ses émotions. La buddhi, au lieu de penser une situation, <strong>la</strong> voit et <strong>la</strong> reconnaît telle qu’elleest. Elle tient compte de <strong>la</strong> totalité de cette situation de façon neutre, objective.À mesure qu’on progresse sur le chemin, qu’on est de plus en plus libre vis-à-vis de sesémotions, de ses refus et de ses désirs, qu’on est de moins en moins égoïste, l’action change.Un sentiment nouveau de dignité personnelle commence à intervenir, par lequel on trouvesa satisfaction dans <strong>la</strong> valeur même de l’action. C’est un des aspects de ce que les hindousappellent le dharma : voilà ce qui m’est demandé à moi, dans <strong>la</strong> situation présente. En attendantd’être libre, d’incarner en soi-même <strong>la</strong> vérité, <strong>la</strong> justice, le bien et <strong>la</strong> loi, l’homme quiveut servir cette justice se soumet au dharma, qui lui enseigne comment agit un père en tantque père, un fils en tant que fils, un patron en tant que patron, un employé en tant qu’employé.Les motivations impulsives et indivi<strong>du</strong>alistes de l’ego s’effacent peu à peu et uneconviction grandit, qu’il est au-dessous de notre dignité d’agir comme un enfant emporté.Nous voulons – non pour nous soumettre à une autorité que nous ne comprenons pas etqu’au fond de notre cœur nous refusons, mais au contraire très délibérément – agir de façonjuste. Peu à peu l’inspiration vient de l’intérieur, vient de nous-même. C’est une question dedignité. Je ne peux plus agir comme un enfant, je ne peux pas ne pas commencer à agircomme un a<strong>du</strong>lte. L’a<strong>du</strong>lte ne voit pas seulement le monde en fonction de lui et de ses intérêtspersonnels. L’a<strong>du</strong>lte trouve sa dignité dans l’é<strong>la</strong>rgissement de ses préoccupations. Aulieu de penser que l’univers entier doit vivre pour lui, comme le fait le petit enfant, il penseque le moment est venu où il peut commencer à vivre pour les autres et trouve normal d’agirpour un bien autre que le bien exclusif et limité de son ego. Peu à peu, <strong>la</strong> réaction fait p<strong>la</strong>ce àl’action. L’enfant cherche seulement à recevoir, l’a<strong>du</strong>lte est prêt à donner. L’enfant trouve sajoie à recevoir, l’a<strong>du</strong>lte trouve sa joie à donner. C’est donc une forme nouvelle d’action. L’indivi<strong>du</strong>est devenu une personne, en re<strong>la</strong>tion avec tant d’autres, située dans un dharma, fils oufille en face de ses parents, père ou mère en face de ses enfants, et ainsi de suite. C’est unenotion qui a pratiquement disparu de <strong>la</strong> société d’aujourd’hui, où l’égoïsme infantile et névrotiquerègne en maître, n’apportant <strong>la</strong> paix et <strong>la</strong> joie à personne.Mais cette action relève encore de l’effort. Il y a conscience d’un ego avec ses désirs et sesrefus, qui sont simplement moins contraignants. Il y a conscience que les refus et les désirsde l’ego ne sont pas tout, qu’ils sont un élément dont il est juste de tenir compte, mais unélément seulement, de chaque situation. Celui qui agit, le doer, devient plus ferme, plusstructuré en nous, capable de se situer à l’intérieur des émotions, des peurs et des désirs, etde chercher consciemment à agir de façon de plus en plus juste. Mais il y a encore impressionde responsabilité personnelle, de difficulté, de lutte, d’effort qui disparaîtront au troisièmestade. À ce niveau, l’homme se demande : « Qu’est-ce qui est juste ? » – Non pas :« De quoi est-ce que j’ai envie ? Qu’est-ce que je voudrais faire ? », ou même : « Que vais-jefaire ? », mais simplement : « Qu’est-ce qui doit être fait ? Qu’est-ce qui est juste ? » Et cettenotion de justice, ou de justesse, est beaucoup plus précieuse que <strong>la</strong> notion si dangereuse debien et de mal. Le bien et le mal sont si facilement interprétés subjectivement que cette distinctiona con<strong>du</strong>it aux pires conflits. Tant qu’un homme vit encore dans l’illusion, dansl’aveuglement, ce qu’il appelle « Bien », c’est ce qui lui convient, ce sont les opinions qu’ilchérit. Mais, en face de lui, un autre homme appellera « Bien » d’autres opinions qu’il chéritégalement. Une action n’est accomplie que parce qu’elle est ressentie comme ce qui doit êtrefait. Seulement cette façon de ressentir ce qui doit être fait peut être uniquement impulsive,émotionnelle, aveugle, ou au contraire consciente. C’est toute <strong>la</strong> différence.160
