couverte et c’est sur cette irréalité de l’ego que l’enseignement de Ramana Maharshi, le pluscélèbre au XX e siècle, ou celui de Ramdas insistent tellement.Si on cherche vraiment à voir de près cet ego, il disparaît de <strong>la</strong> même façon que, si jecherche à voir de près le serpent, celui-ci disparaît brusquement, et il ne reste plus que <strong>la</strong>corde. Et, si avec <strong>la</strong> même acuité, je poursuis mon enquête, je regarde de quoi il s’agit :« Qu’est-ce que cet ego ? Qui suis-je ? » (ce qu’on appelle en sanscrit atma-vichara, selfinquiry),l’ego révèle son inexistence. Il n’y a que des fonctionnements auxquels <strong>la</strong> consciences’identifie.Il n’est pas possible de voir <strong>la</strong> corde si on ne commence pas par regarder objectivement leserpent. Si on s’affole, tellement on a peur, ou si, au contraire on est tellement heureux qu’ily ait un serpent – quelle valeur a sa peau pour <strong>la</strong> maroquinerie – dans <strong>la</strong> répulsion commedans l’attraction, le serpent tel qu’il est n’est pas vu, et le subterfuge ne peut pas être découvert.C’est en étudiant le serpent qu’on peut découvrir <strong>la</strong> corde, c’est en étudiant réellementce monde phénoménal qu’on peut découvrir qu’il s’agit d’un subterfuge, et c’est en étudiantréellement l’ego qu’on peut voir un jour : « Alors çà ! Et où est-il passé ? Où est-il passé ? I<strong>la</strong> disparu ! Eh bien alors, pendant quarante-cinq ans, non seulement l’ego n’avait pas disparu,mais il paraissait absolument impossible et incompréhensible qu’il puisse disparaître. Ettout d’un coup, où est-il passé ? Disparu ! » Mais, s’il disparaît en effet tout d’un coup, c’estrare qu’il disparaisse de lui-même. Généralement l’ego disparaît après qu’on s’est beaucoupintéressé à lui. Beaucoup s’intéresser à lui, ne veut pas dire être emporté par lui, être soumisà lui ou être identifié à lui.Vous voyez, ce mot mental, ces méfaits <strong>du</strong> mental, cette destruction <strong>du</strong> mental, s’appliquentà des niveaux différents, niveau psychologique, niveau métaphysique. D’un certainpoint de vue, il y a une grande différence entre les deux. Ou nous parlons encore <strong>du</strong> niveaupsychologique, ou nous parlons <strong>du</strong> niveau métaphysique transcendant. D’un autre point devue, c’est bien le même mot mental, manas, qui est employé, le même mot manonasha, destruction<strong>du</strong> mental. C’est une même enquête qui se poursuit et qui s’approfondit de plus enplus. Une première superimposition est découverte, révélée, elle a per<strong>du</strong> son pouvoir, on atteintun niveau un peu plus intérieur, un peu moins éloigné de <strong>la</strong> Réalité. Et puis, cette étapeest à son tour dépassée, et on atteint un niveau encore un peu plus intérieur, encore un peuplus proche de <strong>la</strong> Réalité. Insensiblement, le paysage change. On commence à abandonnerle monde dont on était autrefois tout à fait prisonnier et à découvrir des surimpositions plussubtiles qu’on ne percevait pas au départ. Mais c’est un mouvement continu.Et puis il y a une étape ultime qui est l’ultime manonasha, l’ultime destruction <strong>du</strong> mental.Quel que soit le sens que vous donniez à cette comparaison de <strong>la</strong> corde et <strong>du</strong> serpent, iln’y a que le brahman, seul le brahman est réel, et le monde phénoménal est irréel. « Brahmasatyam, jagan mithya. » « Le brahman est réel, le monde est illusoire. » La corde et le serpentsont une seule et même chose, à tous les niveaux. S’il n’y avait pas de corde, il n’y aurait pasde serpent. Le serpent n’a pas une existence indépendante de <strong>la</strong> corde, c’est <strong>la</strong> corde ellemêmequi apparaît comme serpent. C’est pourquoi l’enseignement métaphysique suprêmedit, en termes bouddhistes, que le nirvana c’est le samsara, le samsara c’est le nirvana. Ouencore le vide c’est <strong>la</strong> forme et <strong>la</strong> forme c’est le vide. Le serpent c’est <strong>la</strong> corde et <strong>la</strong> corde c’estle serpent. Ou encore l’atman c’est l’ego, l’ego c’est l’atman. Il ne faut pas établir une différenceirré<strong>du</strong>ctible comme s’il y avait deux : l’atman d’un côté, l’ego de l’autre. C’est pourquoicet enseignement est appelé advaïta, non-deux, non-<strong>du</strong>alisme, non-<strong>du</strong>alité. Il n’y a qu’un128
