dans les heures et les minutes de <strong>la</strong> pensée ordinaire ; c’est un état définitif. La distinction<strong>du</strong> moi et <strong>du</strong> non-moi a disparu. État grandiose, transcendant, incompréhensible au mental.C’est écrit en toutes lettres dans tous les enseignements : Il n’y a plus d’altérité, il n’y a plusdistinction de celui qui connaît, <strong>la</strong> connaissance et ce qui est connu. Les trois se révèlentn’être qu’un. Seulement, si je regarde quelqu’un en face de moi, je vois qu’il y a moi, qu’il y ace quelqu’un, et qu’il y a une re<strong>la</strong>tion de connaissance entre lui et moi. Je prends consciencede lui comme un autre que moi. Mais, si ce qui est pour l’homme normal l’évidence qu’on nesonge pas à discuter peut être dépassé, si cette évidence de l’état de conscience ordinaire peutdisparaître, elle ne disparaîtra certainement pas tant que l’autre sera là, contraignant, attirantou menaçant, en face de moi. Et j’aurai beau faire silence intérieurement, fermer les yeux ouavoir le regard fixe et faire vibrer en moi <strong>la</strong> syl<strong>la</strong>be AUM ou le mantram Shivoam, tant quecette re<strong>la</strong>tion <strong>du</strong>elle avec l’autre n’aura pas disparu, <strong>la</strong> réalisation de l’atman n’aura pas lieu.C’est très beau de dire : « Quand j’aurai réalisé l’atman, toute <strong>du</strong>alité disparaîtra », mais ce<strong>la</strong>ne se pro<strong>du</strong>ira jamais. Peut-être des états de conscience extraordinaires, mais non <strong>du</strong>rables.Les vasanas, les tendances <strong>du</strong>alistes, égoïstes, indivi<strong>du</strong>alistes dans les profondeurs de l’inconscientse manifestent de nouveau. Vous voilà de nouveau dans votre conscience de créaturelimitée, finie, incomplète, insatisfaite, désireuse d’avoir, menée par des besoins, des impulsionsqui vous poussent à entrer en re<strong>la</strong>tion avec un autre, impérativement, sous peine defrustration, de souffrance, et qui vous remettent dans <strong>la</strong> peur, dans <strong>la</strong> crainte <strong>du</strong> mal que cetautre, sous quelque forme qu’il apparaisse, peut vous faire. Dans cette direction, toute uneprise de conscience est possible, peu à peu, en ce qui concerne l’autre extérieur à vous ; ettoute une prise de conscience est possible, peu à peu, en ce qui concerne l’autre intérieur àvous, c’est-à-dire les phénomènes qui se pro<strong>du</strong>isent au niveau des différents koshas, des revêtements<strong>du</strong> <strong>Soi</strong>.Je ressens : il y a moi et ma douleur, que je n’accepte pas, que je refuse ; il y a moi et monangoisse, que je n’accepte pas, que je refuse ; et cette <strong>du</strong>alité est un mensonge. La vérité, toujours,à tous les niveaux, est une sans un second, et le mental ne cesse de créer ce second. Je voudraisque ces vérités simples, qui doivent être prises au sérieux et dont on doit tirer toutes lesconséquences, vous apparaissent comme liées à <strong>la</strong> vérité centrale de <strong>la</strong> sadhana, de l’éveil, de<strong>la</strong> réalisation de <strong>la</strong> non-<strong>du</strong>alité. Tant qu’il y a <strong>du</strong>alité, il y a insatisfaction. Tant qu’il y adeux, il y a peur, peur que l’autre devienne mon ennemi ou, si l’autre est mon ami, peur qu’ilm’abandonne, qu’il me <strong>la</strong>isse, que mon amour soit brisé. Il n’y a de Réalisation, d’Éveil, deBéatitude, que si toute re<strong>la</strong>tion avec l’autre a été transcendée et que <strong>la</strong> conscience de l’unitéest définitive, permanente.Je vais parler un <strong>la</strong>ngage très simple, très concret, dans le re<strong>la</strong>tif, même si nous devonsaboutir à une conscience qui nous montrera que <strong>la</strong> distinction <strong>du</strong> re<strong>la</strong>tif et de l’Absolu estencore une distinction <strong>du</strong> mental et qu’en vérité « le samsara, c’est le nirvana » et « le nirvana,c’est le samsara », que <strong>la</strong> forme c’est le Vide et le Vide c’est <strong>la</strong> forme.Comment est-ce que, pour un être humain normal, cette <strong>du</strong>alité commence ? Je vous l’aidéjà dit : à <strong>la</strong> naissance. Le bébé non encore né est conscient, à sa façon, et ce n’est pas unbloc de bois qui brusquement devient conscient à <strong>la</strong> seconde même où <strong>la</strong> tête apparaît hors<strong>du</strong> vagin de <strong>la</strong> femme. Le foetus ne perçoit pas un autre que lui. Il est dans un état de conscienceoù il n’y a pas un autre que lui ; il n’y a pas un extérieur à lui ; il n’y a pas « moi etquelque chose d’autre ». Tout est lui, tout ce dont il a conscience est lui. Puis, brusquement,un autre que lui se manifeste et même très fort : ce sont les contractions de <strong>la</strong> mère qui le60
