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298 PROCÈS-VERBAUX DE LA COMMISSION.Le pain est plus blanc que celui des maisons des départements. Lacantine offre à ceux qui ont quelques ressources, venant de leur familleou du produit de leur travail, un moyen d'augmenter ou de varierl'ordinaire. Outre les aliments fixés par îe tarif, on y vend du vin et dutabac. La ration de vin est fixée à un double décilitre par jour. Letabac ne doit se fumer que dans le préau ou dans les chambresde la pislole.Un usage depuis longtemps étabh permet en outre, même auxcondamnés, soit de recevoir de leur famille, soit même de fairevenir du dehors, par le moyen des commissionnaires attachés à îaprison, des vivres supplémentaires. Aucun règlement ne fixe delimites à ce droit. On ne peut toutefois introduire ni vin, ni liqueurs,ni mets de luxe.Les détenus de toute catégorie recevant chaque semaine en argent,et à titre de denier de poche, la partie disponible de leur pécule,le chiffre de cesventes atteint annuellement un total assez élevé.L'inspection générale de i85g le portait à plus de ôo,ooo francs pourla seule prison de Sainte-Pélagie.Ce régime constitue pour les condamnés, au profit des prisonsde là Seine, de considérables dérogations aux règles suivies partoutailleurs.La jouissance du denier de poche, l'usage du vin, du tabac, laqualité supérieure du pain, la possibilité de faire venir des vivres dudehors ,sont autant de faveurs dont bénéficie à titre exceptionnelleur population. Sans contester que quelques-unes d'entre elles, tellesque la qualité un peu supérieure du pain et l'usage d'une certaineration journalière de vin, puissent trouver une explication légitimedans les habitudes d'existence de là population parisienne, nousavons peine à admettre l'avantage de la plupart de ces dérogations.Le denier de poche payé hebdomadairement n'entraîne-t-d pasle jeu, le vol, le trafic clandestin ?Les vivres apportés du dehors ne sont-ils pas entre condamnés demême catégorie des causes de jalousies et de querelles ? Ne portent-
PROCÈS-VERBAUX DE LA COMMISSION. 299ils pas à des dépenses qui absorbent le pécule aux dépens de l'épargne ?Sont-ils d'ailleurs conformes aux conditions pénales que doit com¬porter l'exécution de la peine ?N'en est-il pas de même de l'usage du tabac ?Nous laissons à M. le Ministre de l'intérieur le soin de juger cesdéhcates questions. Mais il en est une sur laquehe la Commissioncroira sans doute devoir appeler son attention.Quelque particulier que paraisse déjà le régime des prisons de laSeine, il est un point par lequel il s'éloigne plus encore de celui denos autres maisons départementales. Je veux parler de l'extensiondonnée à k pistole en ce qui concerne les condamnés.L'usage de la pistole, c'est-à-dire de chambres particulières dontle loyer est payé un prix fixé par le règlement de la prison, existepartout et à bon droit en faveur des prévenus. L'humanité exigequ'on mette àla portée de celui dont la liberté se trouve tempo¬rairement sacrifiée aux exigences de l'intérêt général, mais que lestribunaux n'ont point encore reconnu coupable, tous les adoucisse¬ments compatibles avec la sécurité publique. Quant aux condamnés,les règlements généraux reconnaissent qu'à raison de situations d'unintérêt exceptionnel, la faveur d'un emprisonnement séparé, la dis¬pense même du costume pénal et une certaine amélioration du ré¬gime alimentaire peuvent être parfois accordées; mak ik ont enmême temps étroitement réglé les conditions dans lesquellescesexceptions .peuvent être obtenues. Le Ministre a seul le pouvoir deles accorder.A Paris, la pistole est une sorte de droit pour tout condamné quipeut en supporter les conditions pécuniaires. Le payement dune taxede 20 centimes par jour en assure le privilège. Si le condamné peutajouter à ce prix une autre taxe de 20 centimes, payée journel¬lement à l'entrepreneur, il peut en outre, aux termes du cahier descharges de l'entreprise, s'exonérer de l'obligation, légale cependant,du travail.Le régime de la pistole comporte une chambre particulière, quel-38.
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