La Saga ASSOLLANT-LEFEVRE - Site personnel de François ...

qu'on lui connaît depuis toujours. Il reste sérieux, réfléchi,
flegmatique ; il ne dit pas un mot ; il se laisse emporter en
triomphe sans même sourire. Il doit certainement encore se
demander comment l'avion a pu avoir une panne d'essence ce
matin à Mimizan.
Arthur !
Pendant ce temps un groupe forcené de journalistes américains a
saisi Arthur Schreiber.
Arthur, lui, est un type étonnant Il a tout du tzigane hongrois. Il a
le profil d'aigle, les cheveux d'un noir ardent, un peu crépus, la
bouche charnue. Il a les yeux vifs. Il regarde autour de lui avec
un sourire de triomphe, comme si c'était réellement lui qui eût
accompli le raid... Arthur est tout heureux. Pensez donc ! Les
autres occupants de l'avion ont réservé leur récit à un journal
américain. Lui, Arthur, n'a rien réservé du tout. On peut donc lui
arracher mot par mot le récit du voyage II y a une telle ruée
autour de lui et sur lui que, tiraillé à droite et à gauche, il finit par
perdre son veston qui va on ne sait où, à titre de « souvenir ».
Vous savez le reste. Mais a-t-on dit que le Ministre de l'Air, ne
pouvant placer le moindre speech, dut se contenter de féliciter
sans phrase les aviateurs et de donner l'accolade à Assollant ?
Mais tout a une fin, même le plus bel hommage populaire qu'on
puisse imaginer... d'autant plus que la pluie tombe.
Et chacun s'en fut en voiture avec sa famille.
Ce soir, on dîne chez Lotti.
ROBERT-GUÉRIN.
A L'HÔTEL LOTTI
PARIS, 17 juin. — Il y avait foule rue de Castiglione, quand
Lefèvre, Lotti et l'énigmatique américain Schreiber sont arrivés à
22 heures en automobile à l'hôtel de M. Lotti. Des acclamations
chaleureuses ont salué les aviateurs qui, avec peine, malgré un
service d'ordre, ont gagné l'ascenseur qui les a montés dans une
chambre où ils ont pris quelques instants de repos. On remarque
fort l'absence d'Assollant qui, dès l'atterrissage au Bourget, a été
180