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A la recherche du Soi - I. Adhyatma yoga - Yoga taichi 91

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Inde ou a étudié auprès d’un maître ou d’un pseudo-maître quelque part, et le candidatdiscipleeuropéen s’est fait une certaine idée de ce que devait être un gourou, d’après cequ’on lui a raconté. Or il y a de très grandes différences dans le mode d’enseignement. Mongourou est-il Européen, Tibétain, Japonais ? Moine ou <strong>la</strong>ïque ? (Il y a de nombreux gouroushindous qui sont mariés, pères de famille.) Mon gourou est-il vieux ou jeune ? Comment secomporte-t-il, comment agit-il ? Parle-t-il peu ou beaucoup ? La correspondance joue-t-elleun grand rôle dans son enseignement ? Celui-ci est-il donné de façon didactique, méthodique,ou apparemment incohérente ? La conversation tient-elle un rôle important comme <strong>la</strong>maïeutique chez Socrate ? Ou le gourou enseigne-t-il uniquement à travers les incidents de<strong>la</strong> vie ? Dans ce cas, aucun dialogue suivi avec le disciple ; le disciple partage simplement, <strong>du</strong>matin au soir, l’existence <strong>du</strong> gourou qui utilise les situations <strong>du</strong> moment ou crée délibérémentdes situations permettant au disciple de se voir, de voir comment il réagit, de voirmonter à <strong>la</strong> surface ses peurs, ses travers, ses conditionnements indivi<strong>du</strong>els. Certains gouroussont très familiers, très proches. D’autres sont assez lointains, on ne les approche pas facilement,ils se tiennent le plus souvent à l’écart. Leur présence imprègne tout l’ashram, mais ilspartagent peu <strong>la</strong> vie des disciples.Pendant dix-huit ans, il m’a été donné de beaucoup voyager, de faire de longs séjours –qui se comptent en mois, non en semaines – auprès de nombreux maîtres, bien que je puissedire d’un seul qu’il a été mon gourou, Swâmi Prajnânpad. J’ai partagé <strong>la</strong> vie de communautésde soufis en Afghanistan, de gompas tibétaines, j’ai séjourné dans différents monastères zenau Japon, j’ai connu bien des gourous en Inde, <strong>du</strong> Kéra<strong>la</strong> au Bengale, sans parler des enseignementsavec lesquels j’ai été en re<strong>la</strong>tion en France, en Angleterre ou en Suisse, en particulierles « groupes » Gurdjieff. Or, je l’ai partout remarqué, si chaque enseignement est différent,chaque gourou l’est aussi. Très souvent, ce que le disciple a lu ou enten<strong>du</strong> dire à proposd’un gourou fausse l’approche de celui avec qui il voudrait établir une véritable re<strong>la</strong>tion.Le mot disciple lui-même est employé à tort et à travers. Swâmiji, pendant des années,utilisait le mot « candidat-disciple », candidate to discipleship, candidat à l’état de disciple.Comment peut-on en effet se dire disciple tant qu’on n’a pas l’être d’un disciple, qu’on n’apas compris avec tout soi-même, tête, cœur, corps et sexe, ce que c’est que d’être disciple,tant qu’on n’a pas davantage compris ce que c’est qu’un gourou en face de soi ?Le rôle <strong>du</strong> gourou, son essence, est de con<strong>du</strong>ire le disciple – je cite ici le célèbre sloka desUpanishads – « des ténèbres à <strong>la</strong> lumière, de <strong>la</strong> mort à l’immortalité ». Le premier terme decette prière dit asato ma sat gamayo : de asat, con<strong>du</strong>is-nous à sat, ce qu’on peut tra<strong>du</strong>ire denombreuses façons : « <strong>du</strong> non-vrai con<strong>du</strong>is-nous au vrai ; de ce qui n’est pas con<strong>du</strong>is-nous àce qui est ; de l’irréel con<strong>du</strong>is-nous au réel ». Toutes ces tra<strong>du</strong>ctions ont été proposées enfrançais, et sont toutes acceptables. Voilà l’essence <strong>du</strong> gourou. L’essence d’une <strong>la</strong>mpe de pocheest d’éc<strong>la</strong>irer dans l’obscurité, sans qu’on ait besoin de courant électrique. L’apparence de<strong>la</strong> <strong>la</strong>mpe de poche, c’est de savoir s’il s’agit d’une torche ou d’un boîtier, si ce boîtier comporteun verre p<strong>la</strong>t ou un verre bombé, s’il est métallique ou gainé de p<strong>la</strong>stique, quelle est <strong>la</strong>couleur <strong>du</strong> p<strong>la</strong>stique. Il est plus facile de comprendre ce qu’est l’essence d’une <strong>la</strong>mpe de pocheque de comprendre l’essence d’un gourou ! Ce que <strong>la</strong> tradition nous a légué de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tionentre disciple et maître, depuis les textes célèbres comme les épreuves de Mi<strong>la</strong>repa auprès deson gourou Marpa, jusqu’à des témoignages plus obscurs, peut vous faire réfléchir : voilà cequ’a été un disciple ; voilà ce qu’a été un maître. Vous pouvez aussi essayer de comprendre cequ’a été <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion des disciples avec Jésus-Christ considéré en tant que gourou. Un aspect9

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