face. Ensuite j’ai décidé finalement que j’al<strong>la</strong>is essayer de tuer cette araignée. J’ai été chercherune table, en essayant de <strong>la</strong> porter et non pas de <strong>la</strong> traîner pour ne réveiller personne dansl’ashram où tout le monde était couché, j’ai p<strong>la</strong>cé une chaise sur cette table, j’ai fait unegrosse boule de chiffons pour écraser l’araignée d’un seul coup, et, quand j’ai eu le nez surcette araignée, j’ai vu brusquement qu’il n’y avait aucune araignée mais simplement une craquelureen étoile au p<strong>la</strong>fond. J’avais redécouvert spontanément <strong>la</strong> fameuse comparaison de <strong>la</strong>corde et <strong>du</strong> serpent.Par conséquent regardez bien, d’après cet exemple, comment fonctionne le mental.Le mental a deux fonctionnements. Le premier, c’est de me cacher, de me voiler <strong>la</strong> réalitéde <strong>la</strong> corde ou <strong>la</strong> réalité de <strong>la</strong> craquelure, ce que j’ai appelé une fonction d’occultation. Jene peux plus voir <strong>la</strong> corde et je ne peux plus voir <strong>la</strong> craquelure dans le plâtre <strong>du</strong> p<strong>la</strong>fond. Et <strong>la</strong>seconde fonction <strong>du</strong> mental c’est de me faire voir une araignée qui n’existe pas, de me fairevoir un serpent qui n’existe pas. C’est vrai à tous les niveaux. Mais dans les textes c<strong>la</strong>ssiques<strong>du</strong> vedanta <strong>la</strong> comparaison de <strong>la</strong> corde et <strong>du</strong> serpent est donnée non pas à un niveau de psychologiemais à un niveau de métaphysique. Le mental voile <strong>la</strong> réalité, que les hindous appellentbrahman au neutre – ou encore l’atman, le <strong>Soi</strong>, qui n’est pas autre chose que brahmanselon l’affirmation de toutes les grandes paroles des Upanishads.Le mental nous cache <strong>la</strong> Réalité (nous cache l’atman, nous cache le brahman) et il <strong>la</strong> cacheen nous faisant voir un monde qui est multiple au lieu d’être unique, soumis au temps aulieu d’être éternel, dans lequel tout est toujours effet d’une cause, dans lequel rien, jamaisn’existe par soi-même.Voilà les trois caractéristiques de ce monde : le temps (le changement), l’espace (<strong>la</strong> multiplicité,<strong>la</strong> distance, <strong>la</strong> séparation des objets) et <strong>la</strong> causalité. Nous ne pouvons, à ce niveau-là,rien voir qui échappe au temps, qui échappe à l’espace et qui ne soit pas l’effet d’une cause.Ce monde est celui de <strong>la</strong> mesure. Rien n’existe qui ne soit pas mesurable dans une unité demesure ou une autre.Métaphysiquement, le mental ou manas inclut donc l’ensemble de toutes les facultéspsychiques de l’homme, même ce que les hindous appellent lower buddhi c’est-à-dire <strong>la</strong>buddhi inférieure, car il existe une higher buddhi qui est une fonction transcendante, dépassantcomplètement <strong>la</strong> norme ou <strong>la</strong> mesure humaine. Même <strong>la</strong> buddhi, s’exerce à l’intérieurde cet aveuglement, puisque cette buddhi s’applique au monde phénoménal. Et c’est quandcette buddhi est capable de percer l’apparence <strong>du</strong> monde phénoménal qu’elle devient ce queles hindous appellent higher buddhi. Si c’est le même mot buddhi qui est utilisé, il y a bienune raison. La buddhi est une fonction d’intelligence qui, d’abord, s’exerce à l’intérieur <strong>du</strong>monde phénoménal et <strong>du</strong> monde multiple, <strong>du</strong> monde <strong>du</strong> temps, de l’espace et de <strong>la</strong> causalité,et qui a aussi <strong>la</strong> capacité de dépasser ce monde et de voir plus loin. C’est par <strong>la</strong> buddhique nous pouvons, tout d’un coup, découvrir qu’il n’y a pas de serpent mais une corde, qu’iln’y a pas d’araignée au p<strong>la</strong>fond de <strong>la</strong> chambre de l’ashram mais une craquelure en étoile dansle plâtre <strong>du</strong> p<strong>la</strong>fond. C’est <strong>la</strong> buddhi qui fait le lien entre ces deux mondes : le monde physiqueet le monde métaphysique.Mais si buddhi est pris simplement au sens d’intelligence objective et comme synonymede vijnana, l’intelligence scientifique, cette buddhi-là reste à l’intérieur <strong>du</strong> monde phénoménalet par conséquent c’est une buddhi qui s’applique non pas à <strong>la</strong> corde mais au serpent.Le mot sanscrit utilisé pour désigner cette fonction de création est tra<strong>du</strong>it en ang<strong>la</strong>is parsuperimposition. Ce mot superimposition n’existe pas en français. Certains auteurs, dont j’ai124
fait partie, tra<strong>du</strong>isent par surimposition. En fait, le mot surimposition signifie un excèsd’impôt au sens fiscal. On est surimposé quand on a à payer plus d’impôts qu’on en payaitjusque-là ou qu’on devrait en payer. Le mot surimposition, bien qu’il soit utilisé pour tra<strong>du</strong>irele superimposition ang<strong>la</strong>is, est donc impropre si nous voulons être très stricts dansl’usage de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue française. On pourrait dire superposition ou recouvrement. Ce mot recouvrementest peut-être le meilleur que nous pourrions utiliser. Un recouvrement qui cache.J’ai recouvert <strong>la</strong> craquelure par mon araignée et j’ai recouvert <strong>la</strong> corde par mon serpent.Mais cette fonction <strong>du</strong> mental est vraie à tous les niveaux. C’est <strong>la</strong> même buddhi qui intervientd’abord à l’intérieur <strong>du</strong> monde de <strong>la</strong> multiplicité, comme intelligence réelle, nonémotionnelle, et puis ensuite qui nous mène au-delà de ce monde des formes et des apparences,et c’est le même mental qui, à tous les niveaux, depuis le plus grossier jusqu’au plusraffiné, voile et superpose.La forme <strong>la</strong> plus grave <strong>du</strong> mental, c’est <strong>la</strong> psychose dans <strong>la</strong>quelle un être humain délire,voit un assassin et se sauve en hur<strong>la</strong>nt là où il n’y a qu’un homme absolument paisible etinoffensif. Ensuite le même mécanisme de superimposition, de recouvrement, existe dans <strong>la</strong>névrose, par <strong>la</strong>quelle un homme, au lieu de voir simplement son patron, voit l’image de sonpère dont il a si peur au fond de son inconscient. Par conséquent il ne voit plus réellementson patron, il voit quelqu’un d’autre. Le patron est peut-être bienveil<strong>la</strong>nt et l’employé voit unennemi hostile. Donc il ne voit plus l’homme réel et le mental crée à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce un homme artificiel.Et puis vient un moment où nous dépassons le niveau de <strong>la</strong> psychologie. Le mental memontre un être humain que j’ai devant les yeux mais que je fabrique parce que je le vois parcomparaison inconsciente à d’autres expériences antérieures, qui me font constater qu’il estgrand par opposition à