242 PROCÈS-VERBAUX DE LA COMMISSION.par exemple, que les prisonniers s'amusent, à l'aide d'un tube enpaille, à proj<strong>et</strong>er <strong>des</strong> poux sur le gardien qui passe devant eux.On ne peut s'étonner si c<strong>et</strong>te surveillance purement extérieure nesert qu'à maintenir un ordre apparent <strong>et</strong> à contenir leséclats tropbruyants. Qu'un détenu ait par hasard de l'argent, on le lui voîerapendant la nuit. Quatre jours avant ma visite, on avait eu à constaterun acte de dégoûtante immoralité W.(1) Ces actes sont malheureusement trop fréquents dans le dépôt; lajuridiction correc¬tionnelle a eu souvent à en connaître. Voici le texte de décisions récentes :i5 juill<strong>et</strong> 1873. Jugement du tribunal correctionnel de îa Seine (8* chambre) :Le tribunal, attendu qu'il résulte de l'instruction <strong>et</strong> <strong>des</strong> débats que Tramer <strong>et</strong>Peugn<strong>et</strong> ont, le 2 juin 1873, à Paris, conjointement commis un outrage public à îapudeur, en se livrant l'un sur l'autre à un acte de pédérastie dans l'une <strong>des</strong> salles com¬munes du dépôt de la préfecture de police; que Dabonneville <strong>et</strong> Postal ont, au mêmeHeu, à la même époque <strong>et</strong> dans les mêmes circonstances, conjointement commis unoutrage public à la pudeur en se livrant l'un sur l'autre à <strong>des</strong> attouchements obscènesdans la grande salle commune du même dépôt; que Postal, arrêté à Paris le mêmeîour, n'a ni domicile certain, ni moyens d'existence, <strong>et</strong> qu'il n'exerce habituellementni métier, ni profession, le déclare en état de vagabondage, délits prévus par les ar¬ticles 33o, 269, 270 <strong>et</strong> 271 du Code pénal; Tramer étant en état de récidive légale,aux termes de l'article 58 du Code pénal; vu, en. ce qui concerne Postal, l'article 365du Code d'instruction criminelle; faisant application aux quatre prévenus de l'article 33odu Code pénal; à Tramer, en outre, del'articîe 58 du Code pénal; <strong>et</strong> néanmoins , en cequi concerne ledit Tramer, ayant égard aux circonstances atténuantes <strong>et</strong> usant de la fa¬culté accordée par l'article £63 du Code pénal, condamne Tramer; Peugn<strong>et</strong>, Dabonne¬ville <strong>et</strong> Postal chacun à cinq mois d'emprisonnement, chacun <strong>et</strong> solidairement à seizefrancs d'amende <strong>et</strong> tous quatre aussi solidairement aux dépens. Appel par Postal; appelà minima â l'audience par le ministère public.iA août 1873. La Cour, en ce qui touche la constatation, la qualification <strong>et</strong> l'apprédation<strong>des</strong> faits incriminés, adoptant; mais considérant qu'en raison <strong>des</strong> circonstancesde la cause, <strong>des</strong> antécédents du prévenu <strong>et</strong> <strong>des</strong> renseignements donnés sur son compte,il y a lieu de prononcer contre lui la peine de la surveillance édictée par l'article 271 duCode pénal, déjà visé par les premiers juges, en raison du délit de vagabondage dontPostal a été reconnu coupable, confirme, mais ordonne qu'après avoir subi sa peine,Postal sera placé pendant cinq ans sous la surveillance de la haute police ; <strong>et</strong>, en ce quitouche îa solidarité prononcée par les premiers juges pour les amen<strong>des</strong> <strong>et</strong> les dépensontre les quatre prévenus , considérant que Tramer <strong>et</strong> Peugn<strong>et</strong> sont étrangers au délitd'outrage public à la pudeur commis par Postal <strong>et</strong> Dabonneville conjointement; quePostal <strong>et</strong> Dabonneville devaient donc être condamnés à la moitié seulement <strong>des</strong> dépens
PROCES-VERBAUX DE LA COMMISSION. 243Que d'actes vicieux <strong>et</strong> coupables passent inaperçus au miheu dec<strong>et</strong>te foule à peu près livrée à elle-même 1 Cependant l'Administrationest exposée à y j<strong>et</strong>er un homme jusqu'alors honnête, peut-être injus¬tement <strong>et</strong> par erreur arrêté, auquel la liberté sera rendue après un,deux ou trois jours de captivité.Le dépôt a un quartier réservé aux femmes. Ceîles-ci entrent ce¬pendant parla même porte que les hommes <strong>et</strong> sontsoumises au ^re&eaux mêmes formalités. C'est aussi un surveillant qui, après les avoirfait passer sous îa toise, les présente au greffier avec le bull<strong>et</strong>in quiles concerne. Après avoir été écrouées, elles sont remises aux saurs,qui apprécient si elles seront mises dans les cellules ou dans une <strong>des</strong>deux salles communes du quartier. L'une <strong>des</strong> salles est affectée auxprostituées arrêtées en état de contravention aux règlements de police;l'autre reçoit toutes les femmes arrêtées pour infractions à la loi pé¬nale, qui ne sont pas mises en cellule.Le livre tenu au greffe pour les filles publiques est un livre depassage plutôt qu'un livre d'écrou. H contient dans plusieurs colonnesun numéro d'ordre, les nom <strong>et</strong> prénoms de k fille, la cause de sonarrestation, lès dates de son entrée <strong>et</strong> de sa sortie, l'indication del'autorité qui a délivré l'ordre <strong>des</strong>ortie, sa <strong>des</strong>tination, mise en li¬berté, envoi au dispensaire ou emprisonnement à Saint-Lazare, aprèsdécision de la préfecture de police.Quant aux femmes arrêtées pour infractions à la loi pénale, ellessont écrouées dans les mêmes termes que les hommes. Elles sontbeaucoup moins nombreuses; après avoir vu défiler quarante-huithommes en deux heures trois quarts, je n'ai vu passer que cinqfemmes.Les filles publiques <strong>et</strong> les insoumises forment ïa majeure partie dela population du quartier <strong>des</strong> femmes.lime semble que, pour éviter <strong>des</strong> inconvénients sur lesquek il estde première instance , dit que la solidarité prononcée contre Postal n'existera qu'avecDabonneville <strong>et</strong> seulement pour les amen<strong>des</strong> contre eux prononcées <strong>et</strong> pour îa moitié<strong>des</strong> dépens de première instance.