émotionnel ou un débile émotionnel ne peut pas de p<strong>la</strong>in-pied accéder aux disciplines ésotériques,initiatiques, yogiques décrites par les grands textes, les Upanishads, le <strong>yoga</strong> Vashishta,les <strong>Yoga</strong> sutra de Patanjali, Shankarâcharya ou les textes équivalents en matières de soufisme,bouddhisme tibétain ou zen.Voilà pourquoi, en ce qui concerne le rôle <strong>du</strong> gourou, se pose une grave et importantequestion. Un gourou strictement traditionnel ne pourrait être d’aucune utilité pour les candidatsmodernes. Il faut que le gourou commence par accomplir une tâche qui, autrefois,n’était pas <strong>la</strong> sienne : faire ce qui n’a pas été fait, donner ce qui n’a pas été donné. Et c’est ceque j’ai moi-même trouvé auprès de Shrî Swâmi Prajnânpad, qui, tout en ayant été luimêmeélevé magnifiquement dans une grande famille de brahmanes bengalis, devenu trèsjeune un homme qui sortait déjà de l’ordinaire dans son milieu, puis un yogi, un être éveillé,libéré, et un maître spirituel, avait très vite compris que les candidats qui venaient à lui,même les Indiens qui avaient fait des études modernes, par<strong>la</strong>ient ang<strong>la</strong>is couramment etn’étaient déjà plus représentatifs de l’Inde traditionnelle, n’avaient pas les qualifications pouraborder directement l’enseignement que lui-même avait reçu de son propre gourou, Nira<strong>la</strong>mbaSwâmi. Et que dire des quelques disciples français qui l’ont entouré dans les douze outreize dernières années de sa vie !Soyez c<strong>la</strong>irs quand vous réfléchissez à cette question <strong>du</strong> gourou et <strong>du</strong> disciple, quandvous lisez des livres qui portent témoignage sur ce qu’on appelle en Inde guru-chel<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tionship(on dit pour le disciple chel<strong>la</strong> ou shisya). Toute cette tradition magnifique doit êtrecomplétée aujourd’hui. Beaucoup de candidats-disciples sont des hommes et des femmesparfaitement sincères, mais qui se présentent à <strong>la</strong> faculté en disant : « Je voudrais étudier lecalcul infinitésimal ou <strong>la</strong> physique nucléaire », alors qu’ils savent à peine lire et écrire. Ilsdoivent finir leurs études primaires, faire toutes leurs études secondaires, avant de commencerà apprendre les mathématiques supérieures. Je peux prendre une autre comparaison aussisimple. Des boiteux, des poliomyélitiques à peine convalescents viennent en demandant :« Je voudrais m’entraîner pour des records olympiques. » Il faut d’abord leur apprendre àmarcher normalement, sans cannes et sans béquilles !Même si l’on est revêtu d’une robe orange ou saumon comme les moines bouddhistes oules swâmis hindous, il y a un immense mensonge à faire croire à des jeunes ou à de moinsjeunes qu’on va leur donner tout ce que promet le <strong>yoga</strong>, comme ça, tout de suite ou en quelquesannées, alors que leur absence d’é<strong>du</strong>cation émotionnelle les rend absolument inaptes às’engager dans des disciplines supérieures, interdites à ceux qui n’ont pas déjà résolu ungrand nombre de problèmes personnels. C’est là qu’il y a quelque chose d’aberrant dans l’approcheactuelle. Jusqu’où va l’aveuglement pour que ce<strong>la</strong> ne saute pas aux yeux ? Tous cesenseignements sont destinés à con<strong>du</strong>ire très au-delà <strong>du</strong> niveau humain accompli. Or ceuxqui rêvent de ces enseignements ne sont pas capables de se p<strong>la</strong>cer au niveau humain normalet suffoquent dans leur peur, leurs ma<strong>la</strong>ises, leur désadaptation. Pensez à ce qu’on appe<strong>la</strong>itautrefois les « qualifications initiatiques » de départ pour pouvoir être disciple. Ces qualificationsinitiatiques, on les a d’ailleurs trouvées dans le christianisme aussi. C’est ce qu’on attendaitd’un candidat prêtre ou moine. Ces qualifications représenteraient déjà, pourl’homme moyen d’aujourd’hui, le but dont il ose à peine rêver. Tout le monde sait aujourd’hui,où le <strong>yoga</strong> est devenu si connu en Europe, que les <strong>Yoga</strong> sutra de Patanjali, qui présententun chemin en huit parties comme le chemin <strong>du</strong> Bouddha, commencent avec lesprescriptions éthiques, psychologiques, de yama et de niyama. Dans ces yama et niyama,16
