Des yogis hindous, qui sont vraiment des yogis, des mahatmas, des sages, il en existequelques-uns. Mais pas suffisamment pour prendre en charge dans le détail les dizaines demilliers d’Occidentaux per<strong>du</strong>s qui cherchent à sortir de leur suffocation. D’autre part, cesmaîtres réellement libérés, rayonnants, dont le regard et <strong>la</strong> simplicité ne trompent pas, sontles derniers pro<strong>du</strong>its d’un autre monde. Ils avaient, dès le départ, des qualifications exceptionnellesque n’ont pas les chercheurs occidentaux courants, et ils ne peuvent pas prendre encharge <strong>la</strong> réé<strong>du</strong>cation de ceux qui viennent à eux. J’ai connu beaucoup de ces sages et je leurconserve une vénération qui n’a jamais vacillé. Le miracle a été que Swâmi Prajnânpad ait puêtre à <strong>la</strong> fois un gourou et un é<strong>du</strong>cateur. D’abord un é<strong>du</strong>cateur et ensuite un gourou demoins en moins é<strong>du</strong>cateur et de plus en plus gourou. Mais il y a une grande confusion aujourd’huisur cette <strong>recherche</strong> <strong>du</strong> gourou, sur le mot même de gourou. On est le plus souventdans le rêve, dans <strong>la</strong> fantaisie, dans le délire <strong>du</strong> mental. On va vers un gourou parce qu’on n’apas eu un père ou une mère – même si l’on a eu un père et une mère honorables – et que ledésordre de <strong>la</strong> société a encore aggravé <strong>la</strong> situation.Il faut donc être bien c<strong>la</strong>ir. Qu’est-ce que ma vocation de disciple et qu’est-ce que j’attendsde mon gourou ? Inutile de faire semb<strong>la</strong>nt d’être en faculté si vous n’êtes même pas aulycée. Mais je sais qu’il y a une issue, puisque je l’ai trouvée moi-même auprès de SwâmiPrajnânpad, qui n’était pas plus sage ou plus grand que les autres maîtres hindous ou tibétainsdevant lesquels je me suis prosterné tant de fois, mais qui a compris assez vite, quelquesannées après être devenu « Swâmiji », qu’un maillon manquait entre <strong>la</strong> sadhana qu’il avaitvécue lui-même et les possibilités des jeunes Indiens qui venaient à lui. Comment, le plusvite possible, rattraper ce qui a été manqué dans l’enfance ? Comment donner à l’ancien enfantce que le père et <strong>la</strong> mère n’avaient pas pu donner, redresser ce qui avait été tor<strong>du</strong>, comblerce qui avait manqué, refaire le chemin émotionnel qui aurait dû normalement être faitdans le cadre de l’é<strong>du</strong>cation de <strong>la</strong> famille, ou de ce que l’on appe<strong>la</strong>it autrefois en Inde le gouroukoul? (C’était aussi une é<strong>du</strong>cation familiale, puisque le gouroukoul était une famille quiélevait des enfants et qui envoyait, à partir d’un certain âge, ses propres enfants pour êtreélevés dans une autre famille.)En vérité, les qualifications qu’on attend d’un véritable é<strong>du</strong>cateur et d’un gourou sont assezsemb<strong>la</strong>bles. Si vous lisez ce que Krishnamurti, qui est réputé pour avoir été très sévère àl’égard des gourous, a écrit au sujet de l’é<strong>du</strong>cation et des é<strong>du</strong>cateurs, vous verrez ce qu’est ungourou et un disciple. La description que Krishnamurti donne de l’é<strong>du</strong>cateur, c’est à peu dechose près <strong>la</strong> description <strong>du</strong> gourou. Un é<strong>du</strong>cateur doit être absolument disponible, impartial,sans émotion, acceptant ceux dont il a <strong>la</strong> charge tels qu’ils sont et non pas tels qu’ils devraientêtre. Un gourou aussi. En fait, celui qui est qualifié pour être gourou est par là mêmequalifié pour être é<strong>du</strong>cateur d’enfants ou réé<strong>du</strong>cateur d’a<strong>du</strong>ltes à é<strong>du</strong>cation émotionnellemanquée. Le gourou n’a plus d’opinions personnelles. Pour employer le <strong>la</strong>ngage <strong>du</strong> zen, il a« cessé de chérir des opinions » et « d’opposer ce qu’il aime à ce qu’il n’aime pas », subjectivement,indivi<strong>du</strong>ellement. Il est neutre, objectif, sans idiosyncrasie mentale, sans aucuneémotion personnelle, sans préjugés, sans système, un avec celui qui l’approche. Il ne vit plusdans son monde, il vit dans le monde, il voit le disciple réel et non le disciple que lui présenteson mental, il voit bien plus loin que <strong>la</strong> surface et l’apparence, il voit <strong>la</strong> profondeur,l’essence de celui qui vient à lui. Il voit des nœuds à dénouer, des distorsions à redresser, desblessures à cicatriser. Il voit les besoins et les demandes <strong>du</strong> disciple les plus profondes, bienplus loin que le disciple lui-même ne les voit.18
