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Les femmes à l'épreuve du VIH - HAL

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134615-PAO- Folio : p190 - Type : pINT 11-01-27 07:56:09L : 179.991 - H : 249.992 - Couleur : Black<strong>Les</strong> <strong>femmes</strong> à l’épreuve <strong>du</strong> <strong>VIH</strong> dans les pays <strong>du</strong> Sudprès de quinze ans, les analyses sociologiques décrivent la participation desassociations à la lutte contre le sida comme « décrétée » par les instancesnationales [14, 15], leurs revendications concernaient jusqu’alors exceptionnellementdes politiques de santé publique. Ici, des <strong>femmes</strong> « bénéficiaires »,encouragées par leurs leaders, s’expriment sans l’influence d’instances associativesinternationales, pour participer aux décisions et être reconnues comme« expertes ». Une protestation, dans le registre de la réclamation de la part debénéficiaires se transforme en revendication, dans le registre de l’affirmationd’une expertise, à propos <strong>du</strong> « droit de choisir » la manière d’allaiter son enfant.Ce début de mobilisation, qui sera suivi par d’autres déclarations, apparaîtd’autant plus remarquable que l’expérience des <strong>femmes</strong> traitées dans les programmesde prévention de la transmission mère-enfant a été caractérisée, dansd’autres pays africains, par leur vulnérabilité sociale [16, 17], à l’opposé <strong>du</strong>modèle de « citoyenneté thérapeutique », mis en avant pour qualifier l’expériencedes personnes vivant avec le <strong>VIH</strong> sous traitement antirétroviral [18].Conclusions<strong>Les</strong> nouvelles orientations stratégiques des agences et organisations internationalesont eu pour effet d’instaurer, pour les <strong>femmes</strong> sénégalaises, desmodalités de prévention identiques à celles des sites et pays africains les moinsavancés en matière de prévention de la transmission mère-enfant 19 , alors qu’ellesétaient parvenues, au moins dans la région de Dakar, à construire avec lesinstances nationales de lutte contre le sida et les intervenants des programmesune expérience proche de celle des pays développés. La mobilisation des<strong>femmes</strong> sénégalaises attire l’attention sur la question de l’acceptabilité d’unerégression de l’efficacité des services offerts par le système de soins 20 . L’analysedes logiques et des rapports de pouvoir et de légitimités scientifique et politiqueà l’œuvre dans les processus décisionnels gérant les contraintes, aux plansnational versus international, qui ont con<strong>du</strong>it à l’interruption <strong>du</strong> financement dessubstituts <strong>du</strong> lait maternel dans le programme de prévention de la transmissionmère-enfant <strong>du</strong> Sénégal, reste à mener.Cette mobilisation ravive aussi une question fondamentale en santé publique quidépasse le cas sénégalais, celle de la définition des objectifs et <strong>du</strong> « standardde soin » de référence à l’échelle de populations, lorsque les situations socioéconomiquesou en termes de qualité des soins sont hétérogènes. Si la majoritédes <strong>femmes</strong> de la région de Dakar a pu, jusqu’à 2009, appliquer son choix del’alimentation artificielle de manière efficace et sûre d’un point de vue sanitaire,il n’en fut peut-être pas de même dans des régions plus touchées par les difficultéséconomiques, notamment dans les sites où les intervenants médicaux etassociatifs n’avaient pas d’expérience pour suivre les <strong>femmes</strong> qui ont utilisé lelait artificiel 21 . Au plan national comme au plan international, la définition des19 L’analyse de l’impact épidémiologique de cette mesure, eu égard à l’objectif de l’élimination de latransmission <strong>du</strong> <strong>VIH</strong> de la mère à l’enfant en 2015, est à mener.20 Si l’on se réfère aux documents de l’OMS [1], l’interruption de la fourniture des substituts <strong>du</strong> laitmaternel laisse attendre, selon les nouvelles recommandations, un taux global de transmission <strong>du</strong><strong>VIH</strong> de la mère à l’enfant de trois points supérieur à celui atten<strong>du</strong> si l’utilisation des substituts avaitété maintenue.21 L’absence de documentation des performances de la prévention de la transmission mère-enfantau plan national empêche de préciser cet aspect, ce qui ouvre la voie à des interprétations opposées.158

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