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Philippe Ward :<br />
Jean Guyot a échangé avec David Harrison d’une manière assez intense, au moment où<br />
ce dernier avait été pressenti pour être le directeur général de CŒUR. La préoccupation<br />
fondamentale de David Harrison, dans le domaine <strong>des</strong> affaires européennes, est la<br />
réforme du Conseil Européen. La naissance de cette institution remonte <strong>à</strong> une volonté<br />
commune d’Helmut Schmidt et de Valéry Giscard d’Estaing. Au lieu d’être une instance<br />
de règlement de questions majeures, le Conseil a dévié de sa mission première. Il est<br />
devenu une sorte de « sous G8 », <strong>à</strong> savoir une mise en scène préparée <strong>à</strong> l’avance par les<br />
experts <strong>des</strong> parties prenantes aux fameux « sommets ». Très empiriquement, David<br />
Harrison estime que l’on doit justement faire du Conseil Européen un organe effectif de<br />
décision. Jean Guyot a jugé que CŒUR pouvait soutenir un tel projet de réforme.<br />
Aujourd’hui, <strong>à</strong> considérer la pensée de Jean Guyot, il apparaît que ce dernier n’a pas<br />
voulu taire la responsabilité majeure <strong>des</strong> politiques dans l’enlisement de la dynamique<br />
européenne. Mon exégèse de ses propos me conduit <strong>à</strong> affirmer que l’on peut parler <strong>à</strong> bon<br />
droit de démission. Les leaders européens sont en <strong>des</strong>sous de leur mission et, dès lors,<br />
quel type de sanction peut-on envisager Finalement, Jean Guyot a adopté une attitude<br />
très sceptique <strong>à</strong> l’égard <strong>des</strong> politiques. Ceci explique peut-être son refus personnel<br />
d’entrer dans une démarche d’homme politique. Dans sa correspondance avec David<br />
Harrison, il n’a pas manqué d’exprimer, l<strong>à</strong> encore, un scepticisme amusé quant <strong>à</strong> une<br />
hypothétique conversion européenne <strong>des</strong> dirigeants britanniques.<br />
Paul Jaeger :<br />
David Harrison a toujours cru dans le rôle essentiel de la jurisprudence, pour faire<br />
évoluer les institutions, tandis que Jean Guyot était plutôt convaincu de la primauté du<br />
progrès institutionnel.<br />
Philippe Ward :<br />
David Harrison a choisi de quitter le corps diplomatique pour mener une carrière d’avocat<br />
spécialiste du droit communautaire, notamment dans le champ de la concurrence.<br />
Professionnellement, il a été conduit <strong>à</strong> privilégier la jurisprudence. Au demeurant, un<br />
socle institutionnel solide constitue un préalable <strong>à</strong> toute évolution jurisprudentielle<br />
significative. Tel était le point de vue de Jean Guyot. David Harrison, même<br />
authentiquement europhile, nourrit sans doute une forme de méfiance <strong>à</strong> l’égard de toute<br />
institution. De ce point de vue, il est typiquement anglo-saxon.<br />
Paul Jaeger :<br />
Il songe sans doute aux risques de dérives bureaucratiques.<br />
Philippe Ward :<br />
La Commission Européenne n'est-elle pas l’exemple-type de l’instance où l’on délibère<br />
sans cesse pour, finalement, ne pas bâtir grand chose <br />
Alexis Merville :<br />
La création de la Fondation Hippocrène est <strong>à</strong> intégrer dans nos considérations sur<br />
l’engagement européen de Jean Guyot. Il a consacré beaucoup d’énergie <strong>à</strong> pouvoir<br />
pérenniser une action via cette Fondation.<br />
Philippe Ward :<br />
Une Fondation agit. Elle est précisément l’antithèse d’une bureaucratie. La Fondation<br />
Hippocrène a été typiquement conçue dans le but d’appuyer <strong>des</strong> activités comme celles<br />
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