july-2010

Left: the
Lesage
studios are an
Aladdin’s cave
of fashion
treasures
À gauche : les
studios Lesage
sont une mine
de trésors
haute couture
After the French, the second-biggest contingent
is Japanese, either students at Paris fashion
colleges or aesthetically minded visitors
who make the trip just to undertake an
extensive training, and take their newly
acquired skills home with them. People
come from Belgium, Spain, Australia, the
US, to take blocks of classes at their own
pace. Of the six instructors (all full-time
atelier staff) on regular rotation at the school,
four speak English and the other two are
currently learning.
I’m surprised to fi nd that, of the morning
group, I’m one of three men. Waiting for the
door to open at 9:30am, one of the fi rst people
I meet is Sissi, a former journalist from California, now living
in Geneva. She comes to Paris for a few days every month
to work her way through the 50 classes she has signed up
for; she is launching her own range of bags and is attending
the school primarily to expand her creative horizons.
She’s almost fi nished her project. Entitled “haute couture”,
its motif of overlapping coloured circles employs every
imaginable technique, from leather appliqué to sequins.
As she sets it up at her trestle I feel a pang of envy.
My own project is set to last 12 hours. It involves creating
a glistening butterfl y which will
be transformed into a brooch.
This usually requires taking four
separate classes, but because
I’m only spending one day at the
school, I’m hoping to get it fi nished
by working twice as fast.
I expressly chose this course
because it involves a technique
called Lunéville hook, by which fabric is embellished
from the back using a barbed spike. If you’ve seen
Signé Chanel, the fascinating documentary about the
making of a Chanel couture collection in which the Lesage
embroiderers decorate a tulle wedding dress in what
appears to be a few, relaxed hours, you might think that
this is relatively straightforward. As I discovered to my
cost, it is no such thing.
Caroline, my patient instructor, who has been with Lesage
for 12 years, shows me how to affi x my fabric to a frame
using stitches, pins and cotton webbing. She explains that
the goal of the school is not to train future Lesage hires,
although two embroiderers in the atelier have passed
through the school. “And,” she whispers with a proud smile,
“you’re looking at one of them.”
Totally absorbed in my little square of silk organza, I let
out a string of whispered expletives as, time and again,
I mess up stitches, beads fall off and the spaces between the
fabric’s threads become irreparable holes. I seem to have lost
any fi nesse I might have previously fancied I possessed.
From across the room, Caroline throws pitying looks in
my direction. Eventually she comes to my rescue with a tiny,
“Time, talent and
attention to detail are
the real engines of
the fashion industry”
// les peines du monde à trouver des maisons de haute
couture proposant des vêtements exquis et portables.
Ayant réalisé toute l’étendue du problème, Chanel a mis
en place un projet qui élargit la mission de l’École Lesage pour
qu’elle forme tous les décideurs du secteur actuels et futurs.
En leur proposant une formation sur le terrain dans l’art de la
mode, elle vise à replacer le produit et sa fabrication au centre
du débat, afi n de permettre aux cadres sans expérience dans
la création de comprendre que le temps et le talent sont les
principaux moteurs du secteur de la mode, et que le luxe dans
son essence même ne peut pas se faire au rabais.
Pour toutes ces raisons, l’École Lesage, microcosme de
nationalités et de compétences, est un joyau précieux. Après
les Français, ce sont les étudiants japonais qui y sont les
plus nombreux, qu’ils soient issus des écoles de stylisme
parisiennes ou de simples visiteurs esthètes faisant le voyage
pour le seul plaisir de suivre une formation approfondie et
de rapporter dans leurs valises un nouveau savoir-faire. Les
élèves viennent de Belgique, d’Espagne, d’Australie ou des
États-Unis suivre des modules, à leur propre rythme. Des
six enseignants qui se relaient auprès d’eux, quatre parlent
anglais et les deux autres l’apprennent.
Dans le groupe du matin, je constate avec surprise qu’il y
a deux autres hommes. En attendant l’ouverture des portes à
9 h 30, je rencontre Sissi, ex-journaliste californienne qui vit à
Genève. Elle vient à Paris quelques
jours par mois pour son stage. Elle
lance sa propre collection de sacs
et fréquente l’école surtout pour
élargir ses horizons créatifs. Son
projet est sur le point d’aboutir.
Baptisé « Haute couture », ses
entrelacs colorés allient toutes les
techniques possibles et imaginables,
de l’appliqué de cuir aux sequins en relief. Je la regarde
s’installer à son pupitre avec une pointe de jalousie.
Mon projet à moi doit durer douze heures. Il s’agit de
transformer un papillon scintillant en broche, ce qui nécessite
généralement quatre cours distincts. Ne disposant que d’une
journée, j’espère y parvenir en travaillant deux fois plus vite.
J’ai choisi ce stage parce qu’il fait appel à une technique
appelée crochet de Lunéville, consistant à adorner le tissu
par derrière en utilisant une pointe crochue. Si vous avez vu
Signé Chanel, le documentaire fascinant sur la fabrication
d’une collection de la marque, dans lequel les brodeurs de
chez Lesage décorent une robe de mariée en tulle, cela paraît
simple. Bien entendu, à mon grand dam, ce n’est pas le cas.
Caroline, ma patiente instructrice et ouvrière chez Lesage
depuis douze ans, me montre comment fi xer le tissu sur un
cadre en utilisant des points, des épingles et une maille de
coton. Elle explique que l’objectif de l’école n’est pas de former
les futurs ouvriers de chez Lesage. « Seuls deux brodeurs
de l’atelier sont d’anciens élèves, révèle-t-elle. Et, dit-elle en
arborant un sourire fi er, vous en avez une devant vous. »
Absorbé par mon petit carré d’organza de soie, je laisse
échapper un chapelet de jurons alors que je rate sans
METROPOLITAN 97