perdre là-dedans. Pendant trois mille, quatre mille ans, les gens se sont accommodés <strong>du</strong> régimequi était là, et l’Égypte, l’Inde, <strong>la</strong> Chine, l’Is<strong>la</strong>m, le Moyen Âge chrétien ont pro<strong>du</strong>itdes civilisations splendides dont nous avons gardé des témoignages, des textes, des œuvresd’art. Aujourd’hui le cours des événements change, c’est certain, mais ceux qui croient lechanger librement sont dans l’illusion. Lénine, Trotski, tous les leaders russes, qu’ils aientété ou non condamnés par Staline, ont accompli le scénario décrit deux mille ans auparavant.C’est un fait qu’il faut accepter pour être dans <strong>la</strong> vérité et trouver <strong>la</strong> liberté qui est d’unautre ordre, sur un autre p<strong>la</strong>n. Le Christ a dit « Mon royaume n’est pas de ce monde, vousaurez des tribu<strong>la</strong>tions par le monde, mais prenez courage, J’ai vaincu le monde. » On a demandéau Bouddha : Combien de temps va <strong>du</strong>rer l’ordre juste <strong>du</strong> bouddhisme ? Il a répon<strong>du</strong>: deux mille cinq cents ans. Du temps même <strong>du</strong> Bouddha, il y a eu beaucoup de désordres.Chaque fois qu’on en signa<strong>la</strong>it un au Bouddha, il proc<strong>la</strong>mait un nouveau règlement,une nouvelle loi. Toute une partie des écritures bouddhistes consiste en des lois destinées àremédier au désordre. De nombreuses paroles <strong>du</strong> Bouddha décrivent comment <strong>la</strong> Sangha vadégénérer, avec, par moments, des sursauts, des ressaisissements, mais selon un mouvementinévitable de dégradation. Effectivement, dans le monde, le bouddhisme, en tant que religionmondiale, se dégrade partout, lui aussi.Tous les enseignements ont conservé, soit cachées, ésotériques, soit beaucoup plus ouvertes,des descriptions de ce qu’al<strong>la</strong>ient être l’évolution et l’ordre <strong>du</strong> monde au cours dessiècles futurs. Alors, où est <strong>la</strong> liberté ?La première étape sur le chemin, c’est de se convaincre qu’on n’a pas de liberté, de s’enconvaincre avec sa tête et sa pensée, avec son cœur en voyant comment on est entièrementau pouvoir des émotions, avec son corps en voyant comment on est emporté dans ses gesteset ses actions. Aucun de vous ne sait à quoi il va penser ce soir avant de s’endormir, aucun devous ne connaît les premières associations d’idées qui vont lui venir demain en se réveil<strong>la</strong>nt,quelle va être <strong>la</strong> journée de demain : Sophie va avoir une émotion parce que Jean-Paul, menépar des chaînes de causes et d’effets, va tout d’un coup faire une réflexion, un geste, une p<strong>la</strong>isanterie; ce<strong>la</strong> va soulever une émotion et cette émotion va entraîner une action, un autregeste, un sourire, une grimace, une réponse. Puis cette action va soulever ailleurs une autreréaction. Ce<strong>la</strong> va se dérouler comme ça, de seconde en seconde. Quelle différence y a-t-ilentre un sage et un homme non sage, entre un homme « libéré » et un homme non libéré ?L’homme libéré sait qu’il n’est pas libre. Et l’homme non libéré se croit libre. Voilà <strong>la</strong> différence.