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Les femmes à l'épreuve du VIH - HAL

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134615-PAO- Folio : p70 - Type : pINT 11-01-27 07:56:07L : 179.991 - H : 249.992 - Couleur : Black<strong>Les</strong> <strong>femmes</strong> à l’épreuve <strong>du</strong> <strong>VIH</strong> dans les pays <strong>du</strong> Sudfois, parce que je suis d’abord venu le 5 ; Ils ont dit que c’est un jour férié et jesuis reparti ; le 5 août ; parce qu’ils avaient dit le 5 ; donc le 5 je me suis levésans chercher à savoir si c’était un jour férié ou pas, je suis venu et on a dit quec’est un jour de fête, hier aussi je suis venu ils ont dit que... ; si tu ne viens pasaussi ils disent que voilà tu as <strong>du</strong>ré avant de venir. » Certains hommes trouventque les conditions de l’accueil contribuent à la réticence masculine à fréquenterles structures. André donne ainsi son expérience : « Quand tu arrives, souventl’accueil même n’est pas ça ; c’est comme si tu viens mendier. » (30 ans, sansemploi, 2007).Certains aménagements récents <strong>du</strong> système ré<strong>du</strong>isant les effectifs de patientspour la consultation journalière sont également considérés comme rendantplus problématique l’accès à la prise en charge ; les conditions seraient, selonAndré, plus difficilement ressenties par les hommes généralement peuhabitués au système de soins : « Le [xxx] 6 a limité le nombre de personnespar jour et par consultation à 15 ; pour avoir la consultation il faut venir à 4h<strong>du</strong> matin pour espérer être dans les 15 personnes. Avec ma grande sœur, jesuis venu à 23h veiller jusqu’au matin. » (30 ans, sans emploi, 2007). L’impactimportant de l’organisation de la prise en charge sur la réticence des hommesest relevé à travers le temps ; en effet, en 2009, malgré la disponibilité plusgrande des antirétroviraux, Victor (38 ans) constate : « Le problème deshommes pour s’aligner, ça continue ; et en plus, pour avoir la place, il fautse lever à 4h <strong>du</strong> matin, sinon tu ne gagnes pas... Et ceux qui n’ont pas eu,il faut revenir demain... »En dehors des conditions matérielles, les hommes avouent également la gêneque suscite chez eux la perspective de la « promiscuité » physique avec des<strong>femmes</strong> que leur impose la mixité de la prise en charge. Le témoignage dece cultivateur de 49 ans résidant dans un village proche de Ouagadougou etrejoignant régulièrement la capitale pour son traitement est illustratif : « C’ests’aligner 7 avec les <strong>femmes</strong> qui est difficile. Je n’ai pas l’habitude d’être avecles <strong>femmes</strong> en groupe. Bien sûr, dans ma cour, je cause avec mes <strong>femmes</strong>,mais c’est différent que de se trouver dans un groupe de <strong>femmes</strong>. Et en plus,quand tu ne vois pas d’autres hommes, c’est gênant. Même pour la maladie,beaucoup d’hommes sont malades mais n’osent pas venir. » Pour lui, au-delàmême de la proximité problématique avec les <strong>femmes</strong>, leur position par rapportà ce qui est honteux ou pas est difficile à supporter pour un homme : « Ceque les hommes considèrent comme honteux ne l’est pas toujours pour les<strong>femmes</strong>. »Au regard de sa récurrence dans les discours, la sensibilité particulière deshommes aux conditions d’accueil (retards, rendez-vous reportés...) et à la mixitéde la prise en charge de l’infection à <strong>VIH</strong> mérite d’être analysée dans le cadreplus global de leur rapport aux lieux de soins en général. Dans ces lieux, la faiblevisibilité des hommes contraste souvent avec l’omniprésence <strong>du</strong> couple mèreenfant,cible privilégiée de la politique de promotion et de protection des groupesspécifiques en matière de santé [21]. Cette situation, qui apparaît révélatrice d’unrapport plus global et plus difficile des hommes aux lieux de soins, mériteraitd’être davantage étudiée.6 Par souci d’anonymat, le nom de la structure n’est pas mentionné.7 Faire la queue, se mettre en rang par ordre d’arrivée.38

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