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Lecture hors ligne (pdf à télécharger - Groupe des Belles Feuilles

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cause, mais <strong>à</strong> tous ceux qui, de près ou de loin – parfois de très loin –, pouvaient avoir<br />

une influence sur la décision <strong>à</strong> prendre. Au bout de ce long travail apparaissait<br />

l’efficacité, parfois surprenante pour les observateurs trop pressés. L’une <strong>des</strong> idées<br />

favorites de Jean Monnet était qu’il ne fallait pas essayer de résoudre les problèmes mais<br />

de changer leurs données essentielles, de telle sorte qu’ils aient tendance <strong>à</strong> se résoudre<br />

par eux-mêmes. C’est un principe qu’il appliquait naturellement au domaine <strong>des</strong> relations<br />

conflictuelles entre les hommes ou les groupes humains. Il était par nature l’antithèse de<br />

l’esprit de domination. En témoignage ces propos rapportés par François Fontaine : « Je<br />

n’ai jamais pu supporter la domination. Je n’ai jamais obéi. Cela ne m’empêche pas de<br />

reconnaître la supériorité chez les autres. Mais une chose est sûre, quand il s’agit<br />

d’établir <strong>des</strong> rapports entre individus ou entre peuples, la règle est l’égalité. Je ne peux<br />

penser qu’en termes d’égalité. »<br />

B.C : Et que dites-vous <strong>à</strong> ceux qui disent que la méthode Monnet est obsolète <br />

J.G : Je leur dis que bien qu’il n’y ait pas de méthode Monnet, ils se trompent<br />

énormément ! La nouveauté de l’approche de Monnet ne semble pas avoir été<br />

complètement comprise ou encore moins expliquée. Elle se trouve dans d’innombrables<br />

initiatives prises par Jean Monnet dans les domaines les plus variés.<br />

B.C : Quelques exemples <br />

JG : Lors <strong>des</strong> commissions du Plan de reconstruction de la France en 1946, Jean Monnet<br />

a mis autour d’une table pour la première fois, <strong>à</strong> parité, les patrons, les syndicalistes et<br />

les fonctionnaires. Cela a très bien fonctionné. Il mettait les éléments en place pour que<br />

tout le monde y trouve son compte. Même chose pour la conception de l’Europe avec,<br />

pour commencer, la Communauté du charbon et de l’acier où, d’entrée de jeu, l’égalité<br />

était offerte <strong>à</strong> l’ennemi de la veille. Comment peut-on dire que cela est une méthode<br />

obsolète Je ne comprends pas.<br />

B.C : Monnet avait-il conscience de l’importance de son action <br />

J.G : Oui tout <strong>à</strong> fait. L’importance de son action et l’importance de son personnage<br />

historique. Ce n’était pas une obsession, mais je pense qu’il tenait <strong>à</strong> sa place dans<br />

l’Histoire. Il ne se mettait pas en avant, mais il ne méprisait pas complètement le fait<br />

d’être mis en avant par d’autres. En particulier avec les grands journalistes de l’époque<br />

parce qu’il y avait <strong>à</strong> l’époque de grands journalistes. Aujourd’hui on aurait du mal <strong>à</strong> les<br />

citer…<br />

B.C : Pour vous, quel est le truc le plus fou qu’ait réalisé Jean Monnet <br />

J.G : II a convaincu Roosevelt de décupler les forces militaires américaines, notamment<br />

les avions, pour sauver l’Europe. Hitler pouvait gagner la guerre sans ça !<br />

B.C : Jean Monnet était-il croyant <br />

J.G : Je ne suis pas capable de répondre <strong>à</strong> cette question. Il avait une soeur qu’il adorait<br />

qui a travaillé au Vatican… Mais lui avait une certaine réticence par rapport aux milieux<br />

cléricaux. Je ne pense pas qu’il était athée… Il était peut-être agnostique… Je ne suis<br />

vraiment pas sûr…<br />

La finance internationale chez Lazard<br />

B.C : En 1955, <strong>à</strong> 34 ans, vous entrez chez Lazard comme associé-gérant <strong>à</strong> Paris, maison<br />

dont les activités sont alors supervisées par André Meyer et Pierre David-Weill. Comment<br />

s’est passée votre entrée chez Lazard <br />

J.G : En 54, je suis arrivé <strong>à</strong> New York avec Jean Monnet pour négocier le premier<br />

emprunt de la Haute Autorité. Jean Monnet connaissait André Meyer de longue date. Ils<br />

n’étaient pas intimes, mais ils se connaissaient bien. Nous nous sommes donc rencontrés<br />

et on s’est souvent revu par la suite… Je commençais <strong>à</strong> bien connaître Lazard, maison<br />

unanimement respectée depuis la stabilisation du franc, dans la haute administration.<br />

Puis un jour André Meyer m’a proposé de rejoindre Lazard. J’étais <strong>à</strong> Luxembourg depuis<br />

quelques années, ma femme commençait <strong>à</strong> en avoir assez donc je me suis laissé tenter.<br />

Je connaissais bien les problèmes qui se posaient <strong>à</strong> l’industrie et au monde <strong>des</strong> affaires,<br />

car j’avais été nommé en 1948 secrétaire de la Commission <strong>des</strong> Investissements du Plan<br />

comme nous l’avons évoqué.<br />

B.C : Vous avez été débauché au sein même de la CECA, dans l’équipe de Jean Monnet <br />

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