« L’esc<strong>la</strong>vage complet, c’est <strong>la</strong> liberté parfaite. » Un acteur qui joue une pièce dont le quatrièmeet le cinquième acte sont déjà écrits et qui, de répliques en répliques, se <strong>la</strong>isse porterpar le texte, ressent intérieurement une impression merveilleuse de liberté qui fait que c’estextraordinaire pour lui d’être en scène tous les soirs. Si quelqu’un me <strong>la</strong>nçait : « Et vous,monsieur Desjardins, vous êtes libre ? » Je répondrais – « Non, pas <strong>du</strong> tout. Je ne suis libre nide vieillir ou de ne pas vieillir, ni d’attraper une ma<strong>la</strong>die quelconque si je respire des microbes,ni de devoir faire face aux événements qui vont venir : une convocation <strong>du</strong> percepteur,un coup de téléphone, un incendie qui se déclenche, n’importe quoi, tous les événements quivont arriver et qui vont se dérouler. Mais, intérieurement, oui j’ai <strong>la</strong> conscience d’être libre.Je peux être conscient de l’écran sur lequel le film se projette, lequel écran n’a pas une éraflurede balle même si on a tiré à <strong>la</strong> mitrailleuse pendant tout le film. »Regardez maintenant d’un peu plus près en quoi consiste cette non-liberté dans votreexistence de tous les jours, plus même : de tous les instants. Vous ne pourrez commencer à148
comprendre les différents aspects <strong>du</strong> chemin vers <strong>la</strong> liberté que si vous avez d’abord bien vuet reconnu votre servitude. En même temps, je vous donnerai déjà quelques indications surles possibilités qui s’offrent à vous pour commencer à desserrer l’étreinte de cet esc<strong>la</strong>vage. Nevous attendez pas à des révé<strong>la</strong>tions mystérieuses sur <strong>la</strong> haute méditation. Mais les véritéssimples que je vais vous transmettre ont le mérite d’être praticables, de donner des résultatset de contribuer, pour leur part, à l’indispensable « destruction <strong>du</strong> mental ».J’ai dit bien souvent, et je le redis encore : les mêmes termes peuvent être utilisés pourdécrire le point de départ et le point d’arrivée <strong>du</strong> chemin ; les mêmes expressions peuventdésigner <strong>la</strong> liberté et l’extrême asservissement. En voici encore un exemple. Au début <strong>du</strong>chemin, l’homme change sans arrêt, il n’a aucune permanence, à chaque instant il est un autreen fonction des conditions et des circonstances. Je reprends exactement cette mêmephrase et je dis : « Au bout <strong>du</strong> chemin, l’homme change sans arrêt, il n’a aucune permanence,à chaque instant, il est un autre en fonction des conditions et des circonstances. » Lamême phrase, exactement <strong>la</strong> même. Je peux <strong>la</strong> commenter comme désignant l’inexistence, lenon-être de l’homme au début <strong>du</strong> chemin, et <strong>la</strong> parfaite liberté de l’homme au bout <strong>du</strong> chemin.Comprendre pourquoi les mêmes mots peuvent désigner deux réalités si différentes esttout à fait essentiel.Au début <strong>du</strong> chemin, l’homme est un kaléidoscope. Chaque fois que les circonstancesextérieures agissent sur lui, il change, comme le kaléidoscope dont les figures se décomposentet se composent indéfiniment. Avec un certain nombre de morceaux de verre de couleurs,toujours les mêmes, d’innombrables figures peuvent être formées, déformées, indéfiniment.Il en est exactement de même pour l’être humain. Les hommes n’en sont pas conscients,ils sont convaincus d’avoir en eux une stabilité, une permanence, ce qui est absolumentfaux. L’observation de soi, attentive, impartiale, qui seule peut mener à <strong>la</strong> connaissancede soi, permet de s’en rendre compte. Vous êtes décomposés et recomposés sans cesse, exactementcomme le kaléidoscope. La sonnerie <strong>du</strong> téléphone