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Lecture hors ligne (pdf à télécharger - Groupe des Belles Feuilles

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collectif, le Conseil européen, préside <strong>à</strong> ses <strong>des</strong>tinées.<br />

Les élites françaises n'osent pas regarder en face et expliquer cette situation. A cela deux<br />

raisons et un prétexte. La première raison, c'est que l'existence d'un échelon<br />

supplémentaire de souveraineté est souvent vécu par les politiques et les hauts<br />

fonctionnaires comme une atteinte insupportable <strong>à</strong> la toute puissance de l'État qu'ils<br />

servent. La seconde raison, moins consciente, c'est la crainte qu'appliquée <strong>à</strong> l'échelle<br />

nationale, cette conception très décentralisée qu'est le fédéralisme, remette en cause le<br />

jacobinisme qui prévaut dans les palais de la République. Alors même que la mise en<br />

œuvre du fédéralisme au niveau européen permet <strong>à</strong> chaque État de conserver<br />

l'organisation qui lui convient le mieux au niveau national! Le prétexte du silence autour<br />

de la nature réelle du projet européen, c'est le souci de ne pas alimenter la rhétorique de<br />

ceux qui condamnent une Europe prétendument peu soucieuse de démocratie, en<br />

s'interdisant de révéler que l'Europe est plus intégrée que les gouvernements ne<br />

l'avouent.<br />

Reconnaître clairement la nature fédérale de l'Union européenne permettrait pourtant de<br />

donner un cadre clair au débat et de sortir de la névrose de dissimulation qui discrédite<br />

la classe politique française, continuant en très grande partie, <strong>à</strong> se comporter comme si<br />

l'Europe était une fiction ou un repoussoir pour les citoyens.<br />

Reconnaître la nature fédérale du projet européen ne préjuge cependant pas <strong>des</strong><br />

réformes <strong>à</strong> accomplir pour la préparer <strong>à</strong> l'élargissement. La combinatoire <strong>des</strong> relations<br />

entre les institutions communes et les États fédérés peut jouer <strong>à</strong> l'infini : version plus<br />

intégrée <strong>à</strong> l'Américaine, où la compétence <strong>des</strong> États est limitée ; version plus<br />

« coopérative », <strong>à</strong> l'Allemande ou <strong>à</strong> la Canadienne, où les États fédérés et leurs<br />

gouvernements jouent un rôle important dans la prise de décision au niveau fédéral.<br />

Dans ces fédérations coopératives, la Chambre <strong>des</strong> États est la fois co-législateur, de<br />

concert avec la Chambre du peuple, et conférence d'exécutifs, coordonnant l'action<br />

gouvernementale avec celle de l'exécutif fédéral.<br />

En l'état actuel, la fédération européenne est de type coopératif, avec un champ de<br />

compétence fédérale déj<strong>à</strong> relativement développé en comparaison avec d'autres<br />

fédérations. Trois traits importants la maintiennent cependant encore proche du pôle<br />

intergouvernemental dans certains domaines : la nature de sa loi fondamentale − le<br />

Traité sur l'Union européenne − qui n'est pas une constitution stricto sensu et ne se<br />

réforme qu'<strong>à</strong> l'unanimité ; l'état embryonnaire de la diplomatie et la défense communes,<br />

questions sur lesquelles la compétence de l'exécutif européen et le pouvoir de contrôle<br />

démocratique du Parlement européen sont inexistants ; et enfin la taille très mo<strong>des</strong>te de<br />

l'administration et du budget <strong>à</strong> l'étage européen. Dans une Union <strong>à</strong> trente membres, ces<br />

caractéristiques intergouvernementales se révèleront inadaptés et paralysantes.<br />

Mais le caractère innommé <strong>des</strong> institutions européennes, le secret feutré qui entoure les<br />

négociations diplomatiques ne permettent pas d'établir, autour de ce constat de bon<br />

sens, un débat politique objectif et constructif. La France, champion d'une réforme<br />

limitée aux « reliquats d'Amsterdam » exprime-t-elle la vision de ses citoyens ou celle de<br />

ses cabinets ministériels Les gouvernements successifs ont régulièrement tenu le<br />

Parlement national <strong>à</strong> l'écart <strong>des</strong> travaux préparatoires aux négociations de révision <strong>des</strong><br />

Traités. L'assemblée nationale et le Sénat ne sont saisis qu'au moment de la ratification,<br />

trop tard pour apporter <strong>des</strong> inflexions <strong>à</strong> la réforme. Quant aux élus du Parlement<br />

européen, il n'ont pas non plus, jusqu'<strong>à</strong> présent, voix au chapitre de la conférence de<br />

révision <strong>des</strong> Traités.<br />

Peut-on penser qu'après avoir joué un rôle moteur dans la démission de la Commission<br />

Santer, l'Assemblée de Strasbourg accepte d'assister en spectateur <strong>à</strong> une négociation<br />

portant uniquement sur les « reliquats » d' Amsterdam En guise de débat politique, les<br />

citoyens se contenteront-ils durablement <strong>des</strong> affrontements partisans sur le mode<br />

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