vous trouvez l’égalité d’humeur, c’est-à-dire l’absence d’émotion. Rien que ça, c’est fini, arrêtons,n’allons pas plus loin ! Vous trouvez <strong>la</strong> maîtrise complète <strong>du</strong> sexe, l’absence de désirs.Ces yama et niyama représentent déjà un tel accomplissement émotionnel que personne nerêverait d’aller plus loin ! Or, ceux qui n’ont aucune maîtrise de ces yama et niyama et quisavent très bien que, si ce<strong>la</strong> continue ainsi, ils n’ont aucune chance d’avoir jamais <strong>la</strong> moindremaîtrise à cet égard, court-circuitent ces deux premiers « membres » (anga) <strong>du</strong> chemin dePatanjali et s’intéressent à dharanâ, dhyana, samadhi, aux plus hauts accomplissements spirituels.On s’épuise pour une méditation qui nous échappe toujours et le but est comme <strong>la</strong>carotte suspen<strong>du</strong>e au bout d’une perche pour faire avancer un âne : c’est toujours pour demain.Au bout de trente ans consacrés au <strong>yoga</strong>, on se dit, si l’on se regarde dans <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce lesyeux dans les yeux et sans se mentir : samadhi ? dhyana ? – Un peu de dharana de temps entemps avec de grands efforts pour réussir à concentrer mon attention ! Quant à pouvoir direque j’ai dépassé l’ego ou le mental, que je vis dans <strong>la</strong> « non-<strong>du</strong>alité », quel rêve brisé, que d’illusionsper<strong>du</strong>es ! Non que les candidats au <strong>yoga</strong> ne fussent pas sincères, pas réellement désireuxd’arriver et ne se fussent pas donné de mal (certains s’en sont donné beaucoup), maisparce que les prémices manquaient.Avant <strong>la</strong> grande liberté spirituelle et métaphysique, il y a d’abord une liberté psychologique.Avant <strong>la</strong> non-<strong>du</strong>alité transcendante – qui n’est pas un rêve de métaphysicien mais uneréalité – il y a d’abord une non-<strong>du</strong>alité psychologique qui consiste à ne pas être tout le tempsen conflit avec soi-même et avec tout ce qui vous entoure. Le spirituel est au-delà <strong>du</strong> psychique(psyché signifiant âme). L’Esprit est à un niveau supérieur. Sur le p<strong>la</strong>n psychique tout estdésordre, confusion, conflit. Comment pourrait-il y avoir accès à <strong>la</strong> transcendance <strong>du</strong> p<strong>la</strong>nspirituel ? Il faut être bien c<strong>la</strong>ir sur ce point, et il y a une grande confusion entre le psychiqueet le spirituel. Dans l’é<strong>du</strong>cation moyenne de l’Occidental moyen et <strong>du</strong> chrétien moyen d’aujourd’hui,il n’est plus question que de l’âme et <strong>du</strong> corps. On y croit ou l’on n’y croit pas ; lescroyants affirment que l’homme est composé d’un corps mortel et d’une âme immortelle,mais on ne parle plus de l’Esprit. Dans tous les enseignements on trouve trois termes : enarabe, au-delà <strong>du</strong> corps, nafs correspond au psychisme et ruh, à l’esprit. En grec, psyché etpneuma, en <strong>la</strong>tin, anima et spiritus. Si l’on veut avoir accès à ce qu’on appelle le spirituel, ilfaut d’abord traverser le niveau psychique. S’il n’y a que désordre sur le p<strong>la</strong>n psychologique,il ne peut pas y avoir qualification pour <strong>la</strong> spiritualité. Aujourd’hui, on essaie d’utiliser lesenseignements spirituels, destinés à faire s’effacer ou disparaître l’ego, pour des raisons psychologiquesvisant à rendre en bonne santé un ego complètement ma<strong>la</strong>de. Ce sont des enseignementsqui ne sont pas <strong>du</strong> tout faits pour <strong>la</strong> même chose. Un enseignement destiné àaider <strong>la</strong> mort de <strong>la</strong> chenille et sa transformation en papillon n’est pas un enseignement destinéà permettre à des chenilles ma<strong>la</strong>des de devenir des chenilles en bonne santé. Ce qui estvrai, par contre, c’est qu’une chenille ma<strong>la</strong>de doit d’abord devenir une chenille en bonne santéavant de devenir une chrysalide et un papillon.Quelques rares gourous, dont Swâmi Prajnânpad, ont accepté cette situation nouvelle, etpris en charge ceux qui venaient à eux non pas comme des disciples mais comme des candidats-disciples,peut-être capables un jour de devenir des disciples. Ces gourous sentent :« Avec ma connaissance et ma compréhension de l’être humain, je vais faire tout le travailpréa<strong>la</strong>ble qui normalement ne devrait pas m’incomber en tant que gourou, celui qui n’a pasété fait, qui n’a pu être fait par le papa, <strong>la</strong> maman et <strong>la</strong> collectivité. »17
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