cette re<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> deviner ou <strong>la</strong> connaître, en référence à d’autres expériences qui n’ont réellementrien à voir avec elle. C’est un sujet immense, où l’on est à peu près certain de parler àdes sourds, tellement ce dont il est question est incommensurable avec l’expérience courante.Si l’on vous dit : « <strong>la</strong> sagesse transcendante », « les états supra-conscients », vous vous rendezcompte de quelque chose dont vous n’avez pas idée ; mais si l’on vous parle d’un gourou etqu’on tra<strong>du</strong>it gourou par maître, vous pensez tout de suite que vous pouvez avoir une idée dequoi il s’agit, et c’est tout à fait faux. Combien de personnes en France utilisent le mot« maître » ou « gourou » (« mon maître », « mon gourou »), alors qu’elles n’ont absolumentpas établi avec cette personne <strong>la</strong> véritable re<strong>la</strong>tion de disciple à maître ? Celle-ci est très précise,ancienne, traditionnelle ; elle ne dépend de <strong>la</strong> fantaisie, de l’arbitraire ou de l’inventionde personne, elle est tout à fait particulière. Ce mot gourou ou ce mot maître est employé àtort et à travers aujourd’hui. « Mon maître », « mon gourou » : aucun maître, aucun gouroule plus souvent ; simplement un moine, un swâmi, qu’on a pu rencontrer, admirer, et quinous a donné sa bénédiction ou quelques instructions collectives. Voilà une première vérité àdire.La seconde vérité, qui doit être dite et redite, c’est que si le maître est libre, libre de soninconscient, de ses peurs, de ses désirs, de son mental, le candidat-disciple, lui, ne l’est pas ;et ce n’est pas parce qu’il va se trouver en face d’un homme libre que, magiquement, il va setrouver libre lui-même. Il est inévitable, et il ne peut pas en être autrement, que le candidatdiscipleapproche le maître à travers sa non-liberté, à travers ses émotions réprimées, soninconscient, ses peurs, ses aspirations, ses illusions, tous les mensonges de son mental. Onpeut donc poser comme loi que, pendant des années, le candidat-disciple ne voit pas le maîtretel qu’il est. Il ne voit que son maître, le maître conçu par son mental. Tous les phénomènesde transfert et de projection, étudiés et décrits en psychologie dans <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion patientthérapeute,commencent aussi par jouer en face <strong>du</strong> gourou, pour le candidat-disciple.Le maître a des possibilités supérieures à celles <strong>du</strong> thérapeute, <strong>du</strong>es à une transformationradicalement plus profonde de lui-même que celle pro<strong>du</strong>ite chez le thérapeute par l’analysedidactique. Il y a certainement une immense différence entre un thérapeute et un gourou,mais il n’y a pas, le plus souvent, au départ <strong>du</strong> chemin, une immense différence entre uncandidat-disciple et un homme ou une femme qui s’adresse à un thérapeute. Pendant longtemps,le candidat-disciple voit le gourou à travers son inconscient, son mental et ses projections.Pendant longtemps aussi, il se <strong>la</strong>isse impressionner par l’apparence extérieure <strong>du</strong> gourou,par des détails nombreux qui n’ont qu’une importance tout à fait secondaire, au lieu desaisir l’essence <strong>du</strong> gourou, c’est-à-dire sa fonction de guide et d’éveilleur. Il y a toute une« surface » par <strong>la</strong>quelle les différents gourous sont tous différents : il n’y a pas deux gourousqui soient pareils extérieurement. La liberté intérieure des gourous est <strong>la</strong> même, leur essence,leur vision sont les mêmes, puisqu’ils ont une vision objective, impersonnelle, et qu’ils sontmorts à eux-mêmes ; mais l’apparence entre un pir soufi afghan, un maître tibétain, un gouroude naissance brahmane, est tout à fait différente.Le « folklore », les conditions de <strong>la</strong> vie auprès <strong>du</strong> gourou, les anecdotes que les disciplesanciens peuvent raconter, constituent un monde différent avec chaque gourou. Il y a quelquesgrandes traditions comme le soufisme, le zen, le <strong>yoga</strong> hindou, le tantrayana tibétain,mais, à travers ces traditions, les vrais gourous diffèrent profondément les uns par rapportaux autres. Or le candidat-disciple européen a très souvent lu des livres décrivant des sages etdes gourous, enten<strong>du</strong> parler d’un sage ou d’un gourou par quelqu’un qui a voyagé, a été en8
