Conçu et réalisé par le Conseil <strong>de</strong> l’Europe (voir le chapitre 1 du présent document), le PEL est un document reconnu avec lequel tous les apprenants en langues peuvent faire le bilan <strong>de</strong> leurs capacités langagières et <strong>de</strong> leurs expériences interculturelles. La valeur essentielle du Portfolio consiste en ce qu’il vise à motiver à apprendre les langues en <strong>contexte</strong> scolaire et extrascolaire. Etant un document personnel, il témoignera <strong>de</strong>s capacités langagières et <strong>de</strong>s compétences socioculturelles <strong>de</strong> son propriétaire, dans les situations <strong>de</strong> la recherche <strong>de</strong> formation ou d’emploi. Au cas où ce document ne serait pas élaboré dans votre pays, n’hésitez pas à consulter le site <strong>de</strong> la Division <strong>de</strong>s politiques linguistiques du Conseil <strong>de</strong> l’Europe . 34
Nos compétences Daina Kazl<strong>au</strong>skaite Qu’est-ce que les compétences? Quelles compétences <strong>de</strong>vrait possé<strong>de</strong>r un enseignant en langues vivantes pour assumer sa responsabilité, pour bien remplir ses rôles et ses tâches? De quelles compétences a-t-il besoin pour répondre <strong>au</strong>x attentes <strong>de</strong> ses élèves et les satisfaire? Qu’est-ce qu’il <strong>de</strong>vrait savoir pour pouvoir gui<strong>de</strong>r ses élèves, pour les motiver, pour leur faire savourer ce merveilleux goût <strong>de</strong> parler une langue étrangère, <strong>de</strong> franchir les frontières d’une culture inconnue … et, enfin, <strong>de</strong> pouvoir s’intégrer à l’Europe plurilingue et pluriculturelle? Le petit Robert fournit plusieurs significations du mot « compétence », parmi lesquelles la suivante: « connaissance approfondie, reconnue, qui confère le droit <strong>de</strong> juger ou <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r en certaines matières ». 12 Qu’est-ce qui entre donc dans « nos compétences »? Ceci est une question complexe qui mérite be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> réflexions, be<strong>au</strong>coup <strong>de</strong> discussions. Si nous feuilletons un peu les œuvres linguistiques et didactiques, nous pouvons nous rendre compte <strong>de</strong> l’évolution du sens du mot “compétence” comme plusieurs linguistes s’y sont intéressés. Nous allons en mentionner quelques-uns dont les réflexions nous ont semblé les plus intéressantes. La notion <strong>de</strong> compétence langagière, qui appartient à N. Chomsky 13 , consiste en une connaissance idéalisée <strong>de</strong> la grammaire, la plus proche possible <strong>de</strong> celle d’un natif. La nouvelle définition <strong>de</strong> la compétence proposée par D.Hymes prend en considération la connaissance du co<strong>de</strong>, ainsi que celle <strong>de</strong> l’usage <strong>de</strong> ce co<strong>de</strong>; <strong>au</strong>trement dit, la compétence en communication contient <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> savoirs: savoirs linguistiques et ceux qui renvoient <strong>au</strong>x règles d’usage <strong>de</strong> type social et culturel. 14 La compétence a plusieurs composantes. Dans la version <strong>de</strong> Canale et Swain, la compétence en communication a quatre composantes: linguistique, sociolinguistique, discursive et stratégique 15 . Elle en a <strong>au</strong>tant chez S. Moirand: linguistique, discursive, référentielle et socioculturelle 16 . Pour Stern, la capacité d’utiliser une langue étrangère repose sur la maîtrise <strong>de</strong>s formes <strong>de</strong> la langue; la maîtrise intuitive du sens associé <strong>au</strong>x formes linguistiques, cognitives, affectives et socioculturelles; sur la capacité d’utiliser la langue en portant une attention maximale à la communication et une attention minimale à la forme et, finalement, sur la créativité dans l’utilisation <strong>de</strong> la langue 17 . Suivant les <strong>au</strong>teurs mentionnés ci-<strong>de</strong>ssus, le locuteur compétent est celui qui est capable <strong>de</strong> formuler et d’interpréter <strong>de</strong>s messages en faisant usage <strong>de</strong>s compétences énumérées. Le Cadre <strong>européen</strong> commun <strong>de</strong> référence pour les langues propose une synthèse du courant communicatif. Il nous donne le modèle <strong>de</strong> type actionnel, c’est-à-dire « centré sur la relation, d’un côté, entre les stratégies <strong>de</strong> l’acteur … et, d’un <strong>au</strong>tre côté, la ou les tâche(s) à réaliser dans un environnement et dans <strong>de</strong>s conditions données » 18 . De cette façon, il distingue <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> compétences: compétences générales et compétences communicatives langagières. 12 Le Nouve<strong>au</strong> Petit Robert, version électronique, Paris 1996 13 Noam Chomsky, né à Phila<strong>de</strong>lphie en 1928, linguiste éminent, <strong>au</strong>teur et philosophe politique radical <strong>de</strong> réputation internationale, <strong>au</strong>teur <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 30 livres et d'une multitu<strong>de</strong>s d'articles (voir plus: http://www.k-films.com/distribution/films/chomsky/bio.html) 14 voir HYMES Dell, "On communicative competence" in J. B. Pri<strong>de</strong> and J. Holmes, Editors: Sociolinguistics. Penguin Mo<strong>de</strong>rn Linguistics Reading, 1972 15 voir CANALE M., SWAIN M. "Theoretical bases of communicatives approches to second language teaching and testing" in Applied Linguistics, vol.1, no 1 16 voir MOIRAND S. Enseigner à communiquer en langue étrangère, Hachette 1982 17 voir Fundamental Concepts of language Teaching, Oxford University Press, 1983 18 Conseil <strong>de</strong> la Coopération Culturelle, Comité <strong>de</strong> l’Education, Cadre <strong>européen</strong> commun <strong>de</strong> référence pour les langues, Division <strong>de</strong>s langues vivantes, Strasbourg, Didier, 2000, p. 8 35