jeune fille. » – « Ça coûte combien ça ? Mes prix sont peut-être dépassés. » – « 1 500 F. » –« Écoute, dit le parrain, tu réussiras bien à compléter et, si tu es reçue, je te donne 1 000F. » C’est un très beau cadeau pour une fille de dix-sept ans. La voilà très heureuse mais,comme elle n’a pas encore ce bachot de terminale, elle n’a donc pas les 1 000 F et elle n’estpas emportée par l’émotion. Elle travaille bien, elle est reçue et elle demande à ses parents :« Qu’est-ce que je fais ? » Les parents lui répondent : « Écoute, c’est nous qui allons prévenirparrain, c’est plus discret. » Les parents préviennent parrain. Suivez bien cette petite histoireinoffensive, le chemin, <strong>la</strong> vérité, <strong>la</strong> sagesse suprême, tout est contenu dans cette petite histoire.Voilà qu’arrive une enveloppe de format allongé, comme celles où l’on met un chèquequ’on ne veut pas plier et, sur l’enveloppe, l’écriture <strong>du</strong> parrain. Notre jeune bachelière l’ouvre.Il y a un petit mot de l’écriture de parrain et un chèque. Elle lit le petit mot : « Bravo ;reçue ; je suis fier de toi ; voilà le cadeau promis ; sois heureuse. Parrain. » Sur le chèque, il ya marqué en chiffres et en lettres : « Payez 500 F à l’ordre de Mlle Sophie Dupont. » Quelleémotion ! Suivez-moi bien. Cette petite histoire, c’est <strong>la</strong> vie de l’humanité jour après jour,minute après minute. Voilà que cette jeune fille est désespérée de recevoir 500 F. 50 F ceserait déjà beau, 500 F c’est magnifique. Vous croyez qu’elle est heureuse de recevoir 500 F ?Ah ! son cœur se serre et <strong>la</strong> voilà malheureuse. Pourquoi ? Parce que sur le chèque de 500 Fqui est <strong>la</strong> seule réalité – « c’est, c’est ; ce n’est pas, ce n’est pas » – le mental surimpose unsecond : le chèque de 1 000 F qui n’a aucune réalité d’aucune sorte, ici et maintenant. Etc’est cette surimposition, cette création d’un second par le mental, qui pro<strong>du</strong>it l’émotiondouloureuse. Si <strong>la</strong> jeune fille pouvait être « un avec » le chèque de 500 F, sans qu’il y ait entreelle et le chèque de 500 F l’épaisseur d’un cheveu de non-adhésion, le chèque de 1 000 Fn’aurait aucune possibilité d’intervenir dans <strong>la</strong> situation et cette fille n’aurait pas de « mental». Elle serait une avec <strong>la</strong> réalité re<strong>la</strong>tive <strong>du</strong> monde phénoménal, elle serait sans émotion,elle aurait un sentiment réel. « Un chèque de 500 F, c’est magnifique, il y a tant de filles quine les ont pas et je vais pouvoir faire beaucoup de choses avec cet argent. » Elle aurait aussi<strong>la</strong> possibilité d’agir sans émotion : « Voyons, parrain m’avait promis 1 000 F, il m’envoie 500F ; est-ce qu’il a été distrait, est-ce qu’il oublie ? Je n’ose pas trop en reparler, qu’est-ce que jepeux faire ? » Ses parents lui auraient peut-être dit : « Écoute, nous sommes assez intimesavec parrain pour, au moins, lui poser <strong>la</strong> question. »Je reprends ma même histoire. Un parrain dit à sa filleule : « Qu’est-ce que tu voudrais,si tu es reçue au bachot ? » Le parrain veut faire un très beau cadeau. – « Ah ! une motocyclette.» – « je te promets 1 000 F. » La fille reçue au bachot, on avertit parrain, arrive uneenveloppe <strong>du</strong> format allongé qu’on utilise si on veut envoyer un chèque sans le plier. À l’intérieurde l’enveloppe se trouve une petite carte avec l’écriture de parrain et un chèque. Sur <strong>la</strong>carte, il est marqué : « Reçue, je te félicite, je suis fier de toi. Voici un peu plus que le cadeaupromis, comme ça tu pourras faire entièrement <strong>la</strong> dépense prévue. » Et sur le chèque il y amarqué 2 000 F. Je mets au défi cette jeune fille de ne pas être emportée par une émotionintense de bonheur. Cette jeune fille est condamnée au bonheur. Comme une marionnettedont quelqu’un, de l’extérieur, tire les fils. Elle ne se sent plus de joie. « À ces mots le corbeaune se sent plus de joie », dit La Fontaine, à ce chèque <strong>la</strong> jeune fille ne se sent plus dejoie. Pourquoi, pourquoi y a-t-il émotion ? Pourquoi est-elle emportée par l’émotion ? Parceque sur le chèque de 2 000 F, le mental surimpose le chèque de 1 000 F atten<strong>du</strong>. Celui-ci n’aaucune réalité d’aucune sorte, <strong>la</strong> seule réalité c’est le chèque de 2 000 F. C’est. It is. Et tout lereste vient <strong>du</strong> Malin.86
