fait <strong>la</strong> situation était plus complexe et particulièrement cruelle. Je refusais. Je refusais de toutmon être. Et puis, tout d’un coup, cette compréhension m’est venue : « C’est Swâmiji qui,dans son amour sans limite, répond enfin à ma demande : Je voudrais tellement progresser,tellement y arriver. » Et voilà qu’une opportunité extraordinaire se présentait. Tout était misen cause : psychologiquement, émotionnellement, affectivement, matériellement, financièrement(<strong>la</strong> salle Pleyel représentait alors une grande part de mes revenus en trois soirs, àcondition que ce fût plein). Là, j’ai vraiment senti le défi : « Voilà une demi-heure que jesuis vaincu, une demi-heure que je manque l’opportunité », et j’ai vu le monde se changersous mes yeux. Bien enten<strong>du</strong>, je n’ai pas été enrhumé et je n’ai pas eu mal à <strong>la</strong> gorge. Troisans, Swâmiji me l’aura répété pour que je le comprenne : « The way is in the particu<strong>la</strong>r, Arnaud,not in the general », Le chemin est dans le particulier, Arnaud, pas dans le général.Here and now, here and now. C’est <strong>la</strong> grande parole des maîtres zen et ce<strong>la</strong> me p<strong>la</strong>isait bien.Mais ce<strong>la</strong> signifie tout simplement : « Ici et maintenant. » La prochaine fois, ou quand ça iramieux, ou quand les conditions seront changées, ou quand je serai de nouveau en Inde, ouquand l’autobus passera vide, ou quand je n’aurai plus besoin de gagner ma vie, ou quand...Non ! ICI ET MAINTENANT : À l’arrêt Bosquet-Rapp <strong>du</strong> 63, Gourou kripa keva<strong>la</strong> ! Il n’ya que <strong>la</strong> grâce <strong>du</strong> gourou, et rien d’autre. Alors vraiment, oui, le visage <strong>du</strong> monde change. Iln’y a plus d’épreuves, il n’y a que des bénédictions. Il n’y a plus de difficultés, il n’y a que desbénédictions. « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu. » Tout concourt au bien deceux qui aiment Dieu, tout concourt au bien de ceux qui sont engagés sur le chemin de <strong>la</strong>libération. Tout sans aucune exception. Et le jour où nous l’avons compris ou accepté, nousne sommes plus candidats-disciples, nous sommes disciples.Celui que l’on a appelé Satan, l’Adversaire ou le Tentateur ou le Malin, ou tout simplementle Mental, a une ruse, une seule, mais qui marche toujours : elle consiste, instant aprèsinstant, à nous souffler que l’événement que nous sommes en train de vivre fait exception,que ce n’est pas <strong>la</strong> grâce <strong>du</strong> gourou, que c’est une difficulté, un contretemps, une épreuve, etque nous n’avons pas à l’accepter. Et comme il n’a qu’une seule ruse, il n’y a qu’une seuleréponse à lui donner, toujours <strong>la</strong> même. Donnez-<strong>la</strong>-lui en sanscrit, ce<strong>la</strong> l’impressionnera encoreplus ! À chaque fois, répondez : « Gourou kripa keva<strong>la</strong>, tout est <strong>la</strong> grâce <strong>du</strong> gourou. » Cen’est pas un mantram, et pourtant, en un sens, c’est le plus puissant des mantrams, le mantramtout-puissant. Alors, un beau jour, le Malin se <strong>la</strong>sse, et voyant qu’il est toujours perdant,il abandonne <strong>la</strong> partie.30
DEUXLes revêtements <strong>du</strong> « <strong>Soi</strong> »L’ enseignement de Swâmi Prajnânpad est un <strong>yoga</strong>, c’est-àdireun chemin de réunification <strong>du</strong> limité à l’illimité, de <strong>la</strong> conscience indivi<strong>du</strong>elle à ce qu’ona appelé parfois <strong>la</strong> Conscience Cosmique, ou <strong>la</strong> Réalité, ou le <strong>Soi</strong>, en sanscrit l’atman. Ce<strong>yoga</strong>, Swâmiji l’appe<strong>la</strong>it adhyatma <strong>yoga</strong>, <strong>yoga</strong> vers le <strong>Soi</strong>. En fait tout <strong>yoga</strong> hindou est un adhyatma<strong>yoga</strong>, c’est-à-dire un <strong>yoga</strong> con<strong>du</strong>isant vers le <strong>Soi</strong>, l’atman, mais c’est particulièrementvrai de cet enseignement. Cet adhyatma <strong>yoga</strong> est une forme <strong>du</strong> <strong>yoga</strong> de <strong>la</strong> connaissance, jnana<strong>yoga</strong>, un peu plus technique simplement. Il repose sur les mêmes affirmations védantiquesque le <strong>yoga</strong> de <strong>la</strong> connaissance, sur les mahavakya, les quatre « grandes paroles » des Upanishads.Tat twam asi : « Tu es ce<strong>la</strong> », Aham brahmamsi. « Je suis brahman », ayam atma brahma: « Cet atman est brahman », et enfin prajnanam brahma : « La conscience est brahman. »Brahman signifiant l’Absolu, <strong>la</strong> Réalité fondamentale de l’être humain (le <strong>Soi</strong>) n’est pas autrechose que ce brahman ou cet Absolu. L’équation atman = brahman, le <strong>Soi</strong> = l’Absolu, estl’enseignement suprême non seulement <strong>du</strong> vedanta mais aussi <strong>du</strong> zen et <strong>du</strong> wahdat-alwudjudsoufi. Nous y reviendrons bien des fois. Tout ce que l’on peut dire de cet atman onpeut le dire aussi <strong>du</strong> brahman et vice versa. Mais il serait plus juste de s’exprimer en énonçant: « Tout ce qu’on ne peut pas dire. » L’atman échappe à toute définition, à toute saisiepar le mental. On le suggère négativement en affirmant tout ce qu’il n’est pas. Il est libre detoute mesure. La création ou maya, c’est l’apparition de <strong>la</strong> mesure dans l’infini.Pourtant, l’homme qui découvre ces vérités <strong>du</strong> vedanta se trouve inséré dans le mondephénoménal, le monde de <strong>la</strong> manifestation, soumis au temps, à l’espace, à <strong>la</strong> causalité, à <strong>la</strong>mesure, aux limites et aux contraires : favorable-défavorable, union-séparation, réussiteéchec,gratification-frustration, naissance-mort, aux contraires qu’on appelle en Inde lesdvandwa, les paires d’opposés. Ce monde qui n’est que changement, que devenir, ce mondede multiplicité a été qualifié d’irréel : ce qui n’existait pas hier et n’existera pas demainn’existe pas non plus aujourd’hui, est-il dit. Ce monde est irréel dans <strong>la</strong> mesure où, à l’instantmême où nous venons d’en prendre conscience, il est déjà changé, déjà remp<strong>la</strong>cé par unautre. À chaque instant il y a destruction, création, destruction, création. C’est une affirmationancienne, hindoue ou bouddhiste, mais qui est confirmée par <strong>la</strong> physique moderne.Tout ce que vous avez sous les yeux est en changement ou devenir. Et c’est bien ce qu’affirmele terme bouddhiste samsara qui signifie flux ou glissement continuel, ou le terme hindoujagat qu’on tra<strong>du</strong>it généralement par « le monde » et qui signifie aussi le changementconstant. Mais, même quand vous l’avez qualifié d’irréel ou d’évanescent, ce monde n’a pas
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est soumis à l’alternance de l
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un mensonge, tous les enseignements
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