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Les femmes à l'épreuve du VIH - HAL

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134615-PAO- Folio : p82 - Type : pINT 11-01-27 07:56:08L : 179.991 - H : 249.992 - Couleur : Black<strong>Les</strong> <strong>femmes</strong> à l’épreuve <strong>du</strong> <strong>VIH</strong> dans les pays <strong>du</strong> SudEn revanche, quand il s’agit d’évoquer les motifs de sollicitation des soins parles <strong>femmes</strong>, les soignants parlent de qualités féminines jugées « naturelles »,comme la « réceptivité »etla«conscience » (pour le dépistage et la prise detraitement). <strong>Les</strong> <strong>femmes</strong> seraient plus « réceptives » aux soins parce qu’ellesferaient davantage face à la maladie et au traitement par « instinct de survie »pour préserver leur foyer et, notamment, leurs enfants. Une femme au foyermalade « ne pourrait plus tenir sa maison », raison qui l’inciterait à quérir unethérapie efficace auprès des soignants. De ce fait, les <strong>femmes</strong> feraient davantageconfiance à la biomédecine, s’accommoderaient davantage <strong>du</strong> traitement etseraient plus observantes. Ces qualités « naturelles » influeraient sur leursattitudes concernant la divulgation de leur statut et <strong>du</strong> traitement : elles diraientplus facilement leur statut sérologique à leur partenaire et annonceraient plusfacilement qu’elles prennent le traitement.Des motifs économiques sont également mis en avant par les soignants pourexpliquer la forte fréquentation des services de soins par les <strong>femmes</strong> : ces dernièresseraient plus nombreuses à bénéficier de la gratuité des traitements dansles programmes d’accès aux antirétroviraux, parce qu’elles seraient davantage« indigentes » et qu’elles auraient davantage de charges de famille 12 . <strong>Les</strong><strong>femmes</strong> fréquenteraient plus facilement les services de soins, parce qu’elles sontsans emploi ou travaillent dans le secteur informel et n’auraient pas de ce faitl’obligation de justifier leur absence auprès d’un employeur.Enfin, le rapport avec les professionnels de santé est marqué par une différenceentre hommes et <strong>femmes</strong> pour l’approche des questions relatives à la procréation.Au cours des deux dernières années de l’étude, les professionnels de santéabordaient la question de la procréation dans le contexte <strong>du</strong> <strong>VIH</strong> avec les<strong>femmes</strong>, mais pas avec les hommes. Cette asymétrie, probablement liée à l’existencede mesures de prévention de la transmission mère-enfant <strong>du</strong> <strong>VIH</strong> qui in<strong>du</strong>isentles professionnels de santé à n’envisager que la « part féminine » de laparentalité, renforcent les spécificités de genre [9].DiscussionL’expérience <strong>du</strong> traitement antirétroviral décrite dans ce contexte d’une étudeclinique, menée dans des services de la capitale, est assez similaire à celle quisera décrite ultérieurement à plus grande échelle dans le cadre <strong>du</strong> programmedécentralisé [10] : les personnes trouvent une nouvelle qualité de vie ; pour laplupart, elles s’adaptent à leur statut de « porteur d’une maladie chronique » etcomposent avec le traitement. <strong>Les</strong> études quantitatives réalisées dans le cadrede l’étude Anrs EVAL-Cameroun montrent de faibles différences entre hommeset <strong>femmes</strong> concernant l’accès au traitement (au détriment des hommes jeuneset sans emploi) [11] et l’observance (écarts à l’observance et interruptions detraitement légèrement plus fréquents chez les hommes) [12]..Notre approche ne nous permettait pas d’authentifier des différences quantitatives,mais tout laisse penser que celles-ci sont aussi d’ordre qualitatif. Ellesrésident dans la façon dont les personnes ont parlé de leur traitement à leursproches, entre des hommes qui cachent souvent leur traitement et des <strong>femmes</strong>12 L’étude Anrs EVAL-Cameroun montre qu’en 2009, les <strong>femmes</strong> restent majoritaires dans les lieuxde soin, même lorsque le traitement est gratuit [11].50

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