que redécouvrir) sous le nom d’inconscient. Tant que cette source non assumée, non intégrée,non ren<strong>du</strong>e consciente est là, il est impossible de ne pas être agité intérieurement. Vousrêvez, vous faites des projets ; il vous est impossible de ne pas avoir des émotions, de ne pasavoir des pensées. Comment pourrait-on appeler ces pensées, ces émotions, cette agitationune action libre ? Et ces pensées vous poussent à vous engager dans des actions. Vous chercheztoujours quelque chose. Vous n’êtes jamais en repos. Quelque chose vous manque.Vous ne pouvez jamais faire silence, retourner à <strong>la</strong> complète détente, au complet relâchementde toutes les tensions physiques, émotionnelles et mentales. À ce niveau de manomayakosha, il n’y a pas action libre, il n’y a que réaction, parce qu’on est obligé d’agir par les impulsionsqu’on porte en soi-même. Il existe en ang<strong>la</strong>is un mot qui n’a pas un équivalent toutà fait satisfaisant en français, c’est le mot to do, qui veut dire « faire » dans le grand sens <strong>du</strong>mot faire : accomplir. Dans ce sens-là, on peut dire : Seul a le droit d’affirmer qu’il peutfaire, celui qui peut aussi ne pas faire. Oui. Seul a le droit d’affirmer qu’il peut faire celui quipeut aussi ne pas faire. La grande question c’est ce « faire », to do. Si je ne peux pas ne pasfaire, où est ma liberté ? Comment puis-je dire que je fais librement ? Au p<strong>la</strong>n de manomayakosha, je ne peux pas ne pas faire. Je ne peux pas ne pas penser, je ne peux pas ne pas avoirdes associations d’idées qui viennent me harceler si j’essaie de méditer. Je ne peux pas ne pasdésirer ou refuser.Pourtant manas est un p<strong>la</strong>n, un niveau de fonctionnement, qui peut être dépassé. Il estpossible que le « Je Suis », en moi, ne soit plus identifié à ces pensées, ces désirs, ces craintes,ces émotions qui se succèdent de moment en moment. À ce niveau-là, dans le re<strong>la</strong>tif, dans lemonde des phénomènes, les chaînes d’action et de réaction, les chaînes de cause et d’effetprennent p<strong>la</strong>ce, mais <strong>la</strong> Conscience peut être libre de ce fonctionnement, en être le pur témoinnon affecté. Le fonctionnement de manomaya kosha est alors remp<strong>la</strong>cé par <strong>la</strong> plénitudede vijnanamaya kosha, <strong>la</strong> véritable intelligence.Nous pouvons considérer ces koshas, ces revêtements contenus à l’intérieur les uns desautres, comme des enceintes contenues à l’intérieur les unes des autres, comme les enceintesd’un temple ou d’un manda<strong>la</strong>. Dans quelle mesure est-ce que notre conscience a le libre accèsà toutes ces enceintes, peut se dép<strong>la</strong>cer d’une enceinte à l’autre à volonté ? Se situer dansl’enceinte <strong>du</strong> corps physique et, à ce moment-là, dire en effet : « je suis grand », « je suis petit», se situer dans l’enceinte de l’enveloppe faite de prana et à ce moment-là dire en effet :« je suis fatigué », mais quitter aussi bien cette enveloppe, se situer dans l’enveloppe <strong>du</strong> mentalet dire à ce moment-là « je suis aimé », « je suis trahi », quitter cette enceinte pour vijnanamayakosha, au lieu de demeurer prisonnier de l’émotion, suffoquant dans le fait de sesentir trahi, de se sentir critiqué, de se sentir attaqué, de se sentir non-aimé ou détesté, etc.Est-ce que ma conscience est prisonnière, est-ce que je suis obligé de souffrir parce que deschaînes d’actions et de réactions, de causes et d’effets pro<strong>du</strong>isent certains résultats au niveaude manomaya kosha, l’enveloppe faite de mental et d’émotion ? Quand, par <strong>la</strong> purification dechitta (<strong>la</strong> libération par rapport au poids <strong>du</strong> passé) après une longue et méthodique ascèse, <strong>la</strong>conscience est libre de ce mental, quand manonasha, <strong>la</strong> destruction <strong>du</strong> mental, a été opérée,<strong>la</strong> conscience peut, en toute circonstance, se situer librement au p<strong>la</strong>n de vijnana, l’intelligenceobjective, qui ne fonctionne plus selon mes goûts, mes dégoûts, mes attractions, mes répulsions,selon ce qui « devrait être », mais simplement selon ce qui « est ». Cette intelligencecorrespond à ce que nous appelons <strong>la</strong> science. Par exemple, <strong>la</strong> physique d’un physicien soviétiquecommuniste, <strong>la</strong> physique d’un physicien français profondément catholique, et <strong>la</strong> physi-38
