traditionnelle), les Occidentaux vivent dans <strong>la</strong> prétention. Leur insécurité intérieure est tellequ’ils sont tout le temps obligés de porter des masques, de prétendre être quelque chose, aulieu de ne rien prétendre <strong>du</strong> tout et d’être vraiment. Cette prétention, qui n’est même plusconsciente, constitue aussi un facteur d’impossibilité à vivre dans le complet relâchement detoutes les tensions. L’abandon de cette tension particulière et tragique de <strong>la</strong> prétention voudraitdire renoncer à tous les masques, à tous les mensonges dont on s’est affublé, dont on seprotège, pour redevenir simplement soi-même, pareil à un petit enfant, dénudé.La prétention est là physiquement, dans <strong>la</strong> démarche, les gestes mensongers, les caricatures.Elle est même là dans les émotions et toutes sortes d’émotions pourraient tomber immédiatementsi l’on cessait de s’en nourrir, parce qu’elles font partie de notre personnage.On pense à tort que, sans ces émotions, on n’existerait plus. Ces émotions ne sont en faitque les imitations d’émotions que l’enfant a vues se manifester chez les grandes personnes etdont il a pris l’habitude. La prétention est aussi d’ordre mental ou intellectuel. C’est une« aliénation » (au vrai sens <strong>du</strong> mot : devenir étranger à soi-même). Si cette prétention n’estpas complètement abandonnée, on peut toujours se re<strong>la</strong>xer plusieurs heures par jour, on nesera jamais déten<strong>du</strong>. Pendant qu’on va bien re<strong>la</strong>xer ses jambes, <strong>la</strong> jambe gauche, puis <strong>la</strong>jambe droite, ce sont immédiatement les épaules qui vont se recontracter. Ces masques auxquelson se cramponne sont une prison. Quand le gourou les arrache, nous hurlons, tantnous y sommes habitués. Je me souviens d’une phrase de Swâmiji : « Swâmiji tears off themasks », « Swâmiji arrache les masques ». Tant que ces masques sont là, il ne peut y avoiraucune détente.Après peuvent venir les autres définitions de moksha. Moksha, c’est échapper au samsara,au cycle des naissances et des morts (ce qui naît meurt, ce qui meurt naît à une autre formede vie) ; c’est transcender <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité <strong>du</strong> sujet et de l’objet, ou <strong>du</strong> connaissant, de <strong>la</strong> connaissanceet <strong>du</strong> connu. Il existe de magnifiques définitions métaphysiques auxquelles vous adhérezéventuellement, mais qui ne vous concernent pas directement, non qu’elles ne soient pasvraies mais parce que « Je suis Shiva, je suis brahman, je suis illimité », ça n’est pas pour vousun défi. Par contre : « Do you know what is moksha, Arnaud ? – Complete release of all tensions», c’est une phrase terrible. Lâchez ces tensions, ne les conservez plus, ne les entretenezplus, <strong>la</strong>issez-les tomber. « Je ne peux pas. » Je réalise que je suis un prisonnier qui aspire à <strong>la</strong>libération, le prisonnier de mes tensions. C’est c<strong>la</strong>ir, je ne peux pas en douter, je ne peux pasle nier. Je vis ten<strong>du</strong>, ten<strong>du</strong> émotionnellement, jamais complètement déten<strong>du</strong>. Si je me détends,je suis obligé d’organiser un système tout à fait extraordinaire qui consiste à me détendresans me détendre, parce que si, par hasard, je me détendais pour de bon, je sentirais<strong>la</strong> puissance en moi des tensions profondes. Si je réussis à escamoter les tensions de surface,je découvre les tensions profondes, <strong>la</strong>tentes comme disent les hindous, cachées, ce qui signifieinconscientes. Donc, il faut que je réussisse à détendre mes tensions de surface, mais sansme détendre vraiment parce que, à ce moment-là, les tensions profondes commenceraient àse révéler, les peurs et les désirs profonds. Vous voyez quelle acrobatie ce<strong>la</strong> demande, qui estune prétention de plus ! C’est une prison tragique.Il n’est possible de s’évader d’une prison que quand nous <strong>la</strong> voyons. Il y a eu des évasionsréussies des camps de prisonniers. Mais il ne suffit pas à un officier qui veut quitter l’of<strong>la</strong>g dese précipiter devant les sentinelles en criant « Vive <strong>la</strong> France, vive <strong>la</strong> liberté ! » À <strong>la</strong> troisièmesommation, on tire. Il faut étudier minutieusement le camp de prisonniers : le mirador, lesprojecteurs, les chiens, les tours de garde, les clôtures électriques, les barbelés, l’ouverture et114