poussent au-dehors. Le voilà séparé <strong>du</strong> milieu avec lequel il était confon<strong>du</strong> et le voilà maintenantdehors. Ses sens sont frappés par des impressions venant d’un « autre que lui » : unelumière, un bruit, des paroles, un froid, un chaud, des sensations. Il fait brusquement l’expériencede <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité, et il <strong>la</strong> fait dans <strong>la</strong> souffrance, <strong>la</strong> perturbation, comme aussi de tout cequi peut diminuer cette souffrance, c’est-à-dire <strong>la</strong> chaleur <strong>du</strong> sein, <strong>la</strong> caresse, <strong>la</strong> tendressematernelle. Les mères hindoues massaient leur bébé, faisaient tout pour rendre acceptable àce bébé le fait d’être venu au monde. A partir de là, toute l’expérience de l’être humain s’installedans <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité. La mère est parfois source de bien-être si elle caresse l’enfant, si elle leserre dans ses bras, si elle lui donne les contacts physiques dont il a avant tout besoin commebébé, si elle apaise ses ma<strong>la</strong>ises ; et elle est source de souffrance, si elle repousse le bébé, leremet dans son berceau après l’avoir pris dans ses bras, arrache le sein quand elle pense qu’i<strong>la</strong> suffisamment tété, le réveille dans son sommeil. La mère devient de plus en plus deux pourl’enfant, à mesure qu’elle-même sent de plus en plus l’enfant comme un autre qu’elle etcommence à se fâcher contre lui, à moins l’aimer, à avoir assez de l’entendre crier, à s’énerverparce qu’il s’est sali plus qu’elle ne le prévoyait. Cette <strong>du</strong>alité se confirme et s’accroît. Nousvoici en pleine psychologie et même si <strong>la</strong> psychologie est privée de racines métaphysiques ettraditionnelles, même si c’est une science limitée, incomplète et qui parfois s’égare, il seraitmalhonnête de ne pas reconnaître qu’elle a redécouvert chez nous un certain nombre de vérités.Il serait malhonnête aussi de dire qu’elle les a découvertes et que ces vérités n’ont jamaisété connues avant <strong>la</strong> psychologie moderne.À partir de <strong>la</strong> naissance, l’expérience de l’être humain est une expérience de <strong>du</strong>alité. Jevous assure que le bébé, le petit enfant ne sent pas que « tout est brahman, je suis brahman,il n’y a qu’Un » ! Le petit enfant sent peu à peu : « Je suis moi, tout le reste n’est pas moi ;parfois, je suis heureux, parfois, je suis malheureux... » Voilà comment <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité et <strong>la</strong> multiplicitédeviennent l’expérience humaine ordinaire. Une séparation se marque de plus en plusentre le moi et le non-moi, séparation qui est exactement le contraire de <strong>la</strong> non-<strong>du</strong>alité : Un,un, un-sans-un-second. C’est un second, et puis un autre, et puis un autre, et puis un autre.Ces expériences <strong>du</strong>elles sont ressenties comme bonnes ou mauvaises, agréables ou désagréables,ce qui constitue tout simplement ce que nous appelons le bien et le mal. Ce bien et cemal correspondent d’abord à ce qui est uniquement sensoriel puis, à mesure que <strong>la</strong> mémoireet <strong>la</strong> pensée s’organisent un peu, les sensations deviennent des émotions, avec des élémentsde crainte parce qu’on reconnaît certaines souffrances anciennes qui apparaissent comme desmenaces. À l’expérience brute, <strong>la</strong> mémoire rajoute une émotion en comparant avec une expérienceancienne et en vivant l’expérience nouvelle à <strong>la</strong> lumière de l’expérience ancienne, enl’interprétant à travers le mental, en pensant que ce<strong>la</strong> va <strong>du</strong>rer, que ce<strong>la</strong> va pro<strong>du</strong>ire les mêmesrésultats dont on a déjà souffert autrefois. La mémoire enrichit et renforce cette expériencede <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité en c<strong>la</strong>ssant ensemble les expériences <strong>du</strong> même genre, et peu à peu, <strong>la</strong> viese divise en deux : ce que je considère comme le bien et ce que je considère comme le mal, ceque j’aime et ce que je n’aime pas, ce qui m’attire et ce qui me repousse. Nous retrouvonscette « attraction » et cette « répulsion », fondamentales dans tous les enseignements ésotériques.Seulement, <strong>la</strong> situation s’aggrave d’une nouvelle <strong>du</strong>alité qui n’est plus entre moi et l’événementextérieur, que j’aime, que je veux, qui m’attire, ou au contraire qui me menace, quim’effraie, que je veux fuir. C’est une distinction, un clivage à l’intérieur de moi. Quand l’événementest ressenti comme pénible, <strong>la</strong> sensation pénible est elle-même refusée, <strong>la</strong> conscience61
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voyais même pas l’araignée au p
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la corde. Il n’y a pas de serpent
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Rendez-vous compte : « J’agis to
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tent l’opposition et vous ne fere
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en particulier. Examinez votre prop
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comme l’écran du cinéma est lib
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comprendre les différents aspects
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et mystique, qu’il s’agisse du
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l’aient dit et proclamé. Mais, q
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est soumis à l’alternance de l
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un mensonge, tous les enseignements
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Dieu et qui vieillissent amers et d
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S’il y a un mot qui ne doit pas
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ne veut pas dire pour autant que vo
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être pur, conscience pure, béatit