que d’un physicien américain athée et vivant dans un pays capitaliste, c’est toujours <strong>la</strong> mêmephysique. La physique d’un Italien, d’un Japonais ou d’un Mexicain, c’est toujours <strong>la</strong> physique.À ce niveau-là, il n’y a pas de contradictions.Si ma conscience s’est réellement située au niveau de ce revêtement-là, vijnanamaya kosha,l’émotion égoïste, subjective, fonctionnant selon « j’aime » ou « je n’aime pas », a disparu.À sa p<strong>la</strong>ce apparaît un autre fonctionnement <strong>du</strong> cœur qui devient réellement un moyen deconnaissance et de prise de conscience et que nous pouvons, pour le distinguer des émotions,appeler en français « sentiment ». L’émotion dit toujours : « moi, moi, moi ». Moi je suisheureux et il faut que je parle à tout le monde de mon bonheur tellement je suis excité, oumoi je suis malheureux et il faut que j’aille me p<strong>la</strong>indre à tout le monde de ma souffrance. Lesentiment dit toujours : « l’autre », que cet autre soit un autre être humain ou que cet autresoit un simple objet, fût-ce une poignée de porte, une cuillère, un stylo. Si un objet extérieurà moi suscite en moi une émotion, me voilà de nouveau enfermé dans mon monde, incapablede communiquer. L’émotion n’est jamais un moyen de connaissance. L’émotion vouscoupe, vous emprisonne. Quand les émotions ont disparu, le sentiment (qui accepte pleinementque, d’instant en instant, ce qui est soit) est un instrument de connaissance. Je peuxavoir <strong>la</strong> sensation d’un objet, ou d’un être, ou d’un fait. Je peux avoir l’idée d’un objet, d’unêtre ou d’un fait. Et je peux avoir le sentiment d’un objet, d’un être ou d’un fait. Sentimentimpersonnel, réel, par lequel je ne vis plus dans mon monde mais dans le monde et par lequelje suis réellement en communication avec l’apparence, <strong>la</strong> surface, le monde des phénomènes.Comment puis-je espérer accéder à <strong>la</strong> profondeur si je ne suis même pas en contactavec <strong>la</strong> surface ? Comment puis-je espérer accéder à l’essence si je ne suis même pas encontact avec l’apparence ? L’émotion me coupe et, par l’émotion, je ne suis jamais en contactavec <strong>la</strong> surface, jamais en contact avec l’apparence. Par le sentiment je suis vraiment encontact avec <strong>la</strong> surface et immédiatement le chemin vers <strong>la</strong> profondeur s’ouvre devant moi.Par le sentiment je suis vraiment en contact avec l’apparence et immédiatement le cheminvers l’essence s’ouvre devant moi. Vijnanamaya kosha implique un sentiment qui est toujourspositif, jamais négatif, qui ne refuse jamais, qui est toujours l’amour, toujours l’accord avec lemonde phénoménal tel qu’il est d’instant en instant.À <strong>la</strong> grande différence <strong>du</strong> fonctionnement de l’intellect correspondant à manas, le fonctionnementde l’intellect correspondant à vijnana a <strong>la</strong> possibilité de s’arrêter si je le veux.Quand ma conscience est située au niveau de manomaya kosha, je ne peux pas m’arrêter depenser : j’ai beau vouloir faire silence, tout le temps des pensées viennent pour me distraire.Quand ma conscience d’être est située au niveau de vijnanamaya kosha (le revêtement del’atman fait d’intelligence), <strong>la</strong> pensée peut s’arrêter. C’est une immense différence qui nesaute pas aux yeux dans les descriptions védantiques habituelles venues jusqu’à nous en tra<strong>du</strong>ctionfrançaise. Il est possible d’arrêter de penser. La pensée retourne à sa propre source,au silence, et ne prend plus <strong>la</strong> forme d’aucune pensée particulière. Ce qui, au niveau de manas,le mental, est impossible malgré les plus grands efforts devient parfaitement possible auniveau réel de vijnana. Le sentiment subsiste, mais, comme ce n’est plus le sentiment d’aucunobjet particulier, ce<strong>la</strong> devient simplement le sentiment de moi-même. Je peux avoir <strong>la</strong>sensation de mon corps, je peux avoir l’idée de moi-même si j’exprime « Je Suis », et je peuxavoir le sentiment de moi-même. Et <strong>la</strong> pensée, elle, s’arrête. Si nous avons atteint <strong>la</strong> possibilitéde nous situer entièrement dans cette enceinte de notre monde intérieur, au niveau de cekosha, alors ce vide mental, cette pure conscience devient à jamais à notre disposition.39
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tent l’opposition et vous ne fere
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en particulier. Examinez votre prop
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comme l’écran du cinéma est lib
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est soumis à l’alternance de l
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