cience peut se situer dans le corps, pour bien percevoir une douleur ou un ma<strong>la</strong>ise afin desavoir les mesures qui doivent être prises pour se soigner, mais sans pour ce<strong>la</strong> être prisonnière<strong>du</strong> corps – ce qui fait dire par exemple : « Je suis boiteux », alors qu’un hindou formé dans <strong>la</strong>mentalité traditionnelle dira : « Cette jambe boite », ce qui n’est pas <strong>du</strong> tout <strong>la</strong> même chose.Si une action doit être accomplie, elle sera décidée sur le p<strong>la</strong>n de vijnanamaya kosha, c’est-àdire<strong>la</strong> vision objective, sans aucune émotion, d’une situation qui n’est plus vue en référence àl’ego avec ses craintes, ses peurs et son besoin d’être rassuré, mais en elle-même, de façonneutre, impersonnelle, supra-égoïste. Et si aucune action n’est nécessaire – donc aucune décision– <strong>la</strong> pensée peut s’arrêter de prendre des formes particulières. La pensée retourne à <strong>la</strong>pure conscience, pensée consciente d’elle-même en elle-même, sans forme particulière. Laconscience se situe au niveau d’anandamaya kosha, le revêtement fait d’ananda, de béatitude.Ce revêtement est encore un kosha, c’est-à-dire encore un revêtement ; c’est encore un fonctionnementmais serein, sans peur, sans désir, sans aucune servitude au passé, libre des bonssouvenirs et des mauvais souvenirs, donc libre de toute crainte pour l’avenir, témoin déten<strong>du</strong>,libéré de l’oscil<strong>la</strong>tion et de <strong>la</strong> tension des contraires, témoin sans pensée. Toutes les fonctionssont ramenées au silence, à l’immobilité. Cet état comporte encore une certaine consciencede « moi » en tant que « moi ». Au-delà, encore plus à l’intérieur, toute trace de quoique ce soit qui puisse encore s’appeler « moi » disparaît et c’est <strong>la</strong> Conscience transcendante,supra-personnelle, supra-formelle de l’atman.Il est vain de chercher cet atman darshan, « vision de l’atman », tant que <strong>la</strong> pleine maîtrisedes différents koshas n’a pas été gagnée.Il y a donc, pourrait-on dire, trois catégories d’hommes. D’abord, l’homme non régénéré.Que signifie ré-généré ? Généré à nouveau, né à nouveau. L’homme régénéré, c’estl’homme qui est « re-né d’esprit et d’eau », disent les Évangiles. L’homme non régénéré,qu’en <strong>la</strong>ngage chrétien on appelle le vieil homme par opposition à l’homme nouveau, ou aup<strong>la</strong>n métaphysique Adam par opposition au Christ, l’homme non régénéré n’a aucune liberté.Il est prisonnier de ses différents koshas qui obéissent aveuglément à <strong>la</strong> loi de <strong>la</strong> causalité.Les causes pro<strong>du</strong>isent des effets. Ces effets deviennent eux-mêmes causes pour d’autres effets.Loi de <strong>la</strong> causalité ou loi de l’action et de <strong>la</strong> réaction. Au niveau de ces différents p<strong>la</strong>ns,de ces différents fonctionnements, il y a causalité, il y a action et réaction, et <strong>la</strong> conscienceest totalement prisonnière de ces différents mécanismes.On ne peut parler de Conscience que si le conscient et l’inconscient fusionnent, c’est-àdiresi le conscient qui est d’abord si superficiel (combien de fois n’ai-je pas enten<strong>du</strong> en ang<strong>la</strong>isle mot shallow qui signifie « pas profond ») intègre l’inconscient. La Conscience intervientquand l’inconscient et le conscient sont réunifiés, autrement dit quand il n’y a plusd’inconscient. Dire qu’il n’y a plus d’inconscient, ce<strong>la</strong> veut dire aussi que <strong>la</strong> conscience estlibre <strong>du</strong> passé, ne vit plus le présent à travers les souvenirs, les bons souvenirs et les mauvaissouvenirs <strong>du</strong> passé. L’initiative vient de l’intérieur ; l’homme a une volonté libre. Mais ce n’estpas encore l’étape ultime.Dans l’étape ultime, cette volonté est devenue purement l’instrument d’une spontanéitésupra-personnelle, dans <strong>la</strong>quelle l’homme ne sent plus <strong>du</strong> tout qu’il agit en tant qu’indivi<strong>du</strong>,qu’il a à porter le poids et <strong>la</strong> responsabilité de ses actes. L’homme sent qu’il est porté par lecourant universel de <strong>la</strong> Manifestation à <strong>la</strong>quelle il est complètement soumis, avec <strong>la</strong>quelle ilest complètement unifié. On dira dans un certain <strong>la</strong>ngage que sa volonté se confond complètementavec <strong>la</strong> volonté divine. Les enseignements des Pères de l’Église chrétienne aussi50
