Je sais très bien que, si je parle ce <strong>la</strong>ngage, le mental (enraciné dans l’inconscient) et lesémotions s’indignent. Le mental réagit : « Comment ? Vous voulez faire de nous des êtressans cœur, comme les nazis qu’on entraînait systématiquement à tuer des enfants sous lesyeux de leur mère, jusqu’à ce qu’ils soient tellement en<strong>du</strong>rcis qu’ils puissent prendre un petitenfant juif par les pieds et fracasser son crâne sur un tronc d’arbre. Voilà, monsieur Desjardinsoù vous nous con<strong>du</strong>isez. » Je connais ce genre de raisonnement. Une fois de plus : lemental, l’émotion. C’est faux. Je vous dis que <strong>la</strong> mère qui n’aurait pas d’émotion parce qu’elleserait complètement dans <strong>la</strong> vérité : « l’enfant est mort », et non pas dans le mensonge :« l’enfant devrait être vivant », je vous dis que cette mère serait une mère pour ses autres enfants,serait une épouse pour son mari qui vient de perdre son enfant lui aussi, serait une fillepour ses parents qui viennent de perdre leur petit-fils. Elle remp<strong>la</strong>cerait l’émotion non par lecœur de pierre que nous attribuons aux nazis, mais par ce que j’appelle, pour utiliser un motfrançais, le sentiment. L’émotion est toujours égoïste, elle crie « moi, moi, moi, ma souffrance,ma souffrance ». Le sentiment n’est jamais égoïste, le sentiment dit toujours « l’autre,l’autre », les autres enfants, le mari. Une mère qui vivrait dans le sentiment (et non plus dansl’émotion), dans <strong>la</strong> vérité, dans <strong>la</strong> sagesse, dans <strong>la</strong> liberté, dans l’amour, serait même capablede sentir qu’un des employés des pompes funèbres qui viennent mettre le petit corps dans lecercueil a un air triste ou malheureux et de réussir à lui sourire et à lui donner un peu depaix. Le sentiment est toujours tourné vers l’autre, l’émotion est toujours égoïste. Et vouspouvez faire l’équation : non-acceptation égale émotion.Il en est de même des émotions dites heureuses dans <strong>la</strong> mesure où ce sont des émotions.L’émotion heureuse crie aussi, « moi, moi, mon bonheur, ma joie, mon bonheur ».Celui qui est sous le coup d’une émotion heureuse éprouve le besoin de venir vomir sonpréten<strong>du</strong> bonheur sur tous ceux qui l’entourent. Il n’est même plus capable de voir que desgens sont peut-être malheureux autour de lui. « Ah ! dis donc, <strong>la</strong> vie est belle, c’est formidable! C’est merveilleux ! Tu sais <strong>la</strong> nouvelle ? », tout ça à quelqu’un qui a peut-être un cafardterrible. « Mon bonheur, mon bonheur. » L’émotion oscille sans arrêt <strong>du</strong> préten<strong>du</strong> bonheurà <strong>la</strong> préten<strong>du</strong>e souffrance. C’est exprès que j’emploie ce mot préten<strong>du</strong> qui doit vous semblerbien étrange. Je vous prouverai que <strong>du</strong> point de vue de <strong>la</strong> vérité, il est parfaitement juste deparler ainsi.Sur le p<strong>la</strong>n de l’émotion bonheur/malheur correspondent toujours ces contraires, cesdvandva, <strong>du</strong>alités, paires d’opposés, sur lesquelles l’Inde insiste tellement. Le sentiment, lui,n’a pas de contraire. Il dit toujours oui. C’est le positif absolu en face <strong>du</strong>quel ne se dresseaucun négatif. Regardez bien toute l’expérience que vous pouvez avoir depuis votre naissance– sauf certains moments si rares et si brefs qu’on les oublie même si on sait qu’on les avécus et qui ne peuvent pas changer notre existence. Tout ce que vous avez vécu a toujourscomporté un contraire. Toute votre expérience de vous-même et toute votre expérience de <strong>la</strong>réalité autour de vous a toujours comporté un contraire. Heureux/malheureux, en bonnesanté/ma<strong>la</strong>de, reposé/fatigué, en pleine forme/déprimé. Toujours : Arrivée/départ,union/séparation, construction/destruction, réussite/échec. Vous allez me dire : vous enfoncezune porte ouverte. Je suis d’accord. Le chemin est fait de vérités de La Palice dont ontire toutes les conséquences, au lieu de les entendre d’une oreille distraite et de passer à autrechose. Le but auquel vous êtes tous appelés – ce n’est pas réservé à Mâ Anandamayi, à RamanaMaharshi et à Kangyur Rinpoché – c’est d’atteindre un état d’être, un p<strong>la</strong>n de consciencequi ne comporte pas de contraire. Et je vous dis : c’est une expérience que vous n’avez84
