saute aux yeux. On me bouscule dans <strong>la</strong> rue et je <strong>la</strong>nce un gros mot à <strong>la</strong> personne qui m’abousculé. Tout le monde sera d’accord pour dire que c’est une réaction. Une mère nerveusegifle brutalement un enfant qui a simplement fait tomber un objet par terre sans même lecasser : elle reconnaîtra qu’elle a été emportée et n’a pu s’empêcher de réagir. Mais en vérité,tout ce que les hommes et les femmes qui ne sont pas passés par une véritable discipline(sadhana) appellent action ne mérite que le nom de réaction. Ces réactions pro<strong>du</strong>isent deseffets, des conséquences qui sont celles que nous avons voulues, et encore pas toujours, maisqui sont aussi toutes sortes de conséquences que nous n’avons ni voulues, ni prévues. Pouréchapper à ces conséquences de nos actions, nous allons nous engager dans d’autres actionsqui porteront encore des fruits que nous n’aurons pas voulus, et ainsi de suite...Une existence humaine, depuis les premières heures – je dis bien depuis les premièresheures – <strong>du</strong> bébé, est faite de ces séries d’actions et de réactions pro<strong>du</strong>isant des conséquencesnon prévues et non voulues auxquelles on cherche à échapper dans cette vaine poursuite <strong>du</strong>bonheur. Le Bouddha a dit : « Tous les êtres cherchent le bonheur, que ta compassions’étende donc sur eux tous. » La seule et unique motivation de tous les êtres, c’est <strong>la</strong> <strong>recherche</strong><strong>du</strong> bonheur, mais tout le monde n’a pas <strong>la</strong> même conception <strong>du</strong> bonheur, ne cherche pasle bonheur dans <strong>la</strong> même direction, et un proverbe, témoin de l’ancienne sagesse, dit que« chacun prend son p<strong>la</strong>isir où il le trouve ». Toutes les actions des êtres humains sont accompliesen vue de leur bonheur et ces actions ont pour résultat de maintenir les êtres humainsdans l’insécurité, l’insatisfaction, le conflit et <strong>la</strong> nécessité d’autres actions. L’un agiraparce qu’il met son bonheur dans le fait de devenir chevalier ou officier de <strong>la</strong> Légiond’honneur ; un autre parce qu’il met son bonheur dans le fait de se venger d’un ennemi oud’éliminer un concurrent ; un autre parce qu’il met son bonheur dans le fait de s’enrichir defaçon aventureuse, c’est-à-dire par le hold-up ou l’escroquerie ; un autre mettra son bonheurdans le fait de bien élever ses enfants. Chacun agira selon ses motivations personnelles,égoïstes - c’est-à-dire relevant de l’ego, même si ces actions sont ce que nous appelons desactions altruistes – et ensuite devra en porter les conséquences.Pour les Orientaux, hindous et bouddhistes, cette succession d’actions, conséquences del’action, nouvelles actions motivées par les conséquences, s’étend non pas sur une seule existence,mais sur plusieurs existences et l’explication hindoue ou bouddhiste courante est quebien des événements peu compréhensibles de cette existence s’expliquent par l’action <strong>du</strong>karma accumulé dans les existences précédentes. Mais il n’est pas indispensable, concrètementet pratiquement, pour les besoins <strong>du</strong> chemin, d’adhérer à <strong>la</strong> doctrine des vies successives.C’est une doctrine qui imprègne tout hindou depuis sa naissance et dont les Occidentauxne s’imprégneront jamais de <strong>la</strong> même façon, même s’ils y adhèrent intellectuellement.L’hindou est tellement convaincu que ce qui se passe aujourd’hui est le fruit de ce qui s’estpassé pendant je ne sais combien d’existences antérieures que ce<strong>la</strong> contribue, sans aucundoute, à façonner sa mentalité, et l’Occidental, même s’il donne son adhésion à cette doctrinedes « vies successives », n’en sera jamais convaincu au point que ce<strong>la</strong> détermine sa façonde sentir, sa façon de réagir et sa mentalité. Même si ce<strong>la</strong> est vrai. Il est parfaitement possiblede progresser sur le chemin sans faire intervenir cette doctrine. Celle-ci, d’ailleurs, doitêtre bien comprise et elle peut donner lieu à des contresens énormes qui nous limitent et quinous aveuglent, beaucoup plus qu’ils ne nous font progresser intellectuellement et spirituellement.134
