Vous voyez, les koshas à l’intérieur les uns des autres sont d’abord dépendants <strong>du</strong> koshale plus voisin, mais peuvent devenir indépendants des koshas plus extérieurs. Les pensées quirelèvent de manomaya kosha, si elles sont purifiées de toute trace d’égoïsme ou égocentrisme,deviennent des pensées qui relèvent de vijnanamaya kosha. Le mental devient l’intelligence.Il y a toujours des pensées, des idées, mais elles ne sont plus de <strong>la</strong> même qualité ni de <strong>la</strong>même nature. Et au niveau de anandamaya kosha, il n’y a plus d’idées, il n’y a plus de pensée.Il y a contemp<strong>la</strong>tion, béatitude simple.Si le travail possible de libération par rapport à <strong>la</strong> toute-puissance de ces différents koshasa été accompli, le phénomène qui me frappe est perçu de façon neutre, comme par unmiroir voyant tout ce qui peut être vu mais jamais affecté. Il n’y a donc pas de discriminationentre ce qui m’est favorable et ce qui m’est défavorable. Il n’y a pas qualification de bon oude mauvais. Il y a acceptation. Comme le disait Swâmiji : « See and recognize » – « Voyez etreconnaissez. » Reconnaissance <strong>du</strong> fait. Le corps accepte cette vérité et fait l’économie detoutes sortes de réactions physiques, biologiques, physiologiques inutiles. Il n’y a donc pasd’émotion mais un sentiment d’adhésion. Le sentiment, c’est le « oui » <strong>du</strong> cœur, l’adhésion<strong>du</strong> cœur à ce qui est. Quand le cœur voit et reconnaît, il y a sentiment. La pensée alors estlibre. C’est une pensée neutre, objective, non égoïste, capable de percevoir le monde en luimêmeet non plus uniquement à travers moi. L’action sera véritablement digne <strong>du</strong> nom d’actionau lieu de n’être qu’une réaction. Par conséquent l’initiative de l’action viendra del’intérieur. La conscience n’est plus prisonnière <strong>du</strong> fonctionnement des trois premiers koshasqui réagissent les uns sur les autres, de l’extérieur vers l’intérieur. La conscience est libre, <strong>la</strong>décision est objective, impersonnelle, non égoïste ; elle tient compte de l’ensemble des élémentsqui composent <strong>la</strong> situation dans <strong>la</strong>quelle nous sommes enserrés de moment en momentet pas seulement de certains éléments sélectionnés par le mental égocentrique.Le cœur, le corps, <strong>la</strong> tête sont unifiés dans <strong>la</strong> communion avec <strong>la</strong> réalité et l’action s’insèreharmonieusement dans cette réalité. Alors il est possible de demeurer situé dans unpoint fixe en soi-même, dans l’axe <strong>du</strong> pen<strong>du</strong>le et non pas à l’extrémité <strong>du</strong> ba<strong>la</strong>ncier <strong>du</strong> pen<strong>du</strong>lequi nous entraîne à gauche, nous entraîne à droite, nous entraîne à gauche, nous entraîneà droite. Plus notre conscience se situe près de l’axe <strong>du</strong> pen<strong>du</strong>le, plus l’amplitude <strong>du</strong>mouvement <strong>du</strong> ba<strong>la</strong>ncier diminue, moins nous sommes émus et emportés, plus nous sommesproches de <strong>la</strong> stabilité intérieure. C’est cette stabilité intérieure immuable, permanente,pareille à elle-même, inchangée parce qu’inchangeable, qu’on a parfois appelée « position detémoin » (sakshi en sanscrit) ou « conscience axiale », libre <strong>du</strong> jeu des po<strong>la</strong>rités ou des <strong>du</strong>alités.C’est seulement à partir de cette conscience qu’il est possible de prétendre légitimementau dépassement de <strong>la</strong> conscience humaine limitée, <strong>du</strong>aliste, et à <strong>la</strong> réalisation de <strong>la</strong> Conscienceillimitée, non <strong>du</strong>aliste, de l’atman. Mais espérer, alors qu’on est encore prisonnier deschaînes de causes et d’effets ou d’actions et de réactions, au niveau d’annamaya kosha, pranamayakosha, manomaya kosha, espérer, tant qu’on est encore prisonnier de ces fonctionnements,accéder à <strong>la</strong> conscience de l’atman, ce<strong>la</strong> n’est pas possible quels que soient les effortsqu’on fasse pour entrer en soi-même et établir le silence intérieur. Des résultats momentanéspeuvent être obtenus, qui sont peut-être encourageants, mais <strong>la</strong> Réalisation telle que les hindous<strong>la</strong> décrivent : sahaja state ou sahaja samadhi, « l’état naturel » qui est là vingt-quatreheures sur vingt-quatre, demeurera toujours un rêve.Le libre accès au p<strong>la</strong>n d’anandamaya kosha devrait être le droit naturel de l’homme. Cen’est pas encore <strong>la</strong> libération, ce n’est pas encore le dépassement et <strong>la</strong> transcendance de <strong>la</strong>46
