12.07.2015 Views

Les femmes à l'épreuve du VIH - HAL

Les femmes à l'épreuve du VIH - HAL

Les femmes à l'épreuve du VIH - HAL

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

134615-PAO- Folio : p174 - Type : pINT 11-01-27 07:56:09L : 179.991 - H : 249.992 - Couleur : Black<strong>Les</strong> <strong>femmes</strong> à l’épreuve <strong>du</strong> <strong>VIH</strong> dans les pays <strong>du</strong> SudProposer un dépistage à toutes les <strong>femmes</strong> enceintes au cours des consultationsprénatales constitue incontestablement une surcharge de travail, en plus detoutes les autres activités de suivi de la grossesse. Mais, une des plaintes quirevient le plus souvent a trait à l’obligation de devoir renseigner cette activité surdes supports jugés non adaptés : « Nous, ce qui nous démotive un peu, c’estqu’on n’a pas de registre de prévention de la transmission mère-enfant. Aprèschaque dépistage, on doit remplir les données dans un cahier, en traçant descases pour les marquer. C’est un travail qui prend énormément de temps. Alorsque nous avons beaucoup à faire. » (Une accoucheuse auxiliaire dans une villesecondaire). Une sage-femme nous confiait, quelque peu excédée, combien lenombre important de supports d’enregistrement des données intro<strong>du</strong>its par différentsintervenants (ONG, associations, agences de coopération) dans l’aire <strong>du</strong>district d’appartenance de sa formation sanitaire augmentait sa charge de travail.Cette multiplication des supports de « reporting » des activités, qui augmenteproportionnellement à l’implantation de nouvelles activités par de nouveaux intervenants,donne l’image d’un manque de cohésion entre les différents programmeset est une source de démotivation des personnels. Ces contraintes nesont pas spécifiques à la prévention de la transmission mère-enfant, et la plainted’un excès de « paperasserie » est une antienne chez les prestataires de soins,au sud comme au nord.Mais la réalité de la pratique face à une activité supplémentaire à réaliser, c’estaussi la concurrence, réelle ou supposée, entre des personnels situés à desniveaux hiérarchiques différents pour ce qui concerne les incitations financières.On sait que, depuis l’initiative de Bamako, les centres de santé disposent d’unecertaine autonomie financière, gérant leurs ressources propres, qui proviennentpour partie <strong>du</strong> paiement des consultations curatives et surtout de la vente desmédicaments. <strong>Les</strong> recettes sont réaffectées, notamment pour le fonctionnementcourant <strong>du</strong> centre et le réassortiment en consommables et en médicaments,mais aussi pour le paiement de primes aux personnels <strong>du</strong> centre (désignéespar le terme de « ristournes »). L’attribution de ces primes et le montant sontsouvent, de fait, laissés à la discrétion des chefs de centre. Précisons que l’activitédes maternités, avec celle de la pharmacie, était une des principalessources de recettes des centres ; or, depuis 2003, les consultations prénatalessont gratuites au Burkina Faso, ce qui représente un manque à gagner importantpour les centres de santé. Des primes moins importantes, une activité supplémentaire,il n’en faut pas plus pour aiguiser les tensions entre les personnels :« Entre le major et moi, ça ne va pas ! Il se fout de ce que je fais et moi aussije m’en fous de lui ! Quand je ne suis pas là, personne ne s’occupe des maladesqui viennent à la maternité et donc, il n’est même pas au courant de ce qui sepasse ici, puisque, ça fait plusieurs mois qu’on ne se parle pas ! Je m’occupeseule de la prévention de la transmission mère-enfant, et quand l’argent vient,il prend la moitié et me donne seulement 5 000 francs CFA (soit 7,5 euros). Jevais arrêter cette activité, ça me fatigue pour rien ! » (Une accoucheuse auxiliairedans une ville secondaire). Ces propos résonnent avec les débats actuelsautour <strong>du</strong> financement des soins de santé en général, avec la tension qui existeentre le retour à la gratuité des soins, fort <strong>du</strong> constat des inégalités engendréespar l’initiative de Bamako [23] et les propositions en faveur <strong>du</strong> paiement à laperformance pour améliorer la qualité des soins [15]. La mise en place desactivités de prévention de la transmission mère-enfant ne saurait échapper àun tel débat.142

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!