evaluation de la convention d'objectifs « grands lacs » entre le ... - F3E

Conclusions et recommandations
Conclusions générales
La présente évaluation avait pour objectif d’évaluer les projets et les partenaires
rwandais de la 2ème phase de la COGL. Celle-ci a été formulée en 2001 pour trois
ans, soit entre 2002 et 2004. Elle faisait suite à la 1ère phase de la COGL élaborée
en 1996 et mise en œuvre entre 1997-1999. Les objectifs du programme sont la
dynamisation des sociétés civiles, l’appui à l’économie paysanne, le soutien à
l’autopromotion, la formation et la promotion féminine, la construction de la paix.
Les dits objectifs tentent de répondre aux besoins ressentis dans les trois pays des
Grands Lacs africains : Burundi, RD Congo et Rwanda. Ces derniers connaissent
une paupérisation croissante d’une majorité de la population rurale. En outre, le
Rwanda a connu un génocide en 1994 et le Burundi et la RD Congo sortent chacun
d’une guerre civile dont les causes et les conséquences ont des dimensions
régionales.
Aujourd’hui, le Rwanda connaît globalement une stabilité favorable aux actions de
développement. Il a connu des élections pacifiques en 2003 même si un des partis
d’opposition a contesté les résultats électoraux. Il s’agissait du référendum
constitutionnel de mai 2003, des élections présidentielles et législatives
respectivement d’août et de septembre / octobre 2003. Ces élections ont mis fin à la
période de transition politique qui avait commencé en juillet 1994 au lendemain du
génocide des Tutsi et des massacres d’opposants politiques. Sur le plan interne, le
défi politique réside dans la gestion des questions de la justice. En effet, le pays
compte encore 80 mille personnes soupçonnées de participation au génocide et qui
attendent d’être jugées. Ainsi des procès populaires gacaca seront lancés sur
l’ensemble du territoire national dès janvier 2005. Or, depuis décembre 2003, les
assassinats et les menaces contre les personnes susceptibles de témoigner aux
procès augmentent dans différentes provinces du pays. D’où un climat de peur qui
s’installe notamment au niveau des témoins gênants du génocide.
C’est dans ce contexte que se construit les rapports entre la société civile et l’Etat.
Ces relations sont tantôt complémentaires, tantôt conflictuelles. Selon les personnes
rencontrées, la collaboration entre leurs organisations et les pouvoirs publics se fait
de façon complémentaire. Toutefois, pour certaines organisations des droits de
l’homme, ces rapports sont parfois conflictuels, notamment lorsque l’Etat a tendance
à monopoliser le débat politique sur les questions de la justice et à reléguer la
société civile au rôle d’exécutants des projets de développement. Pour ce dernier
point, la sociologie politique nous apprend que l’Etat et la société civile ne sont
jamais complètement séparés, mais s’interpénètrent à des degrés divers. Autrement
dit, l’Etat et la société civile sont dans une relation d’interdépendance, caractérisée
tantôt par la complémentarité, tantôt par la conflictualité. Ainsi le Rwanda est dans un
tournant. Il doit relever le défi de la construction des rapports équilibrés entre l’Etat et
la société civile où les deux acteurs soient réellement complémentaires et à même
de gérer les conflits éventuels de façon pacifique. D’où la pertinence et l’opportunité
d’un programme de renforcement de la société civile.
74