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résumés des cours et travaux - Collège de France

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286 STANISLAS DEHAENE<br />

modèle se fon<strong>de</strong> sur les <strong>travaux</strong> <strong>de</strong> Mike Shadlen qui indiquent que la prise <strong>de</strong><br />

décision en temps réel, sur la base <strong>de</strong> signaux bruités, s’appuie sur certains neurones<br />

pariétaux <strong>et</strong> préfrontaux qui réalisent une accumulation <strong><strong>de</strong>s</strong> données stochastiques<br />

que les stimuli apportent en faveur <strong>de</strong> chacune <strong><strong>de</strong>s</strong> réponses possibles. C<strong>et</strong>te<br />

accumulation peut alors décrite mathématiquement comme une marche aléatoire<br />

apparentée à un mouvement Brownien. La décision est prise lorsque, pour l’un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

réponses, la marche aléatoire <strong>de</strong> l’accumulateur atteint un seuil fixé à l’avance. La<br />

réponse correspondante est alors sélectionnée. On peut démontrer que ce mécanisme<br />

d’accumulation statistique avec seuil constitue un mécanisme optimal <strong>de</strong> prise <strong>de</strong><br />

décision en temps réel (Gold & Shadlen, 2002).<br />

L’analyse montre qu’au moins dans <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches très simples telles que la<br />

comparaison <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux nombres, le modèle log-Gaussien doublé d’une prise <strong>de</strong><br />

décision par accumulation conduit à <strong><strong>de</strong>s</strong> prédictions très étroitement ajustées aux<br />

données expérimentales. L’influence <strong>de</strong> la distance entre les nombres à comparer<br />

est correctement modélisée, <strong>et</strong> le modèle explique pourquoi la forme <strong>de</strong> c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong><br />

diffère selon que l’on considère le taux d’erreur ou le temps <strong>de</strong> réponse moyen. La<br />

distribution <strong><strong>de</strong>s</strong> temps <strong>de</strong> réponse, <strong>et</strong> la manière dont celle-ci varie avec la présence<br />

d’une tâche interférente, sont également expliqués en grand détail (Sigman &<br />

Dehaene, 2005).<br />

L’impact <strong><strong>de</strong>s</strong> symboles sur la cognition numérique<br />

Le modèle décrit ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus suppose que l’acquisition <strong><strong>de</strong>s</strong> symboles numériques<br />

tels que les chiffres arabes consiste tout simplement à m<strong>et</strong>tre en relation ces formes<br />

arbitraires avec la représentation log-Gaussienne <strong><strong>de</strong>s</strong> numérosités correspondantes,<br />

en sorte que la prise <strong>de</strong> décision m<strong>et</strong> en jeu les quantités <strong>et</strong> non plus les symboles<br />

eux-mêmes. Cependant, plusieurs éléments convergents suggèrent que c<strong>et</strong>te vision<br />

est un peu trop simple, <strong>et</strong> que l’acquisition <strong>de</strong> symboles pour les nombres change<br />

également en profon<strong>de</strong>ur la représentation non-verbale <strong><strong>de</strong>s</strong> quantités numériques.<br />

Verguts <strong>et</strong> Fias (2004) ont simulé l’apprentissage non-supervisé dans un réseau <strong>de</strong><br />

neurones formels qui est exposé, soit à <strong><strong>de</strong>s</strong> numérosités seules, soit à <strong><strong>de</strong>s</strong> numérosités<br />

appariées avec le symbole correspondant. Dans le premier cas, le réseau développe<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> neurones « détecteurs <strong>de</strong> numérosité » très semblables à ceux décrits par Nie<strong>de</strong>r<br />

<strong>et</strong> Miller, avec une courbe d’accord log-Gaussienne. Cependant, l’appariement avec<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> symboles modifie profondément c<strong>et</strong>te représentation. Bien que les neurones<br />

restent accordés à la numérosité approximative, ils répon<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> façon très précise à<br />

chaque symbole numérique. La courbe d’accord <strong><strong>de</strong>s</strong> neurones présente toujours un<br />

eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> distance, mais avec une gran<strong>de</strong> composante ‘tout-ou-rien’ doublé d’un p<strong>et</strong>it<br />

eff<strong>et</strong> linéaire. D’autre part, contrairement à la loi <strong>de</strong> Weber, tous les neurones<br />

présentent la même courbe d’accord, avec une largeur fixe pour tous les nombres<br />

testés (1 à 5). Ainsi, le réseau exposé aux symboles développe un nouveau type <strong>de</strong><br />

représentation que l’on qualifie <strong>de</strong> linéaire avec une variabilité fixe.

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