qu’ou bien je renonce, ou bien j’agis pour avoir l’expérience. Le mental va dire : « Si j’ai soif,ou bien je renonce à mon verre d’eau et alors je ne vais pas remplir mon verre au robinet de<strong>la</strong> cuisine, ou bien je ne renonce pas à mon verre d’eau, mais je ne vois pas <strong>la</strong> compatibilitéentre les deux. » En fait c’est ce qui doit être vu ou ce que vous devez commencer à tenter devoir. A ces mots de Vashishta, c’est-à-dire son gourou, Râma demande : « Quels sont cestrois points : le fait d’agir, le fait d’éprouver ou de ressentir et <strong>la</strong> renonciation ? » – La réponsevient quelques lignes plus loin, après certaines digressions que je saute. « Il fautd’abord avoir détruit tous les doutes. » En une demi-page, cette expression « détruire tous lesdoutes et s’établir dans <strong>la</strong> certitude » revient deux fois. Nous nous trouvons de p<strong>la</strong>in-pieddans l’enseignement de Swâmiji, qui demandait une rigueur intellectuelle, une convictionqui ne <strong>la</strong>isse pas p<strong>la</strong>ce au flou et à l’incertitude.« Après avoir détruit tous les doutes, accroche-toi à <strong>la</strong> vérité. » C’est <strong>la</strong> seule chose ou <strong>la</strong>seule réalité à <strong>la</strong>quelle on puisse s’attacher ou s’accrocher : <strong>la</strong> vérité, où qu’elle soit, quellequ’elle soit. Et ce mot vérité signifie, dans ce <strong>la</strong>ngage <strong>du</strong> <strong>Yoga</strong> Vashishta : ce qui est – et nonpas ce qui pourrait être, ce qui devrait être ou ce qui n’est pas. Et ce <strong>Yoga</strong> Vashishta cite luiaussi l’exemple célèbre <strong>du</strong> serpent ou de <strong>la</strong> corde : dans <strong>la</strong> pénombre je prends une cordeabandonnée dans un champ pour un serpent, mon cœur se met à battre et je me sauve encourant. La vérité c’est <strong>la</strong> corde, <strong>la</strong> non-vérité c’est le serpent. Déjà <strong>la</strong> corde n’est pas <strong>la</strong> véritéultime, puisque <strong>la</strong> vérité ultime n’est que <strong>du</strong> vide et des particules, n’est que brahman dansune corde comme dans toute autre chose. Du point de vue suprême, <strong>la</strong> corde n’est pas <strong>la</strong> véritéultime, c’est une perception et une conception pro<strong>du</strong>ites par nos cinq sens et notre mental.Mais si, en plus, au lieu d’une corde je vois un serpent, je suis doublement dans <strong>la</strong> nonvérité.S’accrocher à <strong>la</strong> vérité, c’est s’accrocher à ce qui est, en ne <strong>la</strong>issant pas le mental faireintervenir sans arrêt des inventions à lui qui viennent recouvrir <strong>la</strong> vérité et <strong>la</strong> transformer enautre chose qui n’est pas.« Après avoir détruit tous les doutes, accroche-toi à <strong>la</strong> Vérité, et tu deviendras le GrandAgissant, le Grand Appréciateur et le Grand Renonçant en même temps. » Râma demandeencore : « Qu’est-ce que ce<strong>la</strong> signifie exactement le Grand Agissant, le Grand Appréciateuret le Grand Renonçant ? » – « Il est le Grand Agissant celui qui est indifférent aux fruits del’action », qui agit et qui sait qu’il y a tant d’éléments en jeu, tant de chaînes de causes etd’effets en œuvre, que son action pro<strong>du</strong>ira ou ne pro<strong>du</strong>ira pas les fruits escomptés, et qu’i<strong>la</strong>ccepte d’avance. Ce<strong>la</strong> ne veut pas dire qu’il agira moins attentivement, moins consciencieusementpour ce<strong>la</strong>, mais qu’il agit avec un état d’esprit tout à fait différent de l’état d’esprithabituel. « Il est le Grand Agissant celui qui est indifférent aux fruits de l’action, qui est librede <strong>la</strong> distinction <strong>du</strong> p<strong>la</strong>isir et de <strong>la</strong> peine, qui est libre – ce point-là doit être bien compris,parce qu’il fait trop souvent l’affaire de l’ego et <strong>du</strong> mental – libre de <strong>la</strong> distinction de ce quiest dans l’Ordre (dharma) et de ce qui n’est pas dans l’Ordre », libre de <strong>la</strong> distinction <strong>du</strong> bienet <strong>du</strong> mal qui est trop souvent une prison parce qu’elle nous tient lieu de conscience. Mais selibérer de <strong>la</strong> distinction <strong>du</strong> bien et <strong>du</strong> mal sans que <strong>la</strong> Conscience réelle se soit éveillée, cen’est pas se situer au-dessus <strong>du</strong> dharma, c’est se situer au-dessous. « Il est le Grand Agissant,celui qui accomplit les actions sans le moindre désir, celui qui étant intérieurement silencieux,est libre de <strong>la</strong> conception <strong>du</strong> moi, et de l’identification avec les objets, celui qui accomplitles actions sans jamais se décourager et sans jamais avoir peur ; qui est sans désirpour les objets, qui est toujours un pur témoin de tout, avec une vision égale sur tout. Son168