ien que des maîtres <strong>du</strong> bouddhisme zen disent que celui qui est complètement mort à luimême,bien qu’encore vivant, ne peut plus se tromper « et fait ce qu’il veut » parce que savolonté est absolument fusionnée avec <strong>la</strong> « volonté divine » et toutes ses actions sont toujoursjustes. Toute volonté personnelle, indivi<strong>du</strong>elle a disparu. C’est ce que <strong>la</strong> tradition chinoiseappelle le Non-Agir, ce que les hindous expriment par « free from the I-am-the-doer illusion »,« libre de l’illusion que c’est moi qui agis ». Apparemment le sage est actif, il peut même êtretout à fait actif, mais intérieurement il n’a plus l’impression d’être actif et que c’est lui quiagit, <strong>la</strong>borieusement, lourdement, avec effort. Il est porté par le courant de <strong>la</strong> Réalité, <strong>la</strong>Manifestation, ce que les hindous appellent prakriti, comme l’acteur est porté par le texte de<strong>la</strong> pièce pendant les trois ou les cinq actes qu’il a à interpréter.C’est le grand enseignement. C’est l’enseignement <strong>du</strong> vedanta hindou et c’est aussi l’enseignementvéritable des Évangiles si on les lit et les comprend tels qu’ils sont, c’est-à-direnon pas comme des règles de morale s’appliquant à l’homme ordinaire mais comme un traitéésotérique enseignant comment l’homme ordinaire peut se transformer en un homme libre,un « homme nouveau ».Ou bien cette transformation, ce changement de signe a eu lieu, ou bien il n’a pas eulieu. Ou bien l’homme est encore un homme-marionnette, le vieil homme, ou bien <strong>la</strong> nouvellenaissance s’est opérée et l’homme libre a remp<strong>la</strong>cé l’homme-marionnette.Nouvelle naissance, ré-génération. C’est pour ce<strong>la</strong> que les Évangiles utilisent le mot Pèrepour désigner Dieu, ce qui a été si souvent mal compris. Il y a le père physique, qui correspondà <strong>la</strong> première naissance, <strong>la</strong> naissance ordinaire de l’homme charnel, de l’homme soumisà son karma, et il y a <strong>la</strong> nouvelle naissance où l’homme n’est plus engendré par le père physiquemais par le plus haut niveau de <strong>la</strong> Réalité, appelé Père pour symboliser le fait qu’il s’agitréellement d’une nouvelle naissance, celle d’un homme nouveau, ré-généré, re-nouvelé quine se reconnaît plus lui-même, tellement il est radicalement changé, tellement par conséquentsa re<strong>la</strong>tion avec le monde est également radicalement changée. C’est une nouvellenaissance – le mot est parfaitement bien choisi – et, par conséquent, un être nouveau, unevie nouvelle. Le père physique est responsable de <strong>la</strong> première naissance et le Père céleste estresponsable de <strong>la</strong> seconde naissance. Avec celle-ci, le moteur de nos pensées, de nos actions,de nos sentiments ne se trouve plus extérieur à nous, mais intérieur à nous. Autrement dit lemoteur de nos actions, de nos pensées, de nos sentiments, c’est l’être et non plus l’avoir.Tout le monde, y compris les animaux, cherche le bonheur. La plupart des hommescherchent ce bonheur dans l’avoir. Avoir <strong>la</strong> santé c’est le bonheur, ne pas avoir <strong>la</strong> santé c’est<strong>la</strong> souffrance. Avoir <strong>du</strong> succès c’est le bonheur, ne pas avoir de succès c’est <strong>la</strong> souffrance.Avoir <strong>du</strong> pouvoir ou de l’influence, c’est le bonheur, n’avoir aucun pouvoir et aucune influence,c’est <strong>la</strong> souffrance. Avoir quelqu’un qui nous aime c’est le bonheur, n’avoir personnequi nous aime c’est <strong>la</strong> souffrance. En vérité le seul bonheur, le seul, c’est celui qui émane del’être. Et c’est à ce bonheur qui émane de l’être que parfois, brièvement, nous donne accès <strong>la</strong>satisfaction d’un désir, en attendant qu’un désir nouveau monte de <strong>la</strong> profondeur et nousexile à nouveau de cette paix, de cette sérénité, qui est pourtant notre véritable nature. Direque nous sommes motivés, mus par l’extérieur, ou dire que nous cherchons le bonheur dansl’avoir, c’est dire <strong>la</strong> même chose. Dire que nous sommes mus de l’intérieur, donc libres destribu<strong>la</strong>tions ou des vicissitudes extérieures, ou dire que nous avons trouvé le bonheur dans <strong>la</strong>plénitude de l’être, c’est dire <strong>la</strong> même chose. Être, c’est être libre de l’avoir, libre <strong>du</strong> désird’avoir, libre de <strong>la</strong> crainte de ne pas avoir.51
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Rendez-vous compte : « J’agis to
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en particulier. Examinez votre prop
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et mystique, qu’il s’agisse du
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est soumis à l’alternance de l
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un mensonge, tous les enseignements
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