Par le silence de l’intelligence, vijnana, il ne reste plus que <strong>la</strong> pure conscience de soi et lesentiment de soi qui est pure béatitude. C’est l’ultime kosha, anandamaya kosha, le revêtementfait de béatitude. L’accès à ce kosha devrait être et peut être notre privilège, si notreconscience est libre de circuler à travers ces différentes enceintes, libre de se détacher de <strong>la</strong>conscience <strong>du</strong> corps physique, de l’identification au revêtement fait d’énergie ou de vitalité,de l’identification au revêtement fait de mental et de l’identification au revêtement fait d’intelligenceobjective, vijnana. À ce moment-là subsiste une conscience indivi<strong>du</strong>alisée qui relèveencore de <strong>la</strong> conscience limitée. Ce n’est pas encore <strong>la</strong> réalisation de l’atman, mais c’estune conscience qui est non affectée, complètement non affectée. C’est toujours moi, maismoi non affecté. Anandamaya kosha est un revêtement très fin de l’atman. À cet anandamayakosha, le kosha le plus intérieur, le revêtement le plus proche de l’atman, correspond karanasharir, le corps causal. On peut considérer que se trouvent encore deux autres revêtementscorrespondant aux célèbres sat, chit et ananda (Être, Conscience, Béatitude) : sanmaya kosha,le revêtement de l’atman fait d’être, et chinmaya kosha, le revêtement fait de conscience. Auniveau de ces koshas, l’ego atteint une extrême subtilité et <strong>la</strong> plénitude de l’atman se fait déjàpressentir : l’ultime, dépassant toute description, toute définition, que seuls le Vide, l’Infini,le Silence peuvent indiquer, le Non-Né <strong>du</strong> Bouddha, l’expérience réellement transcendante.Cet enseignement des koshas n’est pas seulement théorique. Il a une valeur concrètecomme un point d’appui précieux dans l’adhyatma <strong>yoga</strong>. Je vais vous montrer maintenantcomment l’initiative de nos actions peut venir soit de l’extérieur – et l’homme est alors unemarionnette –, soit de l’intérieur – et l’homme mérite alors véritablement le nom d’Homme.Ou bien, c’est le corps grossier qui détermine tout, le kosha le plus extérieur qui a plein pouvoirsur tous les autres, ou bien c’est le kosha le plus intérieur qui a plein pouvoir sur tous lesautres.C’est un retournement complet de <strong>la</strong> situation. Par cette théorie des koshas nous pouvonsfaire le lien entre <strong>la</strong> métaphysique pure ou <strong>la</strong> spiritualité et toute <strong>la</strong> connaissance médicale,biologique, psychologique que nous n’avons pas à renier mais à insérer à sa p<strong>la</strong>ce dansune perspective beaucoup plus vaste, con<strong>du</strong>isant non seulement à reconnaître les conditionnementset les déterminismes de l’être humain mais à montrer qu’ils peuvent être dépassés etque <strong>la</strong> libération promise par les hindous et les bouddhistes est une réalité et non pas unmensonge ou une compensation aux peurs et aux souffrances.Si on regarde attentivement les différentes techniques spirituelles ou les différents exercicesascétiques que les principales traditions nous ont légués, on peut très bien les situertous par rapport à ces différents koshas.Il existe des techniques concernant le corps physique, par exemple les postures de <strong>yoga</strong> etles exercices de relâchement muscu<strong>la</strong>ire profond ; des techniques concernant pranamayakosha : tous les exercices de contrôle de l’énergie (pranayama) ; des techniques concernant lemental et les émotions (« purification <strong>du</strong> cœur », mise à jour des tendances enfouies) ; destechniques concernant vijnanamaya kosha : les ascèses de concentration et de méditation.Nous allons voir comment ces koshas communiquent les uns avec les autres et influent lesuns sur les autres. Cette influence se fait soit de l’extérieur vers l’intérieur – c’est le corps quicommande et il n’y a pas de liberté –, soit de l’intérieur vers l’extérieur – c’est l’être réel, <strong>la</strong>buddhi qui commande et il y a liberté, il y a conscience.Allons de l’extérieur vers l’intérieur de nous. Première réalité, c’est le corps physique. Onentend souvent, dans les milieux bouddhistes ou hindous par<strong>la</strong>nt ang<strong>la</strong>is, l’expression to40