retentit, vous êtes à l’instantmême un autre que celui que vous étiez avant que <strong>la</strong> sonnerie n’ait commencé à retentir.Vous entendez un timbre de voix au bout <strong>du</strong> fil : suivant que cette voix sera connue ou inconnue,agréablement reconnue ou désagréablement reconnue, vous serez encore un autre.Et ainsi de suite... Vous sortez de <strong>la</strong> chambre, vous entrez dans <strong>la</strong> grande salle ; suivant quecette salle est chaude ou g<strong>la</strong>cée, c’est un autre personnage qui apparaît à <strong>la</strong> surface. S’il y aquelqu’un dans cette salle, suivant ce qu’il est en train de faire, un autre personnage en vousva apparaître à <strong>la</strong> surface. Comme ce<strong>la</strong>, indéfiniment. Les instants se succèdent, dans lesquels,tant sur le p<strong>la</strong>n physique (les jeux de contraction et de relâchement muscu<strong>la</strong>ires), quesur le p<strong>la</strong>n vital (les fonctions physiologiques) et que sur le p<strong>la</strong>n émotionnel et mental, il y atoujours modification. L’être ordinaire n’est rien d’autre que l’ensemble et <strong>la</strong> suite de ces modifications.Il est transformé comme un kaléidoscope par les influences venues de l’extérieurqui l’attirent ou le repoussent ; il est comme une marionnette dont les stimu<strong>la</strong>tions extérieurestirent les fils. Parfois, c’est assez conscient, parfois c’est inconscient. Il faut une grandehabitude de l’observation de soi et de <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce pour se rendre compte comment notre étatd’être ou état de conscience se modifie sans cesse. Il n’y a là aucune liberté. Tout est jeu del’action et de <strong>la</strong> réaction, de <strong>la</strong> cause et de l’effet.Observez un dîner. Même si vous avez renoncé aux re<strong>la</strong>tions mondaines, faites-vous inviterune fois à un dîner « mondain », regardez et voyez : Ceux qui arrivent les premiers etqui sont ennuyés d’être les premiers ; celui qui arrive en retard et qui est ennuyé d’arriver le149
- Page 2 and 3:
ARNAUD DESJARDINSAdhyatma yogaÀ la
- Page 5:
À mon tour j’ai tenté de retran
- Page 8 and 9:
cette relation, la deviner ou la co
- Page 10 and 11:
de la mission du Christ sur terre a
- Page 13 and 14:
Autrefois, le gourou avait pour rô
- Page 15 and 16:
L’éducation, ce n’est pas l’
- Page 17 and 18:
vous trouvez l’égalité d’hume
- Page 19 and 20:
Mais, parce que le plus souvent - e
- Page 21 and 22:
tantra, le fait de dépendre d’un
- Page 23 and 24:
tier..., des responsabilités... Si
- Page 25 and 26:
lui faisait toujours déplacer une
- Page 27 and 28:
tage, mais elle est encore plus dif
- Page 29 and 30:
damayi. Alors, comment est-ce que j
- Page 31 and 32:
DEUXLes revêtements du « Soi »L
- Page 33 and 34:
vêtements. D’un certain point de
- Page 35 and 36:
m’appelle : « Où es-tu ? » et
- Page 37 and 38:
dormir), s’accoupler (ou chercher
- Page 39 and 40:
que d’un physicien américain ath
- Page 41 and 42:
transcend body consciousness, ou to
- Page 43 and 44:
commencer à contrôler la circulat
- Page 45 and 46:
mis ; celui qui, si je puis dire,
- Page 47 and 48:
condition humaine dans l’illimit
- Page 49 and 50:
trace de conscience personnelle dis
- Page 51 and 52:
ien que des maîtres du bouddhisme
- Page 53 and 54:
ticulière : monsieur ou madame Unt
- Page 55 and 56:
Me voilà sous le visage de Christi
- Page 57 and 58:
le pronom masculin, Cela désignera
- Page 59 and 60:
Il existe encore une autre dualité