Rendez-vous compte : « J’agis tout le temps, mais qu’est-ce qui motive mon action ? Dequelle manière est-ce que je l’accomplis ? Qui est-ce qui agit en moi ? Est-ce que mes actionssont vraiment voulues, conscientes ? Est-ce que je suis capable de bien prévoir <strong>la</strong> réactionque mon action va faire lever en face d’elle ? » C’est une loi générale qui est vraie partout,en physique comme dans <strong>la</strong> vie spirituelle : toute action soulève en face d’elle une réactionde force égale et opposée. Est-ce que nous sommes capables de prévoir quelle va être <strong>la</strong>réaction que va soulever notre action ? Quel est le sens d’une action qui sera effacée par <strong>la</strong>réaction qu’elle aura soulevée en face d’elle !Toute cette question de l’action et <strong>du</strong> karma n’est compréhensible que dans <strong>la</strong> perspectivede l’ego ou de l’effacement de l’ego, de <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité ou de <strong>la</strong> non-<strong>du</strong>alité. La conscienced’être s’exprime en nous par : « Je suis. » « Je suis » simplement. Bien sûr, quand nous disons« je suis », nous pensons à <strong>la</strong> phrase de Descartes, « Je pense donc je suis » que nous avonstous apprise en c<strong>la</strong>sse, mais le « je suis » est beaucoup plus simple. Je pourrais dire « je ressens,donc je suis », « j’éprouve, donc je suis », « je souffre, donc je suis ». Peut-on dire qu’unpetit bébé pense ? Non, un bébé de quelques heures ne pense pas et pourtant il est. Il ressent.Et nous pourrions dire aussi, et ce serait également vrai : « Je suis et à partir de làj’agis. » Quelle action ? Je suis donc je ressens, je suis donc j’éprouve, je suis donc je veux, jesuis donc j’aime, je suis donc je désire, je suis donc je refuse, je suis donc j’agis, et dans cettedirection se trouve <strong>la</strong> possibilité de l’évolution, <strong>du</strong> changement et de <strong>la</strong> libération. Tant quece « Je suis » est identifié à l’ego – « moi avec mes conditionnements et mes déterminismes »(abondamment étudiés par les sciences humaines actuelles) – l’action sera d’une certaine nature.À mesure que cette identification de « Je suis » à « moi » avec ma nature, mon tempérament,mon passé, mes expériences, mon inconscient va se relâcher, l’action va changer. Lejour où cette identification aura disparu, où <strong>la</strong> motivation personnelle, égoïste, oscil<strong>la</strong>nt entrele désir d’avoir ce que nous aimons et le refus d’avoir ce que nous n’aimons pas, aura disparu,l’action deviendra tout autre, prendra un sens tout à fait différent.Tout ce<strong>la</strong> est minutieusement décrit dans toutes les traditions spirituelles et notamment<strong>la</strong> tradition hindoue, mais je veux le rendre le plus accessible possible pour quelqu’un qui estencore au début <strong>du</strong> chemin. Celui qui agit, le karta en sanscrit, en ang<strong>la</strong>is le doer (il n’y a pasde mot français qui tra<strong>du</strong>ise exactement ce mot ang<strong>la</strong>is doer, acteur agissant, auteur des actions),n’est pas le même chez l’être humain ordinaire et chez le sage. La bien célèbre phrasede saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » peut être expriméeaussi : « Ce n’est plus moi qui agis, c’est le Christ qui agit en moi. » Est-ce que c’est « moi »en tant qu’ego avec tous les conditionnements que ce<strong>la</strong> suppose, ou est-ce que c’est une réalitéd’un autre ordre qui agit ou qui s’exprime à travers moi ?Toutes nos actions ont des conséquences. Cherchons nos exemples non pas chez les sagesou dans <strong>la</strong> tradition hindoue, mais dans ce monde si loin de <strong>la</strong> sagesse qu’est le mondemoderne dans lequel nous vivons, autour de nous et en nous, dans notre propre histoire.Dans combien d’actions (qui n’étaient, en fait, que des réactions) ne nous sommes-nouspas engagés, actions importantes ou moins importantes, actions à résultats immédiats ouactions à résultats lointains, dans combien d’actions ne nous sommes-nous pas <strong>la</strong>ncés quiont eu des conséquences que nous n’avions pas prévues ? Un garçon jeune, impulsif, ne prévoitpas que <strong>la</strong> fille qu’il a réussi à conquérir et avec qui il a passé <strong>la</strong> nuit sera enceinte. Jechoisis un exemple connu, qui n’a pas besoin d’être cherché très loin. Ces résultats vont vousamener à intervenir et à agir encore, toujours sur une base de <strong>du</strong>alité : ce qui me convient et135
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QUATREL’acceptationN’ oubliez p
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