petit, qu’il est gros par opposition à maigre. Je ne vois pas réellementce que j’ai sous les yeux. Je vois toujours – mais d’une façon beaucoup plus subtile qui nevous deviendra évidente que peu à peu – quelqu’un de ma fabrication. Et personne ne voitexactement de <strong>la</strong> même façon. C’est ce qui permet de dire que personne ne vit dans lemonde et que chacun vit dans son monde. Vous pouvez être sûr que, si vous prenez l’und’entre nous, Jean-Louis, personne ne voit le même Jean-Louis. Chacun voit Jean-Louis enfonction de son mental, de chitta, de ses souvenirs, des impressions qui l’ont marqué. Personnen’a une vision objective, chacun voit son Jean-Louis, chacun voit sa Christiane. Lemental fonctionne, recouvre ce qui est de ce qui n’est pas, de ce qui est inventé.Plus le mental devient raffiné, purifié, plus il se rapproche de cette buddhi, <strong>la</strong> vraie intelligence,et, plus <strong>la</strong> buddhi devient aiguë, subtile, plus elle peut enlever des voiles et voir plusprofondément à l’intérieur de <strong>la</strong> réalité. C’est une démarche parallèle à <strong>la</strong> démarche scientifiquequi, partie <strong>du</strong> monde de nos cinq sens, un morceau de bois, un bloc de pierre, a découvertun jour <strong>la</strong> structure de l’atome, le noyau, les particules, les rayons gamma, l’énergie fondamentaledont tout cet univers est une expression. Mais bien avant <strong>la</strong> démarche scientifiqueappuyée sur des instruments scientifiques de plus en plus perfectionnés, <strong>la</strong> démarche des rishishindous, <strong>du</strong> Bouddha, des grands yogis d’autrefois, avait découvert que le monde, tel quenos cinq sens le perçoivent, n’est qu’une convention et que <strong>la</strong> réalité <strong>du</strong> monde est une réalitéunique apparaissant comme multiple. Seulement, au lieu d’utiliser des instruments extérieurs,c’est l’être humain lui-même qui devenait l’instrument et les fonctions de l’être humainqui étaient perfectionnées à un point oublié aujourd’hui. Non pas qu’un savant n’ait125
- Page 2 and 3:
ARNAUD DESJARDINSAdhyatma yogaÀ la
- Page 5:
À mon tour j’ai tenté de retran
- Page 8 and 9:
cette relation, la deviner ou la co
- Page 10 and 11:
de la mission du Christ sur terre a
- Page 13 and 14:
Autrefois, le gourou avait pour rô
- Page 15 and 16:
L’éducation, ce n’est pas l’
- Page 17 and 18:
vous trouvez l’égalité d’hume
- Page 19 and 20:
Mais, parce que le plus souvent - e
- Page 21 and 22:
tantra, le fait de dépendre d’un
- Page 23 and 24:
tier..., des responsabilités... Si
- Page 25 and 26:
lui faisait toujours déplacer une
- Page 27 and 28:
tage, mais elle est encore plus dif
- Page 29 and 30:
damayi. Alors, comment est-ce que j
- Page 31 and 32:
DEUXLes revêtements du « Soi »L
- Page 33 and 34:
vêtements. D’un certain point de
- Page 35 and 36:
m’appelle : « Où es-tu ? » et
- Page 37 and 38:
dormir), s’accoupler (ou chercher
- Page 39 and 40:
que d’un physicien américain ath
- Page 41 and 42:
transcend body consciousness, ou to
- Page 43 and 44:
commencer à contrôler la circulat
- Page 45 and 46:
mis ; celui qui, si je puis dire,
- Page 47 and 48:
condition humaine dans l’illimit
- Page 49 and 50:
trace de conscience personnelle dis
- Page 51 and 52:
ien que des maîtres du bouddhisme
- Page 53 and 54:
ticulière : monsieur ou madame Unt
- Page 55 and 56:
Me voilà sous le visage de Christi
- Page 57 and 58:
le pronom masculin, Cela désignera
- Page 59 and 60:
Il existe encore une autre dualité