- Page 61 and 62:
poussent au-dehors. Le voilà sépa
- Page 63 and 64:
que ou de psychologie, la vérité
- Page 65 and 66:
Et ce n’est pas encourageant de v
- Page 67 and 68:
une horreur pareille ! L’homme or
- Page 69 and 70:
Les doctrines traditionnelles affir
- Page 71 and 72:
monde de son espèce. C’est une i
- Page 73 and 74:
n’existe pas pour moi, si je n’
- Page 75 and 76:
Cette réalité échappe au temps,
- Page 77 and 78:
QUATREL’acceptationN’ oubliez p
- Page 79 and 80:
tophone qui tomberait en panne aujo
- Page 81 and 82:
limite dans laquelle accepter et to
- Page 83 and 84:
qui vous coupe de la réalité du m
- Page 85 and 86:
encore jamais faite, sauf à certai
- Page 87 and 88:
L’émotion négative superpose «
- Page 89 and 90:
cidé à progresser. C’est toujou
- Page 91 and 92:
le mécanisme du disjoncteur : celu
- Page 93 and 94:
cient, cela attire mon attention su
- Page 95 and 96:
n’y a plus moi avec ma forme part
- Page 97 and 98: je ne vais pas faire cet effort afi
- Page 99 and 100: dualité, je lui donne le droit à
- Page 101 and 102: plus sur le chemin qui va du sommei
- Page 103 and 104: là ne veut pas dire donner un coup
- Page 105 and 106: elâchement, cette détente ne peuv
- Page 107 and 108: désirs que nous allons trouver la
- Page 109 and 110: vous qui connaissez bien Les Chemin
- Page 111 and 112: dans les anciens textes : « Devien
- Page 113 and 114: m’attends à ce qu’une personne
- Page 115 and 116: la fermeture des portes ; il faut p
- Page 117 and 118: est-ce que ce désir peut être ré
- Page 119 and 120: tait non plus dans la honte, mais d
- Page 121 and 122: Mais il n’y a jamais d’injustic
- Page 123 and 124: correspond, dans une autre terminol
- Page 125 and 126: fait partie, traduisent par surimpo
- Page 127 and 128: voyais même pas l’araignée au p
- Page 129 and 130: sans un second. Le serpent n’est
- Page 131 and 132: la corde. Il n’y a pas de serpent
- Page 133 and 134: SIXKarma et dharmaC haque fois que
- Page 135 and 136: Rendez-vous compte : « J’agis to
- Page 137 and 138: tent l’opposition et vous ne fere
- Page 139 and 140: en particulier. Examinez votre prop
- Page 141 and 142: flou, d’arbitraire, ni de subject
- Page 143 and 144: comme l’écran du cinéma est lib
- Page 145 and 146: etc. Vous finirez par trouver un ce
- Page 147: Cette absence de liberté permet la
- Page 151 and 152: trouve. Dans les Fragments d’un e
- Page 153 and 154: le nombre des comédiens augmente p
- Page 155 and 156: À cet égard, dans la société ac
- Page 157 and 158: engagés sur le chemin de l’honn
- Page 159 and 160: SEPTMahakarta, MahabhoktaL e chemin
- Page 161 and 162: Le seul critère de l’action, tan
- Page 163 and 164: Peu à peu, cette demande de la sit
- Page 165 and 166: qui demeurent ? Ce sont le mental e
- Page 167 and 168: L’enseignement du vedanta met en
- Page 169 and 170: esprit n’est jamais perturbé, qu
- Page 171 and 172: Je continue la description du « Gr
- Page 173 and 174: et mystique, qu’il s’agisse du
- Page 175 and 176: l’aient dit et proclamé. Mais, q
- Page 177 and 178: est soumis à l’alternance de l
- Page 179 and 180: solu et non plus relatif. Et seul l
- Page 181 and 182: un mensonge, tous les enseignements
- Page 183 and 184: Dieu et qui vieillissent amers et d
- Page 185 and 186: son niveau d’expérience actuelle
- Page 187 and 188: tenant, au contraire. Un jour, le B
- Page 189 and 190: S’il y a un mot qui ne doit pas
- Page 191 and 192: ne veut pas dire pour autant que vo
- Page 193 and 194: être pur, conscience pure, béatit