esprit n’est jamais perturbé, que ce soit par <strong>la</strong> naissance ou <strong>la</strong> mort de quoi que ce soit, l’apparitionou <strong>la</strong> disparition de quoi que ce soit. »« Il est the great enjoyer, le Grand Jouissant, le Grand Appréciateur, celui qui ne rejetterien et ne <strong>recherche</strong> intensément rien, celui qui, sans émotions, apprécie pleinement et complètementtoutes les choses qui viennent à lui. » Ici nous retrouvons un enseignement important: tout ce qui vient à nous vient à nous parce que nous l’avons attiré, consciemmentou inconsciemment, par les chaînes de causes et d’effets dont nous participons. Tout ce quivient à nous nous correspond. C’est à nous que cet événement arrive, ce n’est pas à notrevoisin. C’est une vérité qui doit être vue, vue et acceptée, et qui ne doit plus être remise encause : c’est à moi que ce<strong>la</strong> arrive, et il ne sert à rien de le refuser, je ne peux pas ne pas yfaire face. Tout ce qui vient à nous, vient à nous parce que nous l’avons attiré, et tout ce quivient à nous, vient à nous comme une possibilité d’être emporté par l’émotion (l’enthousiasmeou le refus) ou, au contraire, comme une possibilité de progresser dans le sens del’enseignement donné à Râma dans <strong>la</strong> forêt.« Il ne perd jamais l’équilibre de son esprit, même quand il est en train d’apprécier desp<strong>la</strong>isirs et des souffrances en vérité illusoires, qui normalement font vivre dans <strong>la</strong> crainte etnon pas dans <strong>la</strong> béatitude. »Cet enseignement est très dense. La façon habituelle de vivre a pour but de nous fairevivre dans <strong>la</strong> joie, le plus heureux possible. C’est ce que chacun <strong>recherche</strong> : heureux de boireson verre d’eau s’il a soif, heureux d’habiter sa nouvelle maison si c’était ce<strong>la</strong> son but, heureuxde s’inscrire dans un club de voile s’il en a longtemps rêvé. En fin de compte, si on regardebien, on peut voir que <strong>la</strong> dominante d’une existence, dominante qui est tout le temps niée etrefoulée mais qui reste là, c’est <strong>la</strong> crainte. On ne se sent jamais parfaitement en sécurité :« Et si je tombe ma<strong>la</strong>de, et si on augmente les impôts, et si le dol<strong>la</strong>r est dévalué, et s’il y a destroubles politiques en France, et s’il y a une nouvelle guerre entre Israël et les Arabes, etsi... » que sais-je ?La manière habituelle d’approcher les joies et les peines, en distinguant très précisémentce qui nous rend heureux et ce qui nous rend malheureux, ce que nous aimons et ce que nousn’aimons pas, fait que notre vie n’est pas installée dans <strong>la</strong> béatitude mais installée dans <strong>la</strong>crainte. Et voilà qu’il est dit : « Celui qui apprécie pleinement ces joies, en fait illusoires, etces peines, en fait illusoires. » Voilà encore qui mérite un moment d’attention. D’abord quesignifie illusoire, dans ce contexte ? Ce<strong>la</strong> signifie : qui n’a pas <strong>la</strong> réalité que nous lui attribuons.Revenez à l’exemple si simple <strong>du</strong> film : le film n’est pas une illusion complète, maisc’est re<strong>la</strong>tivement une illusion, puisqu’en fait il y a un écran, qui n’est même pas mouillé oudéchiré quand le film de pêche sous-marine ou de guerre est terminé. De <strong>la</strong> même façon, ceque vous fuyez désespérément et qui vous terrifie, ce que vous voulez si intensément et quivous fascine, n’a pas cette réalité absolue que vous lui attribuez. Et c’est ce<strong>la</strong> qui peut être vu,compris. Plus on le voit et plus on le comprend, plus on se trouve dégagé intérieurement decette double tension d’attraction et de répulsion, de peur et de désir. Ce caractère illusoirepeut être compris à bien des niveaux. Il peut être compris d’abord à un niveau simple et psychologique: les choses changent, passent, elles ne <strong>du</strong>rent pas, il y a tout le temps de nouvelleschaînes de causes et d’effets qui interviennent pour les remettre en question. À un niveaumétaphysique, correspondant à un p<strong>la</strong>n de conscience plus élevé, toutes ces formes changeantessont simplement des expressions prises par une unique réalité sous son aspectd’énergie (atman shakti), sous son aspect dynamique ou manifesté.169
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qui vous coupe de la réalité du m
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L’émotion négative superpose «
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