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résumés des cours et travaux - Collège de France

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594 DENIS KNOEPFLER<br />

Kénaion, le Pérégète aurait parcouru l’île dans toute sa longueur <strong>de</strong>puis l’extrémité<br />

nord-ouest, revenant en quelque sorte à son point <strong>de</strong> départ, puisque la région <strong>de</strong><br />

Carystos se trouve à une p<strong>et</strong>ite journée <strong>de</strong> navigation du cap Sounion, par quoi<br />

s’ouvre en eff<strong>et</strong> le livre I <strong>de</strong> la Périégèse. Telle est du moins l’opinion personnelle<br />

que le professeur croit pouvoir soutenir sur c<strong>et</strong>te question controversée. Mais à<br />

défaut <strong>de</strong> Pausanias, d’autres auteurs anciens — <strong><strong>de</strong>s</strong> plus prestigieux aux plus<br />

obscurs — fournissent <strong>de</strong> quoi éclairer le <strong><strong>de</strong>s</strong>tin <strong>de</strong> la cité d’Érétrie, qui a bénéficié<br />

à c<strong>et</strong> égard <strong>de</strong> sa proximité avec Athènes. Par ailleurs, une œuvre aussi tardive <strong>et</strong><br />

marginale (ou tenue pour telle) que Les vies <strong><strong>de</strong>s</strong> philosophes illustres <strong>de</strong> Diogène<br />

Laërce s’est avérée être une source capitale pour la phase hellénistique <strong>de</strong> l’histoire<br />

eubéenne par le biais <strong>de</strong> la biographie très bien informée que c<strong>et</strong> auteur du iii e siècle<br />

<strong>de</strong> notre ère a laissée du philosophe <strong>et</strong> homme d’État Ménédème d’Érétrie.<br />

Si c<strong>et</strong>te cité mérite, au sein <strong>de</strong> la tétrapole eubéenne, une attention particulière,<br />

ce n’est pas parce qu’elle n’aurait cessé d’occuper une position prépondérante par<br />

rapport aux trois autres gran<strong><strong>de</strong>s</strong> poleis <strong>de</strong> l’île. Certes, durant la pério<strong>de</strong> archaïque<br />

(vii e -vi e s.), elle est indiscutablement une <strong><strong>de</strong>s</strong> cités majeures <strong>de</strong> la Grèce propre.<br />

Mais les Érétriens furent parmi les peuples grecs les plus touchés par les guerres<br />

médiques (490-479), puis par la lour<strong>de</strong> domination athénienne ; le redressement<br />

<strong>de</strong> leur cité est spectaculaire à partir <strong>de</strong> 411, pas au point cependant qu’ils<br />

puissent prétendre exercer l’hégémonie sur l’ensemble <strong>de</strong> l’Eubée, où les <strong>de</strong>ux<br />

cités <strong>de</strong> Chalcis <strong>et</strong> d’Histiée, d’une taille comparable à celle d’Érétrie, connaissent<br />

également un notable essor, qui se maintient, en dépit <strong><strong>de</strong>s</strong> vicissitu<strong><strong>de</strong>s</strong>, pendant la<br />

plus gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’époque hellénistique <strong>et</strong> encore sous la domination <strong>de</strong><br />

Rome. Érétrie, elle, tend alors à se dépeupler <strong>et</strong> elle disparaîtra, <strong>de</strong> fait, à une date<br />

relativement précoce (vers le iv e s. <strong>de</strong> notre ère), tandis que ses <strong>de</strong>ux voisines<br />

immédiates, Carystos <strong>et</strong> surtout Chalcis, subsistent durant toute la pério<strong>de</strong><br />

médiévale <strong>et</strong> mo<strong>de</strong>rne.<br />

Ce qui fait, objectivement, l’importance exceptionnelle d’Érétrie pour l’historien<br />

<strong>de</strong> l’Antiquité, c’est la qualité <strong>de</strong> la documentation qui s’y rapporte, tant sur le plan<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> sources littéraires que, surtout, au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’épigraphie <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’archéologie.<br />

Le site d’Érétrie est, en eff<strong>et</strong>, le seul <strong>de</strong> l’Eubée qui ait fait l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong> fouilles<br />

systématiques, d’abord au tournant du xix e <strong>et</strong> du xx e s., puis <strong>de</strong> 1964 à nos jours<br />

par une équipe d’archéologues suisses en collaboration avec le Service grec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Antiquités. Et si les investigations y ont été particulièrement fructueuses, cela est<br />

dû en partie au fait qu’elles ont eu pour cadre un site dépourvu <strong>de</strong> toute implantation<br />

byzantine ou ottomane <strong>et</strong> relativement épargné encore par l’expansion urbaine <strong>de</strong><br />

l’époque mo<strong>de</strong>rne <strong>et</strong> contemporaine. Parallèlement, la recherche sur l’histoire<br />

millénaire <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te cité a connu un notable développement, auquel le professeur a<br />

lui-même contribué par d’assez nombreux <strong>travaux</strong> <strong>de</strong>puis bientôt quarante ans. Le<br />

<strong>cours</strong> donné en 2008 a donc permis <strong>de</strong> présenter un état <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux, qui, sans<br />

négliger les phases antérieures, privilégie l’histoire <strong><strong>de</strong>s</strong> iv e <strong>et</strong> iii e s. avant J.-C.,<br />

époque d’apogée pour la cité, comme en témoigne la gran<strong>de</strong> majorité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

inscriptions, tant publiques que privées. Signalons ici qu’un aperçu synthétique du

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