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résumés des cours et travaux - Collège de France

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HISTOIRE TURQUE ET OTTOMANE 701<br />

l’indépendance <strong>de</strong> la Porte car elles accueillait ainsi à domicile <strong><strong>de</strong>s</strong> agents d’influence<br />

dont le poids irait croissant <strong>et</strong> que seules atténueraient les rivalités opposant les<br />

puissances représentées.<br />

SÉMINAIRE : Introduction aux requêtes (‘arz-u hâl)<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong><strong>de</strong>s</strong> européennes à Istanbul conduit naturellement à tenter<br />

d’éluci<strong>de</strong>r leurs métho<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong> travail, les modalités <strong>de</strong> leur communication avec les<br />

autorités ottomanes. Les rencontres <strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong>de</strong>urs avec les sultans sont rares <strong>et</strong><br />

prennent un caractère <strong>de</strong> plus en plus formel <strong>et</strong> même ritualisé. Les entr<strong>et</strong>iens avec le<br />

grand vizir sont eux aussi généralement très protocolaires, quand les circonstances ne<br />

les ren<strong>de</strong>nt pas carrément glaciales, mais il y a cependant <strong><strong>de</strong>s</strong> exceptions : certains<br />

grands vizirs <strong>et</strong> certains ambassa<strong>de</strong>urs nouent à l’occasion <strong><strong>de</strong>s</strong> relations plus<br />

personnelles <strong>et</strong> peuvent avoir <strong><strong>de</strong>s</strong> discussions politiques assez poussées à travers<br />

lesquelles les interlocuteurs, faute <strong>de</strong> se convaincre mutuellement, à tout le moins<br />

échangent <strong><strong>de</strong>s</strong> informations. En tout état <strong>de</strong> cause, ce n’est pas là le cadre dans lequel<br />

la masse <strong><strong>de</strong>s</strong> affaires courantes sont traitées. Celles-ci sont présentées par <strong><strong>de</strong>s</strong> notes<br />

écrites <strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> différents types (‘arz-u hâl, takrîr) qui seront suivies <strong>de</strong><br />

réponses, en même temps que d’un jeu <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>ments <strong>et</strong> <strong>de</strong> l<strong>et</strong>tres diverses<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong>tinés à régler l’affaire. C’est sur ces notes initiales qui n’ont guère r<strong>et</strong>enu jusqu’ici<br />

l’attention <strong><strong>de</strong>s</strong> historiens que nous avons entrepris <strong>de</strong> m<strong>et</strong>tre l’accent. Elles doivent<br />

nécessairement être rédigées en ottoman <strong>et</strong> la première question que nous nous<br />

sommes posée a eu trait aux auteurs <strong>de</strong> ce passage à l’ottoman. La question relative à<br />

la rédaction <strong><strong>de</strong>s</strong> requêtes est d’ailleurs plus large <strong>et</strong> s’étend à d’autres textes nécessaires<br />

à l’activité <strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong><strong>de</strong>s</strong>, également rédigés ou copiés en ottoman. Elle renvoie à<br />

celle du travail <strong><strong>de</strong>s</strong> interprètes. L’importance <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers qu’on appelle drogmans<br />

ou truchements (ottoman : tercümân ou tercemân ; arabe : mutardjim), est<br />

généralement soulignée dans les relations diplomatiques avec la Porte, mais sans<br />

qu’on distingue toujours suffisamment entre les différentes catégories d’interprètes<br />

<strong>et</strong> qu’on s’interroge sur la répartition <strong><strong>de</strong>s</strong> tâches entre elles. Deux catégories<br />

d’interprètes interviennent dans l’activité diplomatique : les drogmans <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ambassa<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> ceux du divan impérial. Elles se distinguent non seulement par<br />

l’employeur <strong>et</strong> le statut, mais par l’origine <strong>de</strong> leurs membres respectifs, leur religion,<br />

leur par<strong>cours</strong> <strong>et</strong> leurs compétences. Les drogmans <strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong><strong>de</strong>s</strong> ne sont jamais<br />

musulmans (se convertissent-ils, ils sont aussitôt licenciés). Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> chrétiens<br />

(catholiques ou « schismatiques », chaque pays ayant ses préférences), ou <strong><strong>de</strong>s</strong> juifs.<br />

Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> suj<strong>et</strong>s dhimmî du Grand Seigneur. Plusieurs Etats essayeront, avec le<br />

temps, <strong>de</strong> leur substituer <strong><strong>de</strong>s</strong> nationaux formés à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong>, moins dépendants <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

Ottomans, moins corruptibles, plus fiables. Colbert crée ainsi en 1669-1670, l’Ecole<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> « jeunes <strong>de</strong> langues » qui, après plusieurs tâtonnements, trouve ses formules<br />

pédagogiques au début du xviii e siècle. Toutefois, les gradués plus ou moins<br />

méritants <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te école ne combleront jamais l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> besoins <strong><strong>de</strong>s</strong> ambassa<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> consulats <strong>et</strong> le re<strong>cours</strong> aux dhimmî se poursuivra. Les drogmans du divan sont

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