Inde ou a étudié auprès d’un maître ou d’un pseudo-maître quelque part, et le candidatdiscipleeuropéen s’est fait une certaine idée de ce que devait être un gourou, d’après cequ’on lui a raconté. Or il y a de très grandes différences dans le mode d’enseignement. Mongourou est-il Européen, Tibétain, Japonais ? Moine ou <strong>la</strong>ïque ? (Il y a de nombreux gouroushindous qui sont mariés, pères de famille.) Mon gourou est-il vieux ou jeune ? Comment secomporte-t-il, comment agit-il ? Parle-t-il peu ou beaucoup ? La correspondance joue-t-elleun grand rôle dans son enseignement ? Celui-ci est-il donné de façon didactique, méthodique,ou apparemment incohérente ? La conversation tient-elle un rôle important comme <strong>la</strong>maïeutique chez Socrate ? Ou le gourou enseigne-t-il uniquement à travers les incidents de<strong>la</strong> vie ? Dans ce cas, aucun dialogue suivi avec le disciple ; le disciple partage simplement, <strong>du</strong>matin au soir, l’existence <strong>du</strong> gourou qui utilise les situations <strong>du</strong> moment ou crée délibérémentdes situations permettant au disciple de se voir, de voir comment il réagit, de voirmonter à <strong>la</strong> surface ses peurs, ses travers, ses conditionnements indivi<strong>du</strong>els. Certains gouroussont très familiers, très proches. D’autres sont assez lointains, on ne les approche pas facilement,ils se tiennent le plus souvent à l’écart. Leur présence imprègne tout l’ashram, mais ilspartagent peu <strong>la</strong> vie des disciples.Pendant dix-huit ans, il m’a été donné de beaucoup voyager, de faire de longs séjours –qui se comptent en mois, non en semaines – auprès de nombreux maîtres, bien que je puissedire d’un seul qu’il a été mon gourou, Swâmi Prajnânpad. J’ai partagé <strong>la</strong> vie de communautésde soufis en Afghanistan, de gompas tibétaines, j’ai séjourné dans différents monastères zenau Japon, j’ai connu bien des gourous en Inde, <strong>du</strong> Kéra<strong>la</strong> au Bengale, sans parler des enseignementsavec lesquels j’ai été en re<strong>la</strong>tion en France, en Angleterre ou en Suisse, en particulierles « groupes » Gurdjieff. Or, je l’ai partout remarqué, si chaque enseignement est différent,chaque gourou l’est aussi. Très souvent, ce que le disciple a lu ou enten<strong>du</strong> dire à proposd’un gourou fausse l’approche de celui avec qui il voudrait établir une véritable re<strong>la</strong>tion.Le mot disciple lui-même est employé à tort et à travers. Swâmiji, pendant des années,utilisait le mot « candidat-disciple », candidate to discipleship, candidat à l’état de disciple.Comment peut-on en effet se dire disciple tant qu’on n’a pas l’être d’un disciple, qu’on n’apas compris avec tout soi-même, tête, cœur, corps et sexe, ce que c’est que d’être disciple,tant qu’on n’a pas davantage compris ce que c’est qu’un gourou en face de soi ?Le rôle <strong>du</strong> gourou, son essence, est de con<strong>du</strong>ire le disciple – je cite ici le célèbre sloka desUpanishads – « des ténèbres à <strong>la</strong> lumière, de <strong>la</strong> mort à l’immortalité ». Le premier terme decette prière dit asato ma sat gamayo : de asat, con<strong>du</strong>is-nous à sat, ce qu’on peut tra<strong>du</strong>ire denombreuses façons : « <strong>du</strong> non-vrai con<strong>du</strong>is-nous au vrai ; de ce qui n’est pas con<strong>du</strong>is-nous àce qui est ; de l’irréel con<strong>du</strong>is-nous au réel ». Toutes ces tra<strong>du</strong>ctions ont été proposées enfrançais, et sont toutes acceptables. Voilà l’essence <strong>du</strong> gourou. L’essence d’une <strong>la</strong>mpe de pocheest d’éc<strong>la</strong>irer dans l’obscurité, sans qu’on ait besoin de courant électrique. L’apparence de<strong>la</strong> <strong>la</strong>mpe de poche, c’est de savoir s’il s’agit d’une torche ou d’un boîtier, si ce boîtier comporteun verre p<strong>la</strong>t ou un verre bombé, s’il est métallique ou gainé de p<strong>la</strong>stique, quelle est <strong>la</strong>couleur <strong>du</strong> p<strong>la</strong>stique. Il est plus facile de comprendre ce qu’est l’essence d’une <strong>la</strong>mpe de pocheque de comprendre l’essence d’un gourou ! Ce que <strong>la</strong> tradition nous a légué de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tionentre disciple et maître, depuis les textes célèbres comme les épreuves de Mi<strong>la</strong>repa auprès deson gourou Marpa, jusqu’à des témoignages plus obscurs, peut vous faire réfléchir : voilà cequ’a été un disciple ; voilà ce qu’a été un maître. Vous pouvez aussi essayer de comprendre cequ’a été <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion des disciples avec Jésus-Christ considéré en tant que gourou. Un aspect9
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là ne veut pas dire donner un coup
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comme l’écran du cinéma est lib
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etc. Vous finirez par trouver un ce
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l’aient dit et proclamé. Mais, q
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est soumis à l’alternance de l
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un mensonge, tous les enseignements
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