Mais, parce que le plus souvent – et c’est par concession aux émotions de ceux quim’écoutent que je dis : le plus souvent ; le fond de ma pensée, c’est : toujours – vos parentsn’ont pu être ce qu’ils auraient dû vraiment être, c’est-à-dire neutres, sans émotions, vousrestez si marqués par votre enfance, l’enfant qui subsiste en vous est encore là si puissantavec toutes ses blessures, que vous ne pouvez pas <strong>du</strong> tout croire que quelqu’un puisse êtrevraiment neutre, sans émotions, en face de vous. Vous vivez sur <strong>la</strong> défensive, dans <strong>la</strong> méfiance,craignant toujours d’être trahi, abandonné, incompris, mal dirigé, trompé par le gourou,quelle que soit sa bonne volonté ou sa sympathie à votre égard. Si ce n’est pas consciemment,c’est inconsciemment. Vous avez toujours rencontré en face de vous quelqu’unqui était un autre que vous, avec ses problèmes à lui, qui s’opposaient aux vôtres. Quand vousaviez besoin que votre mère soit reposée, elle était fatiguée. Quand vous aviez besoin quevotre père soit disponible pour jouer, il était ten<strong>du</strong> par des problèmes professionnels et vousrabrouait en disant : « Je t’en prie, <strong>la</strong>isse-moi, va jouer dans ta chambre » ; et tout à l’avenant.Vous avez toujours eu en face de vous un autre que vous, un autre ego avec ses peurs, sesdésirs, ses attractions, ses répulsions. Vous ne pouvez pas croire qu’il puisse exister un typede re<strong>la</strong>tions absolument différent, dans lequel celui qui vous écoute, vous regarde, vous parle,n’existe plus en tant qu’ego, n’est plus soumis au désir, à <strong>la</strong> peur, à l’attraction, à <strong>la</strong> répulsion,n’est plus prisonnier <strong>du</strong> voile ou de l’écran <strong>du</strong> mental, autrement dit est un avec vous, n’estpas un autre que vous. C’est vous-même déjà au bout de votre propre chemin. C’est <strong>la</strong> voixde votre propre buddhi, de votre intelligence supérieure, c’est votre propre atman, le <strong>Soi</strong>.L’atman est un, et si je veux me voir aujourd’hui, moi qui suis per<strong>du</strong>, aliéné, qui ne me retrouveplus, qui ne sais plus qui je suis, qui suis tel personnage le matin et tel autre le soir, sije veux me voir aujourd’hui, ce n’est pas en me regardant dans <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce, c’est en regardantmon gourou que je peux me voir moi-même. À condition que je ne m’arrête pas à l’apparence<strong>du</strong> gourou, gros, maigre, vieux, jeune, homme ou femme. Ne confondez pas l’apparenceet l’essence. Chez le gourou, ce qui est important, ce n’est pas s’il a quarante ousoixante-dix ans, s’il a <strong>la</strong> peau b<strong>la</strong>nche ou brune. Ce qui est important c’est s’il est gourou,c’est-à-dire s’il est celui qui dissipe les ténèbres et qui guide le long d’un chemin.Le gourou c’est moi-même, beaucoup plus moi-même que je ne le suis aujourd’hui. Ilveut mon propre bien, beaucoup plus que je ne le veux moi-même. Il me comprend beaucoupmieux que je ne me comprends moi-même. Il peut décider pour moi bien plus intelligemmentque je ne peux décider moi-même. Il m’aime mille fois plus que je ne m’aime moimême,parce que, je m’en veux d’être faible, de ne pas être le plus beau, le plus intelligent, leplus fort, le plus sé<strong>du</strong>isant. Je ne m’accepte pas tel que je suis ; le gourou m’accepte entièrementtel que je suis. Ma mère aurait aimé que je sois un peu plus mignon, un peu plus sage,un peu plus gentil, un peu plus souriant. Mon père aurait aimé que je sois beaucoup plusintelligent, beaucoup plus sportif ; beaucoup plus efficace, beaucoup plus doué. Mais le gouroum’accepte et m’aime tel que je suis. Il n’est pas un autre que moi. Et il est bien difficilede comprendre que ce que je dis là est vrai.Vous arrivez chez le gourou avec votre mental, vos peurs, vos émotions, vos blessuresnon cicatrisées, avec tout ce que les psychologues modernes appellent nos transferts et nosprojections. Vous voyez tout dans le gourou, votre père gentil et votre père méchant, votremère gentille et votre mère méchante, votre grand-père que vous avez tant aimé et qui vousa trahi en mourant quand vous étiez encore jeune, vous voyez tout dans le gourou, sauf legourou lui-même, puisqu’il n’y a rien à voir. Le gourou n’est plus une personne qu’en appa-19
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