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résumés des cours et travaux - Collège de France

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ÉTUDES JURIDIQUES COMPARATIVES ET INTERNATIONALISATION DU DROIT 525<br />

dans leurs interprétations, qu’il s’agisse <strong>de</strong> situer le commencement du droit à la<br />

vie — avortement volontaire ou involontaire, sur soi-même ou sur autrui — ou<br />

<strong>de</strong> définir ses conséquences quant au droit <strong>de</strong> choisir sa propre mort — du suici<strong>de</strong><br />

à l’euthanasie.<br />

S’ajoutent les incertitu<strong><strong>de</strong>s</strong> nées <strong><strong>de</strong>s</strong> découvertes scientifiques <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> nouvelles<br />

technologies biomédicales, car la convergence apparente entre l’universalisme <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

sciences <strong>et</strong> celui <strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong>de</strong> l’homme ne doit pas laisser croire qu’ils sont<br />

i<strong>de</strong>ntiques. Certes la rencontre s’est faite lors du procès <strong><strong>de</strong>s</strong> mé<strong>de</strong>cins nazis <strong>de</strong>vant<br />

les juges américains <strong>et</strong> le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> Nuremberg a servi <strong>de</strong> référence à l’adoption <strong>de</strong><br />

la Déclaration d’Helsinki par l’Association médicale mondiale en 1964. Et le droit<br />

dit <strong>de</strong> la bioéthique reste marqué par c<strong>et</strong>te origine commune avec le droit<br />

international pénal <strong>et</strong> celui <strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong>de</strong> l’homme. Pourtant un juriste comme<br />

Bernard Mathieu n’hésite pas à soutenir la thèse selon laquelle l’universalisme <strong>de</strong><br />

la bioéthique est pour l’essentiel dérogatoire au regard <strong>de</strong> l’universalisme <strong><strong>de</strong>s</strong> droits<br />

<strong>de</strong> l’homme (dont il reconnaît d’ailleurs l’inspiration occi<strong>de</strong>ntale) 3 .<br />

L’hypothèse que nous avons proposé <strong>de</strong> vérifier est un peu différente dès lors que<br />

les droits <strong>de</strong> l’homme sont perçus, non comme <strong><strong>de</strong>s</strong> concepts déjà stabilisés (<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

textes sacrés), mais comme <strong><strong>de</strong>s</strong> processus transformateurs. A ce titre, ils sont en<br />

interaction avec les données <strong>de</strong> fait, y compris les données scientifiques qui peuvent<br />

être une incitation, comme les confrontations nées du dialogue <strong><strong>de</strong>s</strong> cultures, à<br />

approfondir la réflexion confrontée aux nouvelles questions soulevées par les<br />

découvertes scientifiques. La difficulté est que certaines innovations technologiques,<br />

comme la procréation médicalement assistée (PMA renommée AMP par la loi <strong>de</strong><br />

1994), ont été admises avant que le travail d’approfondissement ait permis à<br />

chaque culture d’adapter ses représentations <strong>de</strong> la vie <strong>et</strong> <strong>de</strong> la mort aux nouvelles<br />

questions qu’elles suscitent, comme la recherche sur l’embryon.<br />

Seul un renouvellement du formalisme juridique peut faciliter l’harmonisation<br />

internationale, en préservant <strong><strong>de</strong>s</strong> marges nationales, mais il ne dispense pas <strong>de</strong> fixer<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> limites à ne pas franchir, au nom <strong>de</strong> valeurs communes qui pourraient conduire<br />

vers <strong><strong>de</strong>s</strong> réponses universalisables, comme on commence à l’envisager pour<br />

l’interdiction du clonage reproductif humain ou l’abolition <strong>de</strong> la peine <strong>de</strong> mort.<br />

Apparemment très différents, ces <strong>de</strong>ux exemples ont pour point commun <strong>de</strong> relier<br />

la vie au respect <strong>de</strong> la dignité humaine, comprise à la fois par référence à l’homme<br />

<strong>et</strong> à l’humanité.<br />

Il est donc impossible <strong>de</strong> conclure sur ce seul couple vie/mort, profondément<br />

marqué par la diversité culturelle, en même temps que perturbé par les incertitu<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

scientifiques. S’il ouvre malgré tout la voie vers un certain universalisme <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs,<br />

ce n’est pas en opposant la mort à la vie, mais sans doute en rappelant que le droit<br />

3. B. Mathieu, « La bioéthique ou comment déroger au droit commun <strong><strong>de</strong>s</strong> droits <strong>de</strong> l’homme »,<br />

in La société internationale <strong>et</strong> les enjeux bioéthiques, dir. S. Maljean-Dubois, Pedone, 2006, p. 85 sq.

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