction d’une créature faible et d’unCréateur tout-puissant. Tant que cette distinction existe et qu’elle est maintenue comme unpostu<strong>la</strong>t, le danger d’une spiritualité déviée, d’une spiritualité récupérée par l’ego est toujourslà. De nombreux textes chrétiens peuvent être donnés à l’appui de ce que je dis : « <strong>la</strong> mortcomplète à soi-même », « ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi », montrentqu’il n’y a plus <strong>du</strong>alité. On peut s’ingénier à trouver un mot plutôt qu’un autre, dire union,participation, fusion sans confusion. Les subtilités théologiques sont infinies. C’est le problèmedes théologiens, formuler. Mais l’expérience est simple, elle illumine ceux qui <strong>la</strong> viventet, à travers eux, éc<strong>la</strong>ire ceux qui les approchent : le sens de l’ego, avec sa petitesse, sesfailles, ses manques, ses besoins a disparu. On n’attend plus rien de Dieu, on ne Lui demandeplus rien, on est totalement comblé parce que toute crainte a disparu, tout désir insatisfaita disparu. C’est <strong>la</strong> plénitude. Dieu est <strong>la</strong> plénitude. Beaucoup de mystiques nous ont<strong>la</strong>issé des prières qui disent : « Je ne demande rien d’autre que Dieu lui-même ; je ne demandeni <strong>la</strong> santé, ni <strong>la</strong> conso<strong>la</strong>tion, je ne demande rien d’autre que Dieu lui-même. » C’est<strong>la</strong> vraie spiritualité. Mais il y a une certaine façon de demander à être aimé par Dieu qui nesera jamais satisfaite. Tant que l’ego subsistera, il ne sera jamais satisfait et <strong>la</strong> plus grandegrâce que Dieu puisse accorder, c’est l’effacement de l’ego.Alors <strong>la</strong> réalisation s’accomplit que Dieu est à l’œuvre partout, au-delà <strong>du</strong> bien et <strong>du</strong>mal. Le bien et le mal existent, mais ce n’est pas <strong>la</strong> vérité ou <strong>la</strong> réalité ultime. La réalité ultimeest au-delà <strong>du</strong> bien et <strong>du</strong> mal. Cette réalité ultime au-delà <strong>du</strong> bien et <strong>du</strong> mal, c’estDieu. Tant que votre re<strong>la</strong>tion avec Dieu est fondée sur votre distinction <strong>du</strong> bien et <strong>du</strong> mal etvotre opposition de ce que vous aimez et de ce que vous n’aimez pas, selon <strong>la</strong> formule <strong>du</strong> zenque je cite si souvent, cet amour de Dieu est faussé. Vous allez buter sur des problèmes surlesquels tout le monde a buté : « Ah, pourquoi est-ce que Dieu permet que... mon enfantsoit mort, mon mari soit chômeur, mon père ait un cancer ? » Pourquoi est-ce que Dieupermet ? Pensez un instant aux millions de prières non exaucées. Des prières ont été exaucées: une demande unifiée, instante, fervente attire <strong>la</strong> réponse. Parfois les prières les plusfortes sont les prières non formulées. Parfois les prières sont exaucées parce qu’elles ont étédes demandes très intenses et tant pis pour nous : ce que nous recevons et pourquoi noussommes prêts à remercier Dieu, nous nous apercevons vite que ce<strong>la</strong> n’a qu’une valeur trèslimitée et peut même nous con<strong>du</strong>ire à nous emprisonner de plus en plus dans ce monde <strong>du</strong>karma, des causes et des effets, des demandes et des refus et des <strong>du</strong>alités.Je cite dans Ashrams une prière qui m’avait beaucoup frappé et qui a été vraiment magrande prière, celle d’un moine <strong>du</strong> mont Athos : « Surtout mon Dieu n’exaucez jamais mesprières. » Ce moine savait que montaient en lui des demandes et que, comme il était unifié,concentré, ses demandes auraient sûrement attiré leur réponse. Méfiant de son ignorance et183
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qui vous coupe de la réalité du m
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L’émotion négative superpose «
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