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A la recherche du Soi - I. Adhyatma yoga - Yoga taichi 91

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traditionnelle), les Occidentaux vivent dans <strong>la</strong> prétention. Leur insécurité intérieure est tellequ’ils sont tout le temps obligés de porter des masques, de prétendre être quelque chose, aulieu de ne rien prétendre <strong>du</strong> tout et d’être vraiment. Cette prétention, qui n’est même plusconsciente, constitue aussi un facteur d’impossibilité à vivre dans le complet relâchement detoutes les tensions. L’abandon de cette tension particulière et tragique de <strong>la</strong> prétention voudraitdire renoncer à tous les masques, à tous les mensonges dont on s’est affublé, dont on seprotège, pour redevenir simplement soi-même, pareil à un petit enfant, dénudé.La prétention est là physiquement, dans <strong>la</strong> démarche, les gestes mensongers, les caricatures.Elle est même là dans les émotions et toutes sortes d’émotions pourraient tomber immédiatementsi l’on cessait de s’en nourrir, parce qu’elles font partie de notre personnage.On pense à tort que, sans ces émotions, on n’existerait plus. Ces émotions ne sont en faitque les imitations d’émotions que l’enfant a vues se manifester chez les grandes personnes etdont il a pris l’habitude. La prétention est aussi d’ordre mental ou intellectuel. C’est une« aliénation » (au vrai sens <strong>du</strong> mot : devenir étranger à soi-même). Si cette prétention n’estpas complètement abandonnée, on peut toujours se re<strong>la</strong>xer plusieurs heures par jour, on nesera jamais déten<strong>du</strong>. Pendant qu’on va bien re<strong>la</strong>xer ses jambes, <strong>la</strong> jambe gauche, puis <strong>la</strong>jambe droite, ce sont immédiatement les épaules qui vont se recontracter. Ces masques auxquelson se cramponne sont une prison. Quand le gourou les arrache, nous hurlons, tantnous y sommes habitués. Je me souviens d’une phrase de Swâmiji : « Swâmiji tears off themasks », « Swâmiji arrache les masques ». Tant que ces masques sont là, il ne peut y avoiraucune détente.Après peuvent venir les autres définitions de moksha. Moksha, c’est échapper au samsara,au cycle des naissances et des morts (ce qui naît meurt, ce qui meurt naît à une autre formede vie) ; c’est transcender <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité <strong>du</strong> sujet et de l’objet, ou <strong>du</strong> connaissant, de <strong>la</strong> connaissanceet <strong>du</strong> connu. Il existe de magnifiques définitions métaphysiques auxquelles vous adhérezéventuellement, mais qui ne vous concernent pas directement, non qu’elles ne soient pasvraies mais parce que « Je suis Shiva, je suis brahman, je suis illimité », ça n’est pas pour vousun défi. Par contre : « Do you know what is moksha, Arnaud ? – Complete release of all tensions», c’est une phrase terrible. Lâchez ces tensions, ne les conservez plus, ne les entretenezplus, <strong>la</strong>issez-les tomber. « Je ne peux pas. » Je réalise que je suis un prisonnier qui aspire à <strong>la</strong>libération, le prisonnier de mes tensions. C’est c<strong>la</strong>ir, je ne peux pas en douter, je ne peux pasle nier. Je vis ten<strong>du</strong>, ten<strong>du</strong> émotionnellement, jamais complètement déten<strong>du</strong>. Si je me détends,je suis obligé d’organiser un système tout à fait extraordinaire qui consiste à me détendresans me détendre, parce que si, par hasard, je me détendais pour de bon, je sentirais<strong>la</strong> puissance en moi des tensions profondes. Si je réussis à escamoter les tensions de surface,je découvre les tensions profondes, <strong>la</strong>tentes comme disent les hindous, cachées, ce qui signifieinconscientes. Donc, il faut que je réussisse à détendre mes tensions de surface, mais sansme détendre vraiment parce que, à ce moment-là, les tensions profondes commenceraient àse révéler, les peurs et les désirs profonds. Vous voyez quelle acrobatie ce<strong>la</strong> demande, qui estune prétention de plus ! C’est une prison tragique.Il n’est possible de s’évader d’une prison que quand nous <strong>la</strong> voyons. Il y a eu des évasionsréussies des camps de prisonniers. Mais il ne suffit pas à un officier qui veut quitter l’of<strong>la</strong>g dese précipiter devant les sentinelles en criant « Vive <strong>la</strong> France, vive <strong>la</strong> liberté ! » À <strong>la</strong> troisièmesommation, on tire. Il faut étudier minutieusement le camp de prisonniers : le mirador, lesprojecteurs, les chiens, les tours de garde, les clôtures électriques, les barbelés, l’ouverture et114

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