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Les femmes à l'épreuve du VIH - HAL

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134615-PAO- Folio : p242 - Type : pINT 11-01-27 07:56:11L : 179.991 - H : 249.992 - Couleur : Black<strong>Les</strong> <strong>femmes</strong> à l’épreuve <strong>du</strong> <strong>VIH</strong> dans les pays <strong>du</strong> Sudgénérationnel implicite » semble présider aux échanges entre les générations.« La règle <strong>du</strong> jeu s’énonce ainsi : les aînés, venus en premiers, sont descréanciers, puisqu’ils ont élevé les plus jeunes. Ces derniers remboursent leurdette, en assurant la sécurité sociale des personnes âgées le moment venu. »[12, p. 98]. Le paiement de cette dette est, selon la norme, une obligation sociale[8, p. 78]. Aujourd’hui, ce contrat inter-générationnel, <strong>du</strong> fait de la précarité économiqueet de l’augmentation de la pauvreté, se trouve parfois inversé [12].Dans notre échantillon, nous avons noté la place spécifique qu’occupent les frèrescadets vis-à-vis de leurs sœurs, les parents âgés vis-à-vis de leurs enfantsa<strong>du</strong>ltes, ainsi que certains enfants parfois dès l’âge de dix ans vis-à-vis de leursparents et principalement de leur mère vivant avec le <strong>VIH</strong>. Dans les cas observés,la charge morale qui pèse sur les plus jeunes, principalement s’il s’agit de garçons,est loin d’être négligeable. Être sans ressources économiques augmente leursentiment d’impuissance face à la maladie qui touche leur frère ou leur sœur aîné.Parfois, lorsque plusieurs personnes vivent avec le <strong>VIH</strong> au sein de la même fratrie,le cadet ou la cadette qui a fait preuve de compréhension, de compassion et quidispose des ressources économiques et sociales favorisant l’accès aux soins estle plus particulièrement sollicité. Nos matériaux montrent que ces cadets etcadettes se sentent responsables de leurs aîné(e)s dans la détresse. Le cas deFati l’illustre : issue d’une famille polygame, elle poursuit des études supérieureset travaille parallèlement dans un projet qui lui assure un salaire conséquent auregard des revenus de ses frères et sœurs. En 2005, elle apprend l’infection d’unede ses sœurs aînées (de même père, même mère), à l’occasion de la grossessede cette dernière qui a déjà deux enfants. La sœur de Fati est mariée, mais sonmari est sans activité économique depuis plusieurs années, Fati assure l’essentieldes dépenses médicales de sa sœur. Elle fait appel à son réseau de connaissancespour trouver une place dans une association de Bobo. En 2010, Fatisuspecte l’infection d’une autre de ses sœurs aînées de même père et mêmemère. Elle décide de la faire venir à Ouagadougou pour effectuer les examensnécessaires afin d’être rapidement mise sous traitement. C’est Fati qui va prendreen charge la venue de sa sœur et son retour en Côte-d’Ivoire auprès de son mari,son hébergement, comme les frais médicaux. Fati est terriblement inquiète pourses deux sœurs ; elle est inquiète tout à la fois pour leur santé, mais égalementparce qu’elle ne sait pas dans quelles mesures ces deux <strong>femmes</strong> pourront àl’avenir prendre en charge les coûts financiers de leurs traitements et desépisodes de maladie. Une lourde charge, tant psychologique qu’économique,pèse sur ses épaules. Elle se sent dans l’obligation de garder un revenu stablepour assurer sa propre autonomie, mais aussi pour être <strong>du</strong>rablement capable defaire face aux besoins vitaux de ses sœurs et de leurs enfants, dont elle prend déjàen charge une partie des frais de scolarité.Parfois, des parents déjà âgés se révèlent être les meilleurs appuis pour leurenfant a<strong>du</strong>lte infecté, au plan psychologique et matériel, comme l’illustre le casde Awa âgée de 38 ans et de sa mère, âgée de près de 63 ans : « Quand jerentrais la nuit et je pensais à la situation de ma fille, c’était la tristesse, c’est toiqui es seule, tu n’as ni frère et sœur, ni père, quand ses maux de têtes là commençaient,j’étais obligée de prendre un pagne et de lui attacher la tête là trèsfort, pendant que je faisais ça, elle me disait “maman, ma tête-là cogne”, et moi,je lui répondais : “ça va aller !”. Pendant cinq jours pleins, je n’ai pas dormi, c’étaitcomme ça au point que j’ai commencé à désespérer moi aussi et à pleurer. Àcause des pleurs, aujourd’hui je ne vois plus très bien. Mais comment j’allais210

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