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Les femmes à l'épreuve du VIH - HAL

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134615-PAO- Folio : p231 - Type : pINT 11-01-27 07:56:11L : 179.991 - H : 249.992 - Couleur : BlackLa solitude des <strong>femmes</strong> dans le traitement et l’accompagnement des enfants au Burkina Fasodiarrhée. Enfin, lorsque les enfants atteignent le stade final de la maladie, lesmères sont les dispensatrices de soins palliatifs, l’accompagnement des patientsen fin de vie et de leur entourage étant inexistant dans le système hospitalierburkinabè.La solitude des mères dans les soins et le traitementdes enfantsTaire la maladie et cacher les traitementsAu-delà des contraintes physiques et émotionnelles qu’implique la dispensationquotidienne des traitements aux enfants, la solitude des mères dans les soinsprovient <strong>du</strong> fait que le travail de soins qu’elles prodiguent s’inscrit dans le contextede rapports familiaux et sociaux déterminés par le silence et le secret [29, 30].Alors que la santé des enfants relève généralement d’usages collectifs, dans lamesure où certaines <strong>femmes</strong>, notamment les « vieilles <strong>femmes</strong> », détentrices desavoirs et de savoir-faire traditionnels, jouent un rôle prépondérant dans les soinset le traitement des maladies infantiles [31], dans le cas des enfants vivant avecle <strong>VIH</strong>, les mères limitent les recours à ces soutiens potentiels par crainte d’êtrestigmatisées et afin de préserver le secret. L’infection à <strong>VIH</strong> demeurant unemaladie particulièrement stigmatisée, le travail de santé domestique pro<strong>du</strong>it parles mères implique des situations de « face-à-face » nécessitant au quotidien uncontrôle de l’information. Lorsque la maladie n’est pas publiquement connue oureconnue, le problème des personnes pouvant être qualifiées de discréditablessuivant Goffman « n’est plus tant de savoir manier la tension qu’engendrent lesrapports sociaux que de savoir manipuler l’information concernant une déficience: l’exposer ou ne pas l’exposer, la dire ou ne pas la dire ; feindre ou nepas feindre ; mentir ou ne pas mentir ; et dans chaque cas, à qui, comment, oùet quand. » [32].Dans cette gestion quotidienne <strong>du</strong> secret, cacher et taire la maladie implique dedissimuler les traitements comme le rapporte cette mère, contrainte de donnerson traitement à sa fille âgée de onze ans à l’abri des regards des habitants dela cour familiale : « J’ai mis les médicaments dans un sac plastique et je lesrange dans l’armoire de ma chambre. Lorsqu’il est l’heure de prendre les pro<strong>du</strong>its,j’appelle ma fille et je lui donne en cachette dans ma chambre. » La dissimulationdes traitements constitue une activité contraignante, nécessitant une vigilancede chaque instant, dans la mesure où il s’agit de cacher le moindre signe ousymbole évocateur <strong>du</strong> sida, comme en témoigne cette grand-mère : « Il y a desboîtes d’emballage avec les médicaments. Je veux que personne ne les trouve ;on voit souvent les antirétroviraux à la télévision et les gens peuvent deviner. Ily a un puits dans notre cour qui n’est plus utilisé. Je brûle les boîtes et je jetteça dans le puits. »<strong>Les</strong> mères sont également prises dans des jeux de cache-cache avec l’entouragefamilial qui s’inquiète de l’état de santé de l’enfant et se retrouvent par exempleà justifier « pourquoi l’enfant va à l’hôpital »ou«pourquoi il prend tout le tempsdes médicaments ». Elles doivent également composer avec les recours thérapeutiquesalternatifs, médecine traditionnelle ou pratiques magico-religieuses,proposés par les proches face à « cette maladie qui ne finit pas ». Dans le casde contraintes alimentaires, les mères sont tenues d’expliquer pourquoi leurenfant ne peut pas manger comme les autres enfants. <strong>Les</strong> stratégies de199

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