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LA SCIENCE ARABE

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Intr. § 9—<br />

10 le miracle grec 19<br />

que lorsque les parthes, au premier siècle avant notre ère, dévastèrent la<br />

Mésopotamie et en prirent possession, élevant une barrière barbare entre<br />

l'Empire romain et l'Inde. Ces faits nous amènent même à penser que<br />

plusieurs des belles découvertes pour lesquelles on a voulu glorifier les<br />

babyloniens,<br />

ont été au contraire empruntées par ceux-ci aux grecs. Et<br />

en effet la plupart des documents babyloniens qui nous attestent un<br />

progrès grand et réel, sont postérieurs à l'époque où en Grèce avaient<br />

déjà fleuri des savants comme Aristoteles, Eukleides, Eratosthenes, Apol<br />

lonius, Hipparchos, etc., etc. 2).<br />

Si ces considérations tendent à rétablir une image véridique des faits<br />

historiques, elles ne diminuent d'ailleurs pas l'importance que la science<br />

babylonienne a eu dans le développement général de la civilisation. D'autre<br />

part l'esprit de cette science, qui certainement ne disparut pas tout-à-fait,<br />

put même contribuer à l'essor de la civilisation de la Perse sassanide,<br />

lorsque celle-ci détruisit le royaume des parthes, et, plus tard, à l'époque<br />

de la conquête islamique,<br />

science arabe.<br />

exercer même une influence directe sur la<br />

1) Outre les ouvrages cités dans la note 1 du § 8, voir, surtout pour les questions<br />

de priorité par rapport aux grecs, une polémique serrée, et très récente, entre J.<br />

K. Fotheringham et E. J. Webb, à propos de Kleostratos et de sa connaissance du<br />

zodiaque et de l'obliquité de l'écliptique.<br />

2) Pour des études tout-à-fait récentes de S. Gandz sur l'algèbre babylonienne<br />

et sur son influence dans la formation de l'ouvrage célèbre d'al-Huwârizmî, voir<br />

§ 15, n. 2.<br />

§ 10. —<br />

Mais<br />

au dessus de tout ce qui avait été accompli jusqu'alors,<br />

au dessus même de ce qui devait s'accomplir dans les deux millénaires<br />

qui suivirent, s'élève le miracle grec,<br />

auquel nous sommes redevables de<br />

notre science d'aujourd'hui, et non pas seulement de notre science, mais<br />

peut-on dire, de l'ensemble de la civilisation dans presque tous ses aspects.<br />

C'est vers 600 avant notre ère, avec Thaïes,<br />

que l'on peut faire com<br />

mencer la science grecque. Elle emprunte, certainement, des éléments<br />

orientaux, mais même à ce qu'elle emprunte elle donne un cachet nouveau,<br />

parce que, grâce à la réflexion et à la méthode,<br />

elle fait des connaissances<br />

empiriques un ensemble coordonné. Elle se pose en même temps le pro<br />

blème de la connaissance, et aborde, peut-on dire, toutes les questions<br />

fondamentales qu'on se plait à appeler philosophiques, mais que je désigne<br />

comme purement scientifiques, en n'admettant pas la séparation artificielle<br />

que certains aiment à faire entre philosophie et science, à moins qu'on ne<br />

considère comme appartenant à la première tout ce qui est incertain,<br />

nébuleux, mal résolu ou incompréhensible1).

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