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A la recherche du Soi - I. Adhyatma yoga - Yoga taichi 91

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Un fil est là qui échappe à <strong>la</strong> succession des instants puisqu’il est toujours identique à luimême.S’il n’y a aucun changement, il n’y a plus de temps. Temps ou changement sont synonymes.Et cette Conscience, parfaitement adaptée au temps, échappe au temps <strong>du</strong> faitqu’elle est, elle-même, sans changement. Mais elle n’existe que dans <strong>la</strong> fluidité, <strong>la</strong> souplessecomplète, dans l’acceptation complète de ce mouvement <strong>du</strong> monde re<strong>la</strong>tif et c’est une acceptationconsciente. C’est toute <strong>la</strong> différence entre une pièce obscure dans <strong>la</strong>quelle vous ne voyezrien et <strong>la</strong> même pièce éc<strong>la</strong>irée par une <strong>la</strong>mpe allumée.Cette brève évocation que je viens de faire <strong>du</strong> point de départ et <strong>du</strong> point d’arrivée donnedéjà beaucoup d’indications sur le chemin, sur <strong>la</strong> façon d’être encore dans <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité, maisd’être dans <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité de façon responsable, a<strong>du</strong>lte, digne de l’homme. L’ego, moi par oppositionau <strong>Soi</strong>, se modifie d’instant en instant sous <strong>la</strong> pression des stimuli, extérieurs, que cettepression s’exerce comme attraction ou comme répulsion. En même temps, cet ego n’a nisouplesse ni disponibilité, ou si peu. Il est comparable à un mauvais comédien qui, incapabled’entrer dans <strong>la</strong> peau de son rôle, comme on disait autrefois, serait toujours le même, quelque soit le personnage qu’il interprète. En même temps que l’ego n’a aucune permanence etchange de seconde en seconde, il n’a non plus aucune capacité à s’adapter consciemment,librement, parfaitement aux circonstances qui l’entourent. Il n’est capable que de répéter indéfiniment: « Moi, moi, moi, moi... », pendant une vie entière. Moi par rapport au sujet deconversation ; moi par rapport à <strong>la</strong> dame qui vient d’entrer ; moi par rapport au p<strong>la</strong>t qu’onvient de servir ; moi par rapport à <strong>la</strong> personne qui me sourit ; moi par rapport à <strong>la</strong> personnequi ne me sourit pas — et moi dans mes grands é<strong>la</strong>ns de générosité et de phi<strong>la</strong>nthropie.Rappelez-vous le titre d’une chanson qui a eu quelque succès ces dernières années : « Sixcents millions de Chinois... et moi et moi et moi. » L’Univers entier, et moi et moi et moi...Des millions de tragédies tous les jours, des millions de morts tous les jours, et moi et moi etmoi. Quand l’ego a assez regardé mourir au Vietnam, au Biafra, au Chili, sur son écran detélévision, il arrête son poste et dit : « C’est pas tout ça, qu’est-ce qu’il y a à bouffer ce soir ? »Dans une société fondée sur l’hypertrophie de l’indivi<strong>du</strong>alisme, il n’y a rien d’autre à attendrede l’ego. Dans une société traditionnelle, fondée sur le dharma, une société qui con<strong>du</strong>it nonpas à de plus en plus d’asservissement mais à de plus en plus de liberté intérieure, l’ego del’enfant apprend peu à peu <strong>la</strong> disponibilité. L’enfant apprend à devenir un bon acteur, quijoue bien le rôle dans lequel il est distribué. C’est maintenant de plus en plus difficile. Lesego deviennent tellement figés qu’ils n’ont plus qu’un seul rôle à leur disposition : Moi, toujoursMoi, quelles que soient les conditions et circonstances, au lieu de jouer le rôle exactdans lequel <strong>la</strong> vie me distribue d’instant en instant. Et <strong>la</strong> situation, d’une façon générale oucollective, s’aggrave d’année en année.Pour parler d’une activité que j’ai beaucoup étudiée, celle <strong>du</strong> comédien, il est saisissantde constater comment, en cinquante ans (et ici, je complète mon expérience par celle de personnesqui étaient jeunes <strong>du</strong> temps où Paul Mounet était professeur au Conservatoire etavec lesquelles j’ai pu parler quelques années avant leur mort), il est saisissant de constatercomment l’« emploi » des comédiens devient de plus en plus étroit. Il y a cinquante ans, ilexistait bien déjà des « emplois » : un même acteur, généralement, ne jouait pas les jeunespremiers et les valets de comédie. Le même acteur ne jouait pas Scapin de Molière et Orestede Racine. Mais les comédiens avaient un emploi assez <strong>la</strong>rge ; ils pouvaient jouer des personnages,des rôles différents, et se transformer entièrement avec leur rôle. C’est ce qu’onattendait d’un comédien. L’expérience de <strong>la</strong> profession montre que, peu à peu, à mesure que152

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