<strong>la</strong> fermeture des portes ; il faut pendant des semaines étudier <strong>la</strong> prison. Alors une évasiondevient possible. Une carte ou un guide précieux pour étudier votre prison, c’est d’étudier <strong>la</strong>tension, de se rendre compte qu’on est prisonnier des tensions ; et là, on peut pressentir quece serait merveilleux d’être libéré de toutes ces tensions ; qu’au fond, c’est vraiment à ce<strong>la</strong>qu’on aspire. Peut-être même, cet ego qui hurle dès qu’on lui parle de vivre sans désirs, peuti<strong>la</strong>u moins avoir ce désir-là, de vivre libéré de toutes les tensions, et à partir de là avec beaucoupd’habileté vis-à-vis de l’ego (avec qui il faut être très habile et plein de compassionparce que l’ego, c’est d’abord l’enfant frustré), l’ego va peut-être admettre que, s’il pouvait setrouver libéré de <strong>la</strong> plupart de ses désirs, il pourrait réaliser ce merveilleux désir de vivre sanstension. Alors, il peut entendre ce <strong>la</strong>ngage : « Regardez <strong>la</strong> nature même <strong>du</strong> désir. Qui désire? À quel niveau ? Pourquoi ? Pourquoi n’est-il pas possible de se décharger des désirs ?Quel est ce mécanisme de l’attente ? Quel est ce mécanisme de <strong>la</strong> prétention ? » Et, peu àpeu, <strong>la</strong>isser tomber tout ça comme des vêtements dans lesquels nous suffoquons de chaleur.(Comment peut-on vivre en plein été au Sénégal avec une quinzaine de pull-overs sur ledos ?)La satisfaction nécessaire des désirs est tout à fait re<strong>la</strong>tive. Il n’est pas nécessaire à tout lemonde d’être très riche, très célèbre, très puissant, pour pouvoir sentir : « J’ai fait ce quej’avais à faire. » Il n’y a pas à imiter <strong>du</strong> dehors, à copier. Ce qui est très important justement,pour pouvoir être libéré, c’est de revenir à <strong>la</strong> vérité de soi-même. De nombreux désirs sontdes désirs imités, tellement artificiels, qui ne correspondent à rien en nous, qui ne serontjamais satisfaits, et qui n’ont aucun besoin d’être satisfaits pour que nous soyons libres. Cesont des désirs névrotiques, qui disparaîtront d’eux-mêmes sans avoir jamais été satisfaits,par un certain travail intérieur de mise en ordre et de perte d’illusions. Alors il ne reste à satisfaireque les vrais désirs qui correspondent à notre nature propre. Si on m’a mis en têteque je devais être riche pour ne pas être un idiot, je vais finir par le croire. Mais ce désirpourra un jour tomber de lui-même. Quel besoin en ai-je vraiment ? De nombreux désirs, lemental pense qu’ils n’ont pas été satisfaits, mais un certain travail intérieur, qui ne passe paspar <strong>la</strong> satisfaction concrète de ces désirs, va en faire tomber d’innombrables. Il ne reste doncque les désirs qui nous correspondent réellement, et ces désirs, par le fait même qu’ils nouscorrespondent réellement, peuvent être au moins partiellement satisfaits.En fait, un premier point doit être vu c<strong>la</strong>irement, c’est que, si nous sommes absolumentcertains qu’un désir n’a aucune possibilité d’être réalisé, nous pouvons parfaitement le dépasser.C’est parce que l’on conserve quelque part l’impression qu’il pourrait quand même êtreréalisé qu’on demeure attaché. Nous savons tous que nous ne pouvons pas nous envoler enagitant les bras, comme l’oiseau avec ses ailes. Aucun être humain n’a vraiment souffert et nepeut dire qu’il est resté prisonnier de l’attachement parce qu’il a dû renoncer à s’envolercomme les oiseaux. Je pense qu’un exemple aussi gros montre bien ce que je veux dire. Pournous qui voyons, le fait d’être aveugle nous paraît atroce, mais il se trouve que les aveugles,en général, statistiquement par<strong>la</strong>nt, ne sont pas des gens spécialement malheureux. Il y abeaucoup d’aveugles qui sont heureux, souriants, qui ont accepté d’être aveugles parce qu’iln’y a pas tout le temps en eux l’idée qu’ils pourraient ne pas l’être. Seulement celui qui estsans argent a tout le temps l’idée qu’il pourrait en avoir. Celui qui est frustré d’amour a toutle temps l’idée qu’il pourrait être aimé, etc. C’est ça qui fait le désir à <strong>la</strong> fois insatisfait etdouloureux. Quand nous savons qu’un désir ne peut pas être satisfait, nous l’abandonnons.115
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