- Page 61 and 62:
poussent au-dehors. Le voilà sépa
- Page 63 and 64:
que ou de psychologie, la vérité
- Page 65 and 66:
Et ce n’est pas encourageant de v
- Page 67 and 68:
une horreur pareille ! L’homme or
- Page 69 and 70:
Les doctrines traditionnelles affir
- Page 71 and 72:
monde de son espèce. C’est une i
- Page 73 and 74: n’existe pas pour moi, si je n’
- Page 75 and 76: Cette réalité échappe au temps,
- Page 77 and 78: QUATREL’acceptationN’ oubliez p
- Page 79 and 80: tophone qui tomberait en panne aujo
- Page 81 and 82: limite dans laquelle accepter et to
- Page 83 and 84: qui vous coupe de la réalité du m
- Page 85 and 86: encore jamais faite, sauf à certai
- Page 87 and 88: L’émotion négative superpose «
- Page 89 and 90: cidé à progresser. C’est toujou
- Page 91 and 92: le mécanisme du disjoncteur : celu
- Page 93 and 94: cient, cela attire mon attention su
- Page 95 and 96: n’y a plus moi avec ma forme part
- Page 97 and 98: je ne vais pas faire cet effort afi
- Page 99 and 100: dualité, je lui donne le droit à
- Page 101 and 102: plus sur le chemin qui va du sommei
- Page 103 and 104: là ne veut pas dire donner un coup
- Page 105 and 106: elâchement, cette détente ne peuv
- Page 107 and 108: désirs que nous allons trouver la
- Page 109 and 110: vous qui connaissez bien Les Chemin
- Page 111 and 112: dans les anciens textes : « Devien
- Page 113 and 114: m’attends à ce qu’une personne
- Page 115 and 116: la fermeture des portes ; il faut p
- Page 117 and 118: est-ce que ce désir peut être ré
- Page 119 and 120: tait non plus dans la honte, mais d
- Page 121 and 122: Mais il n’y a jamais d’injustic
- Page 123: correspond, dans une autre terminol
- Page 127 and 128: voyais même pas l’araignée au p
- Page 129 and 130: sans un second. Le serpent n’est
- Page 131 and 132: la corde. Il n’y a pas de serpent
- Page 133 and 134: SIXKarma et dharmaC haque fois que
- Page 135 and 136: Rendez-vous compte : « J’agis to
- Page 137 and 138: tent l’opposition et vous ne fere
- Page 139 and 140: en particulier. Examinez votre prop
- Page 141 and 142: flou, d’arbitraire, ni de subject
- Page 143 and 144: comme l’écran du cinéma est lib
- Page 145 and 146: etc. Vous finirez par trouver un ce
- Page 147 and 148: Cette absence de liberté permet la
- Page 149 and 150: comprendre les différents aspects
- Page 151 and 152: trouve. Dans les Fragments d’un e
- Page 153 and 154: le nombre des comédiens augmente p
- Page 155 and 156: À cet égard, dans la société ac
- Page 157 and 158: engagés sur le chemin de l’honn
- Page 159 and 160: SEPTMahakarta, MahabhoktaL e chemin
- Page 161 and 162: Le seul critère de l’action, tan
- Page 163 and 164: Peu à peu, cette demande de la sit
- Page 165 and 166: qui demeurent ? Ce sont le mental e
- Page 167 and 168: L’enseignement du vedanta met en
- Page 169 and 170: esprit n’est jamais perturbé, qu
- Page 171 and 172: Je continue la description du « Gr
- Page 173 and 174: et mystique, qu’il s’agisse du
- Page 175 and 176:
l’aient dit et proclamé. Mais, q
- Page 177 and 178:
est soumis à l’alternance de l
- Page 179 and 180:
solu et non plus relatif. Et seul l
- Page 181 and 182:
un mensonge, tous les enseignements
- Page 183 and 184:
Dieu et qui vieillissent amers et d
- Page 185 and 186:
son niveau d’expérience actuelle
- Page 187 and 188:
tenant, au contraire. Un jour, le B
- Page 189 and 190:
S’il y a un mot qui ne doit pas
- Page 191 and 192:
ne veut pas dire pour autant que vo
- Page 193 and 194:
être pur, conscience pure, béatit