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Lecture hors ligne (pdf à télécharger - Groupe des Belles Feuilles

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B.C : Certains disent que le général de Gaulle voterait « non »… Vous qui l’avez côtoyé,<br />

qu’en dites vous <br />

J.G : Je n’en suis pas sûr du tout ! C’est peut-être l’opinion de certains anciens gaullistes<br />

ayant gardé les réflexes d’une autre époque. Outre qu’il est téméraire de vouloir faire<br />

parler quelqu’un qui a quitté la vie politique depuis près de quarante ans, décréter que<br />

de Gaulle aurait dit non au TCE est une affirmation très hasardeuse. De Gaulle était un<br />

Européen <strong>à</strong> sa façon. Je peux vous dire qu’<strong>à</strong> son retour au pouvoir en 1958 j’ai pris part<br />

au plan de création du nouveau franc, en tant que membre du comité d’experts chargé<br />

<strong>des</strong> conditions économiques et financières. Notre initiative avait aussi un objectif<br />

européen : le nouveau franc était ainsi comparable aux monnaies étrangères les plus<br />

soli<strong>des</strong>. Il marquait le redressement français et facilitait les transactions avec nos<br />

partenaires du Marché commun. Le Marché commun arrivait et <strong>à</strong> cette époque, un<br />

courant archéo-gaulliste voulait remettre en cause les traités de Rome. Nous avons alors<br />

interrogé de Gaulle <strong>à</strong> ce sujet et sa réponse a été claire : le Marché commun a été voté,<br />

il n’est pas question de le remettre en cause.<br />

Quelle est la prochaine étape après le « non » au référendum de mai 2005 <br />

B.C : Tous ces gens qui ont voté « non », ça vous inspire quoi <br />

JG : Je suis bien sûr très peiné par le rejet français du traité pour la Constitution<br />

européenne. Une chose est claire au moins : nos gouvernements depuis de nombreuses<br />

années n’ont jamais vraiment voulu expliquer ce qu’était cette Europe que nous construisons.<br />

Ce débat était, <strong>à</strong> un moment donné, nécessaire. Cette crise était probablement<br />

indispensable, mais il m’apparaît que les partisans du « non » dans leur diversité font un<br />

effort considérable pour essayer de créer un front uni et ils n’y arrivent pas… Grâce <strong>à</strong> cet<br />

échec, l’Europe politique vient au centre du débat politique. Cela est tout <strong>à</strong> fait nouveau<br />

et c’est important ! Qu’en pense Max Kohnstamm 52 <br />

B.C : Il pense exactement comme vous ! Il est évidemment déçu mais pas du tout<br />

abattu. Il pense que la crise d’identité européenne est plus profonde en France qu’en<br />

Hollande.<br />

J.G : Probablement, oui.<br />

B.C : Quelle est votre conviction aujourd’hui après cet échec <br />

J.G : Même avec la victoire du « non », on continuera d’avancer ! La France est ridicule<br />

avec ce « non » ! Laurent Fabius est ridicule ! Quand je pense qu’il fait tout cela par<br />

intérêt personnel… C’est vraiment affligeant et lamentable ! La construction européenne<br />

a déj<strong>à</strong> connu <strong>des</strong> moments graves comme ce fut le cas avec de Gaulle et la crise de la<br />

« chaise vide ». Les crises nous font aussi avancer. La réponse <strong>à</strong> nos problèmes et nos<br />

doutes n’était pas dans la Constitution, mais la Constitution permet de faire <strong>des</strong> choses.<br />

Il est clair que le projet de Constitution européenne comporte <strong>des</strong> imperfections, mais on<br />

pouvait apporter <strong>des</strong> améliorations par la suite bien évidemment ! Rien n’est jamais<br />

gravé dans le marbre pour la vie ! Ce « non » est un saut en arrière immédiat ! Il nous<br />

fait perdre du temps précieux…<br />

B.C : Comment relancer cette « affaire » européenne dans le bon sens <br />

J.G : Pour le moment, je ne sais pas. Faut-il réviser la Constitution ou bien proposer<br />

autre chose Quel est l’élément tactique <strong>à</strong> jouer À quel moment et comment faire<br />

quelque chose Et l<strong>à</strong> encore, je ne peux pas m’empêcher de rappeler ce que disait Jean<br />

Monnet <strong>à</strong> ce sujet : “Une bonne idée sortie au mauvais moment est une idée gâchée”. Il<br />

est certain qu’il y a un calendrier politique qui joue son rôle avec les élections<br />

présidentielles de 2007. Il faut attendre le bon moment pour agir.<br />

Le legs <strong>à</strong> l’avenir : la Fondation Hippocrène<br />

L’engagement de Jean Guyot pour l’Europe dépasse le cadre de la finance et s’élargit <strong>à</strong><br />

tous les domaines, institutionnels, humanitaires et artistiques. Il ne s’interdit pas non<br />

52 Max Kohnstamm, autre grande et discrète personnalité européenne de l’après-guerre et proche<br />

collaborateur de Jean Monnet, il s’est retiré aujourd’hui dans les Ardennes belges.<br />

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