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résumés des cours et travaux - Collège de France

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696 GILLES VEINSTEIN<br />

ratifier les capitulations anglaises en 1583. Son secrétaire, Edward Barton lui<br />

succé<strong>de</strong>ra <strong>et</strong> rési<strong>de</strong>ra pendant trois ans, <strong>de</strong> 1583 à 1591.<br />

Ce succès anglais était un revers pour la <strong>France</strong> dont l’ambassa<strong>de</strong>ur Savary <strong>de</strong><br />

Lancosme se dédommagera en prétendant que lui seul était ambassa<strong>de</strong>ur à<br />

Constantinople, Barton, quant à lui, n’étant jamais qu’un marchand. Le jugement<br />

(ou le préjugé) n’était pas tout à fait sans fon<strong>de</strong>ment dans la mesure où l’ambassa<strong>de</strong>ur<br />

d’Angl<strong>et</strong>erre restera l’employé à la fois du gouvernement <strong>et</strong> <strong>de</strong> la company,<br />

dépendant financièrement <strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux, même si, le plus souvent, le roi s’en réservera<br />

la désignation. S’occupant principalement du commerce, il peut également acquérir<br />

dans certaines circonstances un rôle politique substantiel <strong>et</strong> ses instructions<br />

comportent en tout état <strong>de</strong> cause « la découverte <strong>de</strong> toutes les négociations <strong>et</strong><br />

intrigues susceptibles <strong>de</strong> troubler la chrétienté ». Comprenant rapi<strong>de</strong>ment qu’ils<br />

n’étaient pas en position <strong>de</strong> faire revenir la Porte sur l’existence d’un rési<strong>de</strong>nt<br />

« protestant » (Luteran elçisi pour les Turcs ) <strong>et</strong> <strong>de</strong> capitulations anglaises, les<br />

ambassa<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> <strong>France</strong>, notamment celui <strong>de</strong> Henri IV, Savary <strong>de</strong> Brèves,<br />

s’efforcent du moins, non sans peine <strong>et</strong> sans déboires, <strong>de</strong> préserver leur droit <strong>de</strong><br />

pavillon sur les nations tierces, Savary <strong>de</strong> Brèves ne dédaignant nullement <strong>de</strong> se<br />

faire délivrer <strong><strong>de</strong>s</strong> f<strong>et</strong>vâ par les șeyh ül-islâm à c<strong>et</strong>te fin, récemment présentées par<br />

M. Viorel Panaite ( BNF, fonds turc ancien n° 130 ; Bloch<strong>et</strong>, p. 53). A l’extrême<br />

fin du xvi e <strong>et</strong> au début du xvii e siècle, les « Hollandais » ou, plus exactement, les<br />

ressortissants <strong><strong>de</strong>s</strong> Provinces-Unies, en dissi<strong>de</strong>nce par rapport au roi d’Espagne,<br />

<strong>de</strong>vinrent l’enjeu principal <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te concurrence, compte tenu <strong>de</strong> leur percée<br />

notable, au <strong>cours</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> années 1590, dans le commerce du Levant. En 1598, la<br />

<strong>France</strong> obtient du sultan qu’un nișân soit accordé aux Hollandais, reconnaissant<br />

leur droit, dès lors qu’ils naviguent sous pavillon français, à bénéficier <strong>de</strong> toutes les<br />

garanties <strong>de</strong> la capitulation française, telle qu’elle avait été renouvelée, l’année<br />

précé<strong>de</strong>nte (ibid., ms 130, fol. 161v). En 1609, le grand vizir Kuyucu Murad<br />

pacha rendit son arbitrage entre les <strong>de</strong>ux rivaux en donnant la protection <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

ressortissants <strong><strong>de</strong>s</strong> provinces du sud, catholiques <strong>et</strong> ralliés au maître espagnol à la<br />

<strong>France</strong>, <strong>et</strong> celle <strong><strong>de</strong>s</strong> ressortissants <strong><strong>de</strong>s</strong> provinces du nord, principalement protestants<br />

<strong>et</strong> restés en dissi<strong>de</strong>nce (malgré une trêve <strong>de</strong> douze ans conclue en 1609 avec le roi<br />

d’Espagne, Philippe III) à l’Angl<strong>et</strong>erre. L’arbitrage, sous son apparente équité,<br />

favorisait en réalité l’Angl<strong>et</strong>erre puisque c’était surtout <strong><strong>de</strong>s</strong> marchands <strong><strong>de</strong>s</strong> provinces<br />

du nord (avant tout la Hollan<strong>de</strong> <strong>et</strong> la Zélan<strong>de</strong>) qui commerçaient avec le Levant.<br />

Au <strong>de</strong>meurant, c<strong>et</strong> arrangement eut peu <strong>de</strong> conséquences puisque les Etats-<br />

Généraux <strong><strong>de</strong>s</strong> provinces du nord obtinrent peu après leurs propres capitulations.<br />

Le cas hollandais<br />

Nous sommes aidés pour r<strong>et</strong>racer les débuts <strong><strong>de</strong>s</strong> relations entre l’Empire ottoman<br />

<strong>et</strong> la Hollan<strong>de</strong> par les publications fondamentales, remontant au début du xx e siècle,<br />

<strong>de</strong> K. Heeringa <strong>et</strong> les excellentes étu<strong><strong>de</strong>s</strong>, n<strong>et</strong>tement plus récentes, <strong>de</strong> G.R. Bosscha<br />

Erdbrink (1975) <strong>et</strong> surtout A. H. <strong>de</strong> Groot (1978). Aux yeux <strong><strong>de</strong>s</strong> Ottomans, les<br />

Provinces-Unies présentaient <strong><strong>de</strong>s</strong> avantages comparables à ceux <strong>de</strong> l’Angl<strong>et</strong>erre,

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