L’émotion négative superpose « Ça ne devrait pas être » sur ce qui est, l’émotion heureusesuperpose « Ça pourrait ne pas être » ou « Ça aurait pu ne pas être » sur ce qui est.Dans les deux cas, il y a tout, sauf « c’est, Aum, Amen ». Voilà donc notre jeune fillecondamnée à l’émotion heureuse. Le soir, coup de téléphone de parrain : « Ah ! dis-moi mapauvre filleule, tu as dû me trouver complètement gâteux. Ton vieux parrain est tellementdistrait » – le parrain ne se doute absolument pas de l’effet que va pro<strong>du</strong>ire son coup de téléphone; il ne voit qu’une chose, il avait décidé de faire son geste amical pour <strong>la</strong> filleule –« dis-moi, nous avions parlé de <strong>la</strong> Ciao qui devait coûter 1 500 F. Distraitement, je me suistrompé, j’ai fait un chèque de 1 500 F pour le plombier et mon chauffe-eau de deux centslitres. Alors, fais une chose, je t’envoie les 1 500 F que je ne t’avais pas <strong>la</strong>issé espérer maisqu’au fond j’avais bien l’intention de te donner. Déchire le chèque de 2 000 F, je l’annule surmon carnet. Je vais faire un autre chèque de 2 000 F pour le plombier et je te poste tout desuite le chèque de 1 500 F qui t’était destiné. Voilà. Tu es contente, hein ? Tu as une bonnesurprise ? Tu ne t’attendais pas à ça ? » Il n’écoute même pas <strong>la</strong> réponse. « Eh bien, dis-moi,j’espère que tu vas être raisonnable en con<strong>du</strong>isant. » Il raccroche, tout heureux d’avoir offertà sa filleule 1 500 F au lieu des 1 000 F promis. Voilà notre jeune fille qui, non seulementavec 1 000 F aurait reçu un magnifique cadeau mais avec 1 500 F a reçu un plus magnifiquecadeau encore – malheureuse, déçue, déçue, déçue. C’est tout juste si elle ne va pas faucherdes tranquillisants dans le sac de sa mère pour pouvoir s’endormir parce qu’elle n’a plus que1 500 F au lieu des 2 000 F qu’elle a cru posséder tout l’après-midi. Sur le chèque, maintenantle seul réel, celui de 1 500 F qui va arriver demain ou après-demain, le mental superimposele chèque de 2 000 F qu’elle a tenu en main tout l’après-midi mais qui n’a plus aucuneréalité. La réalité, c’est 1 500 F, et sur cette réalité le mental crée un second : 1 500 F, plus 2000 F. Voilà le fonctionnement <strong>du</strong> mental, voilà le fonctionnement de l’émotion, voilà lefonctionnement de <strong>la</strong> non-acceptation. Et maintenant je vais raconter l’histoire si exemp<strong>la</strong>irede <strong>la</strong> leçon donnée par un enfant de six ans à un a<strong>du</strong>lte.J’avais déjà écrit un certain nombre de livres, j’avais déjà, pendant des années et des années,médité, prié, eu chaud en Inde, eu froid au Japon, voyagé sur les routes d’Asie et mêmeconnu Swâmiji. À cette époque-là, nous allions, mon épouse, notre fille, notre fils et moi, àpeu près tous les week-ends, près de Nemours, dans une propriété appartenant à un ami quiavait les mêmes idées que nous (il était disciple d’un maître tibétain) et nous nous retrouvionslà-bas. Après une semaine de Paris, une heure d’autoroute <strong>du</strong> Sud, nous quittions l’autorouteà Nemours et c’était, tout d’un coup, <strong>la</strong> vraie campagne. Et nous prenions, pour arriverà cette propriété, un « raccourci », qui, en fait, rallongeait de deux ou trois kilomètresmais qui serpentait à travers un bois. Il n’y avait pas de fossé à cette route, l’herbe, les buissons,les arbres mêmes croissaient à <strong>la</strong> limite <strong>du</strong> goudron. J’aimais bien cette route parcequ’elle me rappe<strong>la</strong>it une route que j’avais souvent parcourue en auto et qui réunissait Rishikeshà Dehra-Dun aux Indes. Voilà déjà une extravagance <strong>du</strong> mental, apprécier une route <strong>du</strong>Bassin parisien par comparaison avec une route de l’Hima<strong>la</strong>ya. Mon mental superimposaitsur cette route, qui était <strong>la</strong> seule réalité, une route de l’Hima<strong>la</strong>ya qui n’avait aucune réalité.Mais l’histoire est plus grave et plus exemp<strong>la</strong>ire que ce<strong>la</strong>. À ce moment-là, je vivais encoredans le mental et les émotions, <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité, les paires d’opposés, et cette folie bien partagée quiconsiste à adhérer à un enseignement et à oublier de le mettre en pratique quand c’est lemoment de le mettre en pratique. J’étais à l’avant avec mon fils de six ans, sa mère et sa sœurétaient derrière. Cette route, je <strong>la</strong> prends un jour, fin novembre ou début décembre : gris,87
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ne veut pas dire pour autant que vo
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être pur, conscience pure, béatit