encore jamais faite, sauf à certains moments très rares et qui ne peuvent pas être pris enconsidération pour juger une existence. Le but c’est d’atteindre un état, une qualité d’être,une expérience intérieure, qui ne comporte pas de contraire. Tant qu’il y aura tantôt acceptation,tantôt non-acceptation de <strong>la</strong> réalité, toutes vos expériences comporteront toujours uncontraire. Je me réjouis aujourd’hui qu’il fasse beau et chaud, parce que je n’accepterai pasdemain qu’il pleuve et qu’il fasse froid. Je suis heureux aujourd’hui que mon enfant soit gai,souriant, heureux parce que je n’accepterai pas demain qu’il soit mort. Dans les petites chosescomme dans les plus tragiques, ce double mouvement est là.La seule réalité qui n’ait jamais de contraire, c’est tout simplement l’acceptation – <strong>du</strong>moins c’est ce que vous pouvez comprendre aujourd’hui – avec ce que ça a d’apparemmentcruel. Et tout de suite se lève en vous : « Quoi ! Il faudrait que j’accepte tel ou tel événementhorrible s’il se pro<strong>du</strong>isait, ou il faut que j’accepte rétroactivement que tel ou tel événementaffreux se soit pro<strong>du</strong>it, que j’aie été trahi, violenté, bafoué ? » Je sais bien ce que ce mot acceptationsoulève tout de suite <strong>la</strong> peur. Et je vous demande d’utiliser votre buddhi, votre intelligence,et de ne pas <strong>la</strong>isser le mental créer ses constructions illusoires, je vous demanded’utiliser votre buddhi et de regarder où est <strong>la</strong> faille dans ce que je suis en train de dire en cemoment. Où est-ce que je mens ? Et, si ce que je dis est vrai, comment pouvez-vous espéreratteindre <strong>la</strong> paix ou <strong>la</strong> liberté sans vous soumettre à <strong>la</strong> vérité ? Omnia vincit veritas, disaientles anciens : La vérité est toujours victorieuse, <strong>la</strong> vérité est victorieuse de tout.Avant d’essayer d’accepter, voyez bien d’abord le mécanisme <strong>du</strong> refus et de l’acceptation.Vous ne vous <strong>la</strong>ncez pas à con<strong>du</strong>ire une voiture sans avoir appris à con<strong>du</strong>ire, vous ne vous<strong>la</strong>ncez même pas à con<strong>du</strong>ire une voiture neuve et que vous ne connaissez pas, sans avoir minutieusementregardé où se trouvent les clignotants, le starter, les essuie-g<strong>la</strong>ce. Voyezd’abord le mécanisme de l’acceptation et le mécanisme de <strong>la</strong> non-acceptation. Voyez commentcette création, par le mental, d’autre chose que ce qui est, joue aussi bien dans l’émotiondite heureuse que dans l’émotion malheureuse.Avant d’espérer dépasser vos propres émotions, regardez bien en face le mécanismemême <strong>du</strong> mental et de l’émotion.Jusqu’à ce que vous soyez convaincus, non pas à 95 % (« ce que dit Arnaud est intéressant») mais convaincu à 100 %. Et vous n’y arriverez que progressivement. Il faudrait quevous soyez particulièrement mûrs pour pouvoir tout de suite appliquer cette vérité aux situationsqui vous paraissent aujourd’hui les plus déchirantes. Pour l’instant, il n’est plus questionde demander à une mère d’accepter l’idée de son petit enfant mort, de demander à unpère de famille d’accepter l’idée <strong>du</strong> chômage, etc. Encore que, pour l’enfant mort, on nepuisse rien faire et que, dans le cas <strong>du</strong> chômage, on puisse très activement chercher <strong>du</strong> travail.Et moins on aura d’émotion, plus on en trouvera.Je vais donc prendre un exemple très simple. Contre lequel vous ne vous révolterez pas etqui ne soulèvera pas d’émotion profonde dans vos inconscients respectifs. Imaginons unejeune fille d’un milieu social moyen, disons bourgeoisie moyenne, ni <strong>la</strong> fille de Rothschild, niune fille vivant dans <strong>la</strong> pauvreté. Elle passe son bachot. Elle a un parrain qui ne lui fait plusde cadeau depuis qu’elle n’est plus une petite fille, qui a même oublié <strong>la</strong> date de son anniversaireet qui lui dit : « Écoute, si tu es reçue à ton bachot de terminale, je te fais un très beaucadeau. Il y a longtemps que je ne t’ai rien donné, ça fait des années, j’ai des tas de cadeauxen retard, je te fais un très beau cadeau. Qu’est-ce que tu voudrais ? » La fille dit : « Parrain,je n’ose pas te le dire, c’est un très beau cadeau. » – « Et quoi ? » – « Un vélomoteur pour85
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