july-2010

Guigou navy silk jersey, the chance to spend a day at the
heart of haute couture is too good to pass up, so I jump at it.
Since 1992, Lesage, master embroiderer to the great houses
of haute couture and one of the holy names of fashion, has
operated an embroidery school, the École Lesage, in the same
building as its atelier. Students are allowed to visit the
workshops and explore the atelier’s incomparable archives;
open any drawer and one fi nds, nonchalantly displayed, the
original samples for some of the most iconic dresses of the
20th century: the storied past existing alongside the bustling
present and the bright future.
The house is still run by the irrepressible François Lesage,
the most openly heterosexual man in fashion, who assumed
control at the tender age of 20 after the sudden death
of his father. Sixty years later Lesage’s work has shaped
that of couturiers the likes of Dior, Yves Saint Laurent,
Karl Lagerfeld and Lacroix.
A lot has changed in 60 years. Today real haute couture
has dwindled to a handful of names. Of these, Chanel is
the undisputed leader in terms of clients and consistency.
Lacroix is no more, Dior creates kitsch costumes more often
than clothing, Givenchy is erratic but once again looking
forward, while the future for Valentino remains uncertain.
The corporate tsunami that has broken over “deluxe”,
to employ a term so overused it is
effectively meaningless, has swept
away the dedicated artisans and
talented designers of heightened
creative sensibility and polished
skills, leaving a world populated by
young execs fresh out of business
school who have no insight into
the creative milieu nor, on the
evidence of their increasing detachment from it, the desire
to acquire some.
Sadly, the same goes for most of the fashion press. Many
of today’s editors and stylists fail to recognise quiet genius,
still less craft, unless it’s blown-up and exaggerated, covered
in bells and whistles, sometimes literally. The gulf has never
been greater, as haute couture becomes increasingly a tool
to promote perfume or an opportunity for painfully edgy
stylists to show just how ironic they can be, while genuine
clients looking for houses that offer exquisite, wearable
clothes fi nd them thin on the ground.
Having identifi ed this as a real problem that’s only going
to get worse, Chanel is setting in motion plans to expand
the reach of the École Lesage to cater to current and
upcoming managers throughout the fashion industry.
By offering them a hands-on training in the craft of fashion,
it wants to bring the focus back on the product and the
process, enabling executives without a creative background
to understand that time and talent are the real engines
of the fashion industry, and that luxury in the purest sense
can never be done on the cheap.
All this makes École Lesage a prized gem. The school
is already a microcosm of nationalities and skill sets.
94 METROPOLITAN
« La haute couture
est devenue un outil
de marketing pour
vendre un parfum »
// pas gagné en compréhension. L’aspect
ordinaire du prêt-à-porter s’est propagé à
l’ensemble du secteur. Une robe belle à couper
le souffl e dont la confection, entièrement à la
main, a nécessité 1 800 heures de travail côtoie
donc à présent une pseudo ode au glamour
en polyester fuchsia portée par une actrice de
série télévisée.
Ceux d’entre nous dont les yeux s’embuent à
la vue d’un jersey de soie bleu marine Guigou au
drapé parfait ne boudent pas la chance de passer
une journée dans l’univers de la haute couture.
J’ai donc saisi cette occasion en or.
Right: François
Lesage has
invaluable
knowledge
and memories
after 60 years
in couture
À droite : après
60 ans en
haute couture,
François
Lesage a
une mine de
souvenirs
Depuis 1992, L’atelier Lesage, maître brodeur de la haute
couture et l’une des références vénérées de la mode, abrite
également une école. Les étudiants peuvent ainsi se rendre
dans les ateliers et leurs archives sans égales : ouvrez
n’importe quel tiroir et vous y trouverez, nonchalamment
étalés, les échantillons originaux des robes les plus
emblématiques du XX e siècle. L’histoire illustre y côtoie un
présent affairé et un avenir plein de promesses.
La maison est toujours tenue par l’irrésistible François
Lesage, l’hétérosexuel le plus pur et dur du monde de la mode,
qui a repris l’atelier dès l’âge de 20 ans à la mort soudaine de
son père. Soixante ans plus tard, son
travail a défi ni celui de couturiers
tels que Dior, Yves Saint-Laurent,
Karl Lagerfeld ou Lacroix.
Les choses ont bien changé. La
vraie haute couture se limite à
présent à une poignée de noms.
Chanel en est le leader incontesté
en termes de clients et de stabilité.
La maison Lacroix a récemment disparu et Dior créé des
costumes kitsch plutôt que des vêtements. Givenchy est
erratique mais pose un regard neuf sur l’avenir. Le futur de
Valentino demeure incertain.
Dans le raz-de-marée corporatiste actuel de l’industrie
« du luxe », pour emprunter ce terme tellement surfait qu’il
en a perdu tout son sens, l’univers autrefois réservé à des
artisans confi rmés et à des créateurs de talent à la sensibilité
exacerbée et aux compétences incomparables est devenu le
terrain de jeu de jeunes cadres fraîchement sortis des écoles
de commerce, ignorant tout du monde de la création et
qui, de toute évidence, n’ont aucun désir de s’en imprégner,
comme le montre les distances qu’ils prennent avec lui.
Il en va malheureusement de même du gros de la presse
de la mode. De nombreux rédacteurs et stylistes actuels sont
incapables de reconnaître le génie pur et encore moins le
savoir-faire, à moins qu’il ne soit tape-à-l’œil, excentrique et
enguirlandé (parfois littéralement).
Le fossé n’a jamais été aussi profond, la haute couture
étant devenue de plus en plus un outil de marketing destiné
à la promotion d’un parfum ou une opportunité pour des
stylistes désespérément marginaux de démontrer toute
l’étendue de leur cynisme. Ainsi, les vrais clients ont toutes