transcend body consciousness, ou to be free from body consciousness, « transcender <strong>la</strong> conscience <strong>du</strong>corps », ou « être libre de <strong>la</strong> conscience <strong>du</strong> corps », c’est-à-dire transcender <strong>la</strong> conscience limitéepar le corps. La première limitation c’est le corps physique et, s’il y a limitation, il y a« <strong>du</strong>alité ». Ici je m’arrête et, au-delà, ce n’est plus moi. C’est un autre que moi. La premièrelimitation est celle <strong>du</strong> corps physique. La première <strong>du</strong>alité, c’est <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité des objets physiques.Il y a moi en tant que corps physique et tout ce qui n’est pas moi en tant qu’objet physique,en tant qu’un autre corps physique.Pour pouvoir dépasser cette limitation de <strong>la</strong> conscience au corps physique, il faut d’abordaccepter pleinement ce corps. Je le redirai souvent : on est libre de ce que l’on accepte ; onest prisonnier de ce que l’on refuse et avec quoi on entre en conflit. Beaucoup d’êtres humainsn’acceptent pas leur corps physique parce qu’ils ne se trouvent pas beaux, parce qu’ilsne se trouvent pas bâtis comme ils le voudraient, parce qu’ils n’ont pas les proportions qu’ilsvoudraient avoir ; beaucoup d’êtres humains sont déjà en conflit avec leur corps physique.Ce corps physique, il est soit contracté, soit relâché. Nous pouvons toucher un corpsphysique – n’importe quel corps, pas seulement un corps humain ou animal – et constaterqu’il est <strong>du</strong>r ou qu’il est mou, qu’il est raide ou qu’il est souple. Et le corps humain en tantque corps physique peut être contracté ou relâché. Ce corps est animé par le revêtement faitde prana, <strong>la</strong> vitalité. Et c’est par le relâchement des muscles que nous avons d’abord accès àpranamaya kosha qui fait le lien entre le corps physique et le corps subtil. Si nous relâchonsnotre corps physique, nous pouvons commencer à prendre connaissance – réelle et pas seulementthéorique – de l’énergie en nous, de <strong>la</strong> vitalité en nous, <strong>du</strong> prana en nous. Nous pouvonsrassembler notre attention dispersée, <strong>la</strong> tourner vers l’intérieur et prendre conscience denotre corps. Nous pouvons en avoir une sensation qui devient de plus en plus précise avecl’exercice. Cette sensation est associée à <strong>la</strong> détente des contractions muscu<strong>la</strong>ires et, par là, sefait le lien entre le travail sur le premier et sur le second kosha.La forme <strong>la</strong> plus immédiate perceptible de l’énergie en nous, c’est l’influx moteur dansles muscles, l’impulsion qui fait contracter les muscles. En relâchant les muscles de plus enplus profondément, il est possible d’avoir une sensation de plus en plus subtile de son corps(subtil, ang<strong>la</strong>is subtle, est généralement utilisé pour tra<strong>du</strong>ire le sanscrit sukshma) et de percevoirl’énergie au repos dans les membres complètement relâchés ou l’énergie redevenant dynamiqueau moment où l’intention d’un mouvement commence à animer ces membres. Unbras est complètement relâché ; j’ai une certaine sensation de ce bras ; je peux sentir que si jeveux le bouger, le lever, je vais renvoyer l’impulsion motrice dans ce bras qui commence às’animer. Puis, lentement, le bras va se lever. Si je contrôle mon geste, je peux ne dépenserque le strict minimum d’énergie nécessaire pour faire-un mouvement, et non pas donnerautant d’énergie que si je devais soulever non seulement le bras mais un haltère de cinq kilosau bout <strong>du</strong> bras. Il est inutile de contracter l’épaule s’il suffit de contracter le poignet etl’avant-bras. D’innombrables exercices ont pour but cette maîtrise particulière : commentcontracter fortement et donner une grande impulsion motrice dans certains muscles tout engardant d’autres muscles absolument relâchés. Il y a des exercices de <strong>yoga</strong> ; il y a aussi desexercices qui correspondent aux différentes danses sacrées.Vous pouvez aussi prendre conscience d’impulsions motrices en vous qui existent à votreinsu, un besoin de bouger, des tensions muscu<strong>la</strong>ires diverses. Constatez qu’il y a en vous unesource qui n’est pas consciente d’impulsions motrices et parfois d’impulsions motricescontradictoires. Par conséquent, j’agis sur le corps physique pour le relâcher et, dans ce relâ-41
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