condition humaine dans l’illimité et l’informel, l’atman, mais ce devrait être <strong>la</strong> plénitude de<strong>la</strong> condition humaine dont l’homme est exilé par les désirs et les peurs.Le désir a pour but sa propre satisfaction. Au moment où le désir vient d’être satisfait, ily a pendant quelques instants un état sans désir et, dans cet état sans désir, peut se manifestercette béatitude inhérente à <strong>la</strong> conscience de soi ou au sentiment de soi techniquementappelé ananda. Cet ananda n’est pas une émotion. C’est un sentiment, une paix, une joie,une plénitude qui est l’expression de l’être, qui est lié au fait d’être, au « Je Suis », à <strong>la</strong> conscienced’être, qui ne dépend pas de l’avoir, qui n’est pas affecté par ce que l’on a ou ce qu’onn’a pas. En vérité, le bonheur que l’on cherche dans l’avoir n’est jamais autre chose que <strong>la</strong>libération momentanée de <strong>la</strong> joie intrinsèque à l’être dont les désirs et les peurs vous exilentsans cesse.Comment se fait-il qu’il y ait ces désirs et ces peurs qui maintiennent votre conscienceau niveau des koshas les plus extérieurs, c’est-à-dire au niveau <strong>du</strong> corps physique, <strong>du</strong> corpssubtil et vous privent de l’accès au corps le plus intérieur, le corps causal, karanasharir, correspondantà anandamaya kosha ? (Le corps subtil correspond à pranamaya kosha, manomayakosha et vijnanamaya kosha, ce dernier faisant le lien entre le corps subtil et le corpscausal.) C’est parce qu’il existe chitta, <strong>la</strong> mémoire, l’entrepôt, le réceptacle de tous les souvenirs,de toutes les impressions qui vous ont marqués dans cette existence et, disent les hindouset les bouddhistes, dans les existences antérieures. Chitta est comme une cinémathèquedans <strong>la</strong>quelle sont conservés des milliers de films. Si nous projetons sur un écran un film quia été tourné il y a vingt ans, quarante ans, il est resté toujours le même. Les acteurs n’ont pasvieilli d’une ride dans ce film. Dans les souvenirs accumulés dans cette mémoire, chitta, il n’ya pas vieillissement. Le temps n’existe pas, le souvenir est là, intact. Mais, à <strong>la</strong> plus grandepartie de cette mémoire, vous n’avez pas normalement accès. Ces souvenirs sont non seulementsubconscients, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas tous en même temps présents à <strong>la</strong> conscienceou au conscient, mais ils sont inconscients, non conscients. Il y a là un terme de <strong>la</strong>psychologie moderne, de <strong>la</strong> psychanalyse, mais l’idée elle-même, <strong>la</strong> réalité de cet inconscient,c’est <strong>la</strong> réalité de ces vasanas et de ces samskaras dont parlent tous les enseignements hindous.Ce sont les impressions qui se sont marquées en nous, qui se sont organisées entre elles,qui ont <strong>la</strong>issé ce que nous appelons les bons et les mauvais souvenirs et qui constituentles désirs <strong>la</strong>tents, les tendances <strong>la</strong>tentes, <strong>la</strong>tencies, dit-on en ang<strong>la</strong>is, les complexes de <strong>la</strong> psychologiemoderne, les peurs de retrouver des situations douloureuses, les désirs de retrouverdes situations heureuses. La plupart de ces samskaras et de ces vasanas sont inconscients. Ilsagissent dans l’ombre, dans <strong>la</strong> c<strong>la</strong>ndestinité et nourrissent manas, le mental. Tout un travailpeut donc être accompli, qu’on appelle vasanakshaya, érosion des vasanas, et chitta shuddhi,purification de chitta. Ce travail est indispensable pour pouvoir accomplir l’étape appeléemanonasha (destruction <strong>du</strong> mental), qui libère les sentiments non égoïstes et l’intelligenceréelle, <strong>la</strong> buddhi.Le corps causal, karanas charir, peut être compris de deux façons. D’abord comme pointde départ de l’involution, c’est-à-dire de <strong>la</strong> descente dans <strong>la</strong> multiplicité, dans le conflit, dans<strong>la</strong> soumission au temps, dans <strong>la</strong> causalité. Le terme « corps causal » signifie alors que cecorps est <strong>la</strong> cause de tout ce qui va suivre, <strong>la</strong> cause de l’incarnation, <strong>la</strong> cause de l’emprisonnementde l’atman dans <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité, les contradictions et <strong>la</strong> souffrance. Au contraire, si onenvisage le corps causal comme le point de retour en direction <strong>du</strong> <strong>Soi</strong>, <strong>la</strong> dernière étapeavant <strong>la</strong> disparition de toutes les limitations, le mot causal prend alors un sens différent. Ce-47
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et mystique, qu’il s’agisse du
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l’aient dit et proclamé. Mais, q
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est soumis à l’alternance de l
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un mensonge, tous les enseignements
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ne veut pas dire pour autant que vo
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