sans un second. Le serpent n’est pas autre que <strong>la</strong> corde. Voilà <strong>la</strong> métaphysique de Shankaracharya,voilà <strong>la</strong> métaphysique <strong>du</strong> vedanta. Si on distingue trop formellement l’ego et l’atman,l’ego impuissant, l’ego limité et l’atman, on se trompe. L’ego c’est l’atman et l’atman c’estl’ego. De <strong>la</strong> même façon que le serpent c’est <strong>la</strong> corde, et <strong>la</strong> corde c’est le serpent, le vide c’est<strong>la</strong> forme et <strong>la</strong> forme c’est le vide... Chaque fois que vous percevez l’ego, en fait, sans vous enrendre compte à cause de cette illusion, vous percevez l’atman. L’ego n’est pas un autre quel’atman. C’est l’ego qui, à <strong>la</strong> fois, cache l’atman, et révèle l’atman. Au moment où l’ego révèlel’atman, en effet l’ego n’est plus vu tel qu’il était vu jusque-là, puisqu’il n’est plus vu quecomme un mirage. Mais il ne faut pas considérer que cet ego c’est l’ennemi irré<strong>du</strong>ctible,même s’il doit disparaître. L’ego est le chemin qui nous con<strong>du</strong>it à l’atman, à condition de neplus en être <strong>du</strong>pe.Est-ce que vous pouvez entendre cet aspect-là de l’enseignement, vrai aussi au niveauqui vous est le plus immédiatement accessible ? Avouez que c’est quand même un peu extraordinaire.Que penseriez-vous <strong>du</strong> comportement de l’homme qui a dans son terrain un boutde corde et qui, à cause de cette corde, tremble de peur, se ruine en sérum antivenimeux,éloigne ses enfants pour éviter qu’ils soient piqués, mobilise une quinzaine de personnespour organiser une battue, va acheter un fusil dont il n’a aucun besoin sauf pour tuer le serpent,tout ce<strong>la</strong> pour une corde. Voyez ce que ce<strong>la</strong> représente comme malenten<strong>du</strong>, mal-vuplutôt, quelle inanité ! Voilà l’image <strong>du</strong> comportement humain. Voilà pourquoi on aime, ondéteste, on construit, on détruit, on va, on vient, on s’unit, on se sépare, on se bat, on se réconcilie: pour un serpent qui n’existe pas. Et toute <strong>la</strong> vie de l’homme, <strong>la</strong> vie intime del’homme, ses espoirs, ses souffrances, ses joies, ses révoltes, ses projets, ses p<strong>la</strong>ns, ses actions,ses réactions, sont tout aussi dérisoires que l’agitation de cet homme tournant autour d’unserpent qui n’existe pas. Voilà le suprême enseignement <strong>du</strong> vedanta. C’est un enseignementqui présente <strong>la</strong> vie humaine comme un délire. Le mental est toujours pathologique, pas seulementquand il s’agit d’un ma<strong>la</strong>de relevant de <strong>la</strong> psychiatrie pure et simple, ou <strong>du</strong> deliriumtremens des alcooliques qui voient des monstres venir les attaquer dans leur chambre. Lemental est toujours une forme de délire. Du point de vue de <strong>la</strong> sagesse ultime, toute <strong>la</strong> viehumaine est un délire. On dit parfois aussi un rêve dont il est possible de s’éveiller. Et, enmême temps, ce délire n’est pas fondamentalement un autre que <strong>la</strong> réalité suprême, que <strong>la</strong>sagesse suprême, puisque le serpent n’est pas fondamentalement un autre que <strong>la</strong> corde.Quel enseignement surprenant, ce vedanta hindou ! Bien. Acceptez-le, si vous voulez,comme doctrine métaphysique et commencez à voir, au niveau où vous êtes, en al<strong>la</strong>nt deplus en plus profond vers l’intérieur, vers <strong>la</strong> vérité. Commencez à voir comment fonctionnele mental, comment fonctionne le délire, comment vous pensez, comment le mental est làavec sa double capacité à cacher ce qui est et à faire voir ce qui n’est pas. Et, bien sûr, vousverrez d’abord ce fonctionnement au niveau que nous appelons psychologique.Comme aucun d’entre vous n’est un grand délirant, vous le verrez au niveau de ce qu’ilest convenu, dans notre <strong>la</strong>ngage moderne, d’appeler non pas psychose, qui est l’aspect le plusgrave, mais névrose. Vous verrez ce que les psychologues ont redécouvert et nous décriventsous les termes de transfert et de projection. Ces mots de transfert et de projection, en ang<strong>la</strong>is,Swâmiji les utilisait aussi. Sur tous les p<strong>la</strong>ns, même les p<strong>la</strong>ns les plus subtils, le mentalprojette et transfère. Et ce que je peux dire c’est que, si ce travail qui consiste à démasquer lemental au niveau où il opère est poursuivi, de fil en aiguille, le dernier recouvrement disparaît,et un jour <strong>la</strong> corde se révèle. L’ultime corde, au-delà de <strong>la</strong>quelle il n’y a plus rien à dé-129
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n’existe pas pour moi, si je n’
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