Le seul critère de l’action, tant qu’on est encore sur le chemin, c’est de se demanderd’instant en instant : « Qu’est-ce qui est juste ? » – Mais comment le savoir ? Juste, au sens leplus précis <strong>du</strong> mot : 3 fois 5 = 15 ; c’est juste ; 3 fois 5 = 19, ce n’est plus juste. Juste, commeles calculs d’un ingénieur qui veut construire un pont, juste comme une série d’opérationsarithmétiques. Seulement comment savoir ce qui est juste ? Uniquement en dépassant lep<strong>la</strong>n <strong>du</strong> mental et des émotions, incapables de saisir ce qui est juste en soi. L’émotion nousemporte toujours, et le mental n’a jamais de peine à prouver <strong>la</strong> vérité de ce que l’émotion aressenti. Le mental ne voit pas : il pense. Il ne voit pas <strong>la</strong> situation telle qu’elle est, il <strong>la</strong> pensetelle que ça l’arrange qu’elle soit. Si l’on demande à l’intelligence combien font 3 fois 5, l’intelligencerépond : 15. Que dirions-nous d’un mental qui, à <strong>la</strong> même question, répondrait :12 ? – « Comment, 12 ? » – « Oui, 12 : les 12 mois de l’année, les 12 signes <strong>du</strong> Zodiaque, les12 apôtres <strong>du</strong> Christ. » Dans ces conditions, plus moyen de parler le même <strong>la</strong>ngage : c’est <strong>la</strong>Tour de Babel, <strong>la</strong> confusion des <strong>la</strong>ngues. « Comment, 3 fois 5 = 12 ? » – « Eh bien oui, 12 ;il n’y a pas 12 apôtres <strong>du</strong> Christ ? » – « Si, il y a bien 12 apôtres <strong>du</strong> Christ. » – « Alors, tuvois bien ! » – Vous ne pouvez plus parler : le mental a toujours raison. Demandez à cet autre: « Combien font 3 fois 5 ? » et imaginez qu’il réponde : 7. « Comment, 7 ? » – « Oui, 7 :les 7 notes de <strong>la</strong> gamme, les 7 jours de <strong>la</strong> semaine ; Mohammed n’a-t-il pas été con<strong>du</strong>it auSeptième Ciel ? » – « Ça n’a rien à voir. » – « Comment ? Il n’y a pas 7 notes de <strong>la</strong>gamme ? » – « Si, il y a bien 7 notes. » – « Tu vois bien !... » Une fois de plus, vous ne pouvezpas parler. Le mental ne veut rien savoir.Tous les jours, à chaque minute, <strong>la</strong> vie nous pose une demande : <strong>la</strong> demande d’une action,d’une action juste. La vie nous demande une action comme on nous demanderait combienfont 3 fois 5 et notre action sera <strong>la</strong> réponse adéquate, appropriée, juste, à cette demande,<strong>la</strong> demande des conditions et circonstances dans l’instant. Tant qu’il y a mental etémotion, <strong>la</strong> réponse sera n’importe quoi qui nous satisfasse, que nous croirons juste, et quine le sera pas. Que se passe-t-il ? Cette réaction, absolument indigne <strong>du</strong> nom d’action, quine correspond pas à <strong>la</strong> réalité d’une demande, mais simplement à notre aveuglement, va pro<strong>du</strong>iredes résultats que le mental n’aura pas su prévoir et qu’il refusera ensuite. On moissonnece qu’on a semé et nos actions ont d’innombrables conséquences. Chacune de nos actionsmet en jeu une nouvelle chaîne de causes et d’effets, d’actions et de réactions. Ce mécanisme,bien connu de tous ceux qui ont étudié les doctrines hindoues ou bouddhistes, lemécanisme <strong>du</strong> karma, fait que l’ego, tout en cherchant et en ne cherchant que sa satisfactionet son bien-être, se trouve, de jour en jour et d’année en année, dans des situations difficiles,imprévues, décevantes, et que le bonheur parfait lui échappe toujours. Il n’y a dans cette directionaucune espérance de paix ni de joie qui demeure.À mesure que le mental se dissout (mano<strong>la</strong>ya, dissolution <strong>du</strong> mental), à mesure que lesémotions deviennent de moins en moins fréquentes, de moins en moins fortes et de moinsen mois <strong>du</strong>rables, il est possible de commencer à entendre les véritables demandes, et parconséquent de donner <strong>la</strong> réponse juste. Peu à peu, le mécanisme ordinaire, <strong>la</strong> réaction impulsive,fait p<strong>la</strong>ce à une tout autre approche ; une approche libre, qui vient de l’intérieur,dans <strong>la</strong>quelle les marques trop fortes de l’é<strong>du</strong>cation, qui constituent une part <strong>du</strong> mental, sontremp<strong>la</strong>cées par <strong>la</strong> compréhension et <strong>la</strong> conscience. Je ne veux plus me <strong>la</strong>isser emporter parmes réactions. Je ne prends plus comme critère de mes actions mon intérêt immédiat, mescraintes, mes dégoûts, mes désirs. Je passe au-delà de ce p<strong>la</strong>n si limité mais tout-puissant del’ego, et je veux donner <strong>la</strong> réponse juste à <strong>la</strong> situation <strong>du</strong> moment. À mesure que les émo-161
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