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de taux d’intérêts ».<br />

Au sujet du fameux divorce, dont-il était si souvent question au cours <strong>des</strong> récentes<br />

années, entre le monde de la finance et l’économie dite réelle, Jean Guyot dit simplement<br />

en usant d’un vocabulaire empreint de bon sens : « Les décalages croissants qui se<br />

produisent entre cette sphère de spéculation et la zone d’activité industrielle et<br />

commerciale « normale » en matière de bénéfices, mais aussi de rémunération ou de<br />

loyer, risquent de provoquer <strong>des</strong> perturbations de plus en plus graves dans le jeu <strong>des</strong><br />

activités productrices, avec <strong>des</strong> transferts d’hommes et de ressources peu conformes <strong>à</strong><br />

l’unité économique et sociale. »<br />

« Au surplus, le danger n’est pas nul de voir la pression inflationniste transmise de la<br />

sphère de spéculation <strong>à</strong> la zone d’activité « normale ». C’est le cas notamment dans le<br />

secteur immobilier : les prix considérables atteints par les bureaux et les appartements<br />

<strong>des</strong> quartiers recherchés <strong>des</strong> gran<strong>des</strong> capitales attirent vers eux ceux <strong>des</strong> immeubles<br />

moins bien situés. » Il est vrai que, depuis que ces <strong>ligne</strong>s ont été écrites, <strong>des</strong> corrections<br />

ont eu lieu : les golden boys ont été licenciés et les appartements <strong>à</strong> Paris (et dans<br />

d’autres gran<strong>des</strong> capitales) ont accusé une chute <strong>des</strong> cours s’étageant entre 20 % et 40<br />

%. Mais la brutalité de ces rajustements apporterait plutôt de l’eau au moulin de notre<br />

auteur.<br />

Un point sur lequel on aurait aimé voir Jean Guyot pousser plus loin l’analyse est le<br />

paradoxe présenté par un monde où, effectivement, les disciplines monétaires et de<br />

crédit se sont relâchées, mais où l’obsession de la politique monétaire est devenue<br />

universelle. Faute d’élucider completement cette question, son argumentation n’est pas<br />

exempte de contradiction. « L’absence de toute contrainte monétaire extérieure », dont il<br />

parle <strong>à</strong> la page 13 (voir le passage cité plus haut) ne cadre pas avec la juste remarque<br />

qu’il fait sous forme d’interrogation <strong>à</strong> la page 35 : « … Qui peut raisonnablement soutenir<br />

que la contrainte extérieure sur la politique économique a été moins forte depuis<br />

l’instauration du flottement »<br />

La raison de cette antinomie se trouve sans doute dans l’inextricable situation dans<br />

laquelle le fonctionnement du système d’étalon de change-dollar place les instituts<br />

d’émission du monde entier. A ce mécanisme, il est fait allusion par référence aux<br />

analyses de Robert Triffin et de feu Jacques Rueff. Peut-être aurait-il fallu insister<br />

davantage sur la fatalité <strong>à</strong> laquelle il condamne les autorités monétaires. L’inflation<br />

mondiale, résultant de l’accumulation <strong>des</strong> réserves monétaires en devises<br />

(principalement dollars, mais aussi, en proportion croissante, deutschemarks), conduit<br />

les banques centrales <strong>à</strong> émettre de la monnaie. Cette monnaie est la contrepartie<br />

précisément de ces achats de devises, qui représentent <strong>des</strong> crédits invisibles octroyés<br />

aux pays devenus centres de réserve. Simultanément, ces mêmes banques centrales<br />

sont amenées <strong>à</strong> pratiquer <strong>des</strong> politiques de plus en plus restrictives pour essayer de<br />

neutraliser les effets de ces interventions.<br />

Quand il en arrive au chapitre <strong>des</strong> propositions, Jean Guyot rappelle les trois solutions<br />

possibles dont avait parlé Edouard Balladur en 1988 (le Monde du 20 janvier de cette<br />

année-l<strong>à</strong>). La première consisterait <strong>à</strong> renforcer la coopération internationale telle qu’elle<br />

existe ; la seconde tendrait <strong>à</strong> bâtir un système analogue au système monétaire<br />

européen. Ces solutions, il les critique <strong>à</strong> la suite d’Edouard Balladur lui-même : l’ancien<br />

ministre s’exprime sur le sujet dans la préface.<br />

La première approche, illustrée par les accords du Louvre de février 1987, « repose<br />

entièrement sur la bonne volonté <strong>des</strong> participants ». Jean Guyot ne précise pas qu’en<br />

réalité ces accords étaient le contraire d’un rétablissement de disciplines. Ne faisaient-ils<br />

pas obligation <strong>à</strong> l’Allemagne et au Japon d’abaisser leurs taux d’intérêt <strong>à</strong> <strong>des</strong> niveaux<br />

déraisonnables (les taux d’escompte de ces deux pays ont été alors ramenés <strong>à</strong> 2,5 %) <br />

On peut regretter que notre auteur ne relève pas non